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Hassine Dimassi : «Le gonflement du budget de fonctionnement, inhabituel et irrationnel» en Tunisie
Publié dans WMC actualités le 15 - 01 - 2013

WMC : Alors que l'année tire à sa fin, pensez-vous que les engagements pris par le gouvernement pour la réalisation de projets prévus dans le budget complémentaire des finances 2012 ont été respectés?
Hassine Dimassi : En Tunisie, depuis longtemps, les réalisations du budget d'équipement demeurent souvent inachevées. Les causes classiques de cette anomalie sont essentiellement au nombre de deux: la lourdeur bureaucratique (trop de paperasse pour la passation des marchés publics) et la contrainte foncière (trop d'ambiguïtés persistent encore concernant le statut juridique des terres et les modalités d'expropriation).
Depuis la Révolution, et surtout au cours de l'année 2012, ces deux anomalies se sont aggravées par trois autres phénomènes: le caractère excessivement ambitieux des prévisions (plusieurs projets prévus manquent même d'études de faisabilité et de rentabilité); l'insécurité régnante dans le pays (plusieurs entrepreneurs rechignent à prendre en charge la réalisation d'importants projets surtout dans les régions démunies); et le manque de main-d'œuvre (les chantiers publics, créant un très grand nombre d'emplois bidons, ont provoqué une pénible pénurie de travailleurs).
Pour toutes ces raisons, le budget d'équipement de 2012 ne s'est concrétisé que partiellement. Les estimations du degré de réalisation sont trop divergentes, oscillant entre 1/3 et 2/3.
Quels seraient les répercussions du non respect de ces engagements sur l'économie et quels en seraient ses avantages dans le cas où il a été concrétisé?
D'un point de vue économique, la non réalisation d'une bonne partie du budget d'équipement a évidemment des graves répercussions négatives sur le pays. Par l'ambitieux budget d'équipement complémentaire de 2012, l'on visait entre autres à relancer l'économie en matière d'investissement, de production et d'emploi. D'autant plus que les privés hésitent encore à investir. Malheureusement, cet objectif a été raté.
D'un point de vue financier, le retard dans la réalisation des projets publics causent aussi des dégâts non négligeables. Le non tirage des emprunts affectés génère des coûts stériles en matière d'intérêts.
Cependant, c'est surtout les frustrations sociales qui représentent le coût le plus lourd pour la collectivité nationale. La non réalisation de projets, longtemps attendus, provoque la déception, voire la colère, des populations. D'où révoltes brusques et violents, générant souvent la destruction du peu des équipements collectifs existants. Non seulement on n'édifie pas l'avenir mais on détruit aussi le passé. Terrible spirale!
Personne ne doute aujourd'hui que l'économie tunisienne est en souffrance, à cause de la dégradation du déficit de la balance des paiements et du déficit budgétaire. Quelle serait la porte de sortie selon vous?
La porte de sortie d'urgence réside dans la paix sociale et la sécurité. Or, nous sommes trop loin de ce but. Les énormes attentes sociales persistent, voire s'accentuent. De ce point de vue, nous évoluons de frustrations en frustrations plus amères. Les acteurs syndicaux ne peuvent calmer leurs troupes que par une surenchère revendicative excessive et stérile, faute de pouvoir les engager dans une stratégie plus rationnelle et féconde.
Mais le grand mal provient surtout de la Troïka au pouvoir. A chaque fois qu'elles perdent du terrain en termes électoraux et que leur rayonnement se rétrécit, Ennahdha et ses deux satellites s'enfoncent dangereusement dans plus de violence, d'une part, et dans le laxisme, d'autre part. La violence est pratiquée par l'exclusion des autres, de tous les autres, d'où perturbations des manifestations passives, destructions des biens publics et privés, voire meurtres. Ce qui évidemment ternit gravement l'image du pays à l'extérieur et diffuse un sentiment de malaise et d'insécurité à l'intérieur.
Ainsi, tous les ressorts économiques du pays sont brisés: investissements aussi bien locaux qu'étrangers; recettes touristiques; transferts des émigrés. Pire encore, la valeur travail, source de toute richesse dans notre pays, s'effiloche. Par désespoir ou mécontentement, on travaille sans foi et conviction.
Quant au laxisme de la Troïka, il s'insère dans la politique de «هات هاك » dans le but illusoire de capturer la sympathie de toutes les catégories sociales, et de gagner ainsi les prochaines élections. Il s'ensuit des mesures socioéconomiques démagogiques telles les augmentations belliqueuses et irrationnelles des salaires dans la fonction publique et les entreprises publiques; ou la persistance des dépenses de compensation à des niveaux intenables. D'où ruine du budget de l'Etat et par là de l'économie du pays.
L'année dernière, on parlait de réduction des dépenses du fonctionnement de l'Etat, cette année, on parle plutôt d'augmenter les budgets des ministères, de la présidence et des départements publics. Comment expliquez-vous cela d'autant plus que la croissance est toujours en panne et n'arrive même pas à satisfaire au minimum et même pas à créer de l'emploi?
Oui, l'on assiste à un gonflement du budget de fonctionnement inhabituel et irrationnel. Pour 2013, l'on prévoit un taux d'augmentation de ce dernier de plus de 15% dans une économie à croissance molle, voire nulle et même négative. Cela signifie accentuation de l'inflation, dégradation du pouvoir d'achat des salariés, dépréciation croissante du dinar, et endettement étouffant de l'Etat. C'est du jamais vu dans la Tunisie indépendante. La Troïka s'enfiche carrément de ces menaces, pourvu qu'elle gagne les prochaines élections, et que le pays aille au diable.
Les fondamentaux économiques du pays sont à la baisse, et le gouvernement parle pour l'année prochaine de 4,5% de croissance, pensez-vous qu'il y arrivera, et comment?
Jamais de la vie. Un taux de croissance de 4,5% l'année prochaine, ça relève de la chimère. Tout milite contre. D'abord, la récession en Europe qui, à mon avis, n'est qu'à ses débuts. Ensuite, l'insupportable gabegie dans notre pays qui ne cesse de s'amplifier.
Par secteur, la prochaine année agricole s'annonce peu prometteuse (signes de sécheresse, déficit de certains intrants tels que les engrais, renchérissement insupportable des aliments du cheptel importés…). Les industries manufacturières piétinent, surtout au niveau des deux activités clefs, à savoir l'habillement et les composantes automobiles. La fuite ou la faillite d'un bon nombre d'entreprises spécialisées dans ces activités sont derrière leur repli. Le tourisme, et par conséquent le transport, sont en panne de plus en plus fréquente, du fait qu'elles sont beaucoup plus sensibles aux turbulences sociopolitiques.
De son côté, le bassin minier, d'habitude pourvoyeur d'appréciables ressources pour le pays (devises et transferts pour le budget), semble s'enliser dans une crise sans fin. Dans ce contexte démoralisant qui s'éternise, comment peut-on espérer des taux de croissance...
Y a-t-il risque selon vous que la cession des biens publics ait des répercussions sur la souveraineté économique nationale? L'exemple de la BT illustrerait-il cela?
Certainement, surtout lorsque cette cession se fait à vil prix et touche des activités stratégiques du pays. L'impact positif de ces cessions sur le budget de l'Etat est éphémère. Par contre, à terme, l'Etat risque de perdre son précieux pouvoir régulateur de la société, et par là une bonne partie de sa légitimité.
Selon vous, que devons-nous tous faire -secteur privé, Etat et partenaires sociaux- pour sortir le pays du marasme dans lequel il se débat?
Au lieu de penser sereinement à faire mieux, il est indispensable et urgent de retrouver la normale. Or, ce minimum ne pourrait se concrétiser sans tolérance, confiance, paix et sécurité. Espérons que tous les acteurs sociopolitiques de la place retrouveront la raison, dans le cadre d'un débat franc.


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