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Tarak Cherif... «Le coup porté à la sous-traitance est dur pour l'économie tunisienne»
Publié dans WMC actualités le 08 - 01 - 2013

WMC : En Tunisie, on parle beaucoup d'investisseurs étrangers et pas beaucoup d'investisseurs locaux, pensez-vous que c'est la bonne approche?
Tarak Cherif : Très bonne question avec des réponses multiples. Quand, personnellement, je parle à un investisseur étranger, la première chose que je lui dis est que “j'investis moi-même dans mon pays“. Et ce ne sont pas que des paroles, je le fais réellement. Je viens tout récemment de racheter une société industrielle, car, de mon point de vue, l'industrie est l'avenir de la Tunisie. Reste les conditions de sécurité et de visibilité qui sont approximatives mais lesquelles, je l'espère, s'amélioreront au fur et à mesure que la vie politique s'organisera.
Pour attirer les étrangers, il faut que les locaux y mettent leur grain de sel et croient eux-mêmes en leur pays.
Parlons des entreprises françaises et européennes installées en Tunisie. Se sentent-elles dans leur élément, sont-elles en train de produire? De s'épanouir? De réinvestir? Je dirais que oui, elles sont en train de réinvestir et de prospérer. Et c'est ce qui est important. Ce sont ces éléments qui font que les investisseurs étrangers potentiels s'intéressent à la Tunisie, car ils voient devant eux les preuves de la réussite d'autres entreprises locales, françaises et européennes implantées depuis des années sur le site. Ceci les prédispose psychologiquement à être réceptifs. Après, la décision d'investir est un acte tout ce qu'il y a de personnel. C'est l'investisseur qui décide de son propre chef.
Et même si nous avons vu Antonio Tajani, vice-président de la Commission européenne pour l'industrie et l'entrepreneurship, arriver à Tunis au CAT 2012 à la tête d'une importante délégation d'hommes d'affaires, ce n'est pas lui qui leur dirait d'investir ou qui le leur déconseillerait.
Il revient aux Tunisiens de valoriser leurs produits et d'avancer leurs atouts. C'est pour cette raison, d'ailleurs, que je ne rate pas une occasion pour parler des privilèges qu'accordera le nouveau code des investissement aux hommes d'affaires pour les éclairer et les sécuriser.
Ne trouvez-vous pas qu'il y a une attitude attentiste de la part des Tunisiens?
Ce serait malhonnête de ma part de dire le contraire. Il y a aujourd'hui beaucoup plus d'attentisme que celui qui existait auparavant. L'investissement est en baisse par rapport aux années précédentes.
Je le sens et je le sais, je ne suis pas dans ma tour d'ivoire à juger et à condamner. Je vais dans les régions, j'ai été à Gabès, à Médenine, à Tataouine. La CONECT est sur le terrain et nous observons l'attentisme, c'est clair.
Pour autant, il est de l'intérêt de tous d'investir. Nous avons passé une journée à Kasserine et la volonté des opérateurs locaux d'encourager la réalisation de nouveaux projets et de dynamiser la région ne fait pas de doute. Ce qu'il faut toutefois, c'est renforcer la sécurité et œuvrer pour plus de visibilité par l'établissement d'un agenda final pour les prochaines élections.
N'estimez-vous pas que les investissements publics puissent servir de locomotive pour les investissements privés?
Personnellement, je ne crois pas beaucoup aux investissements publics et pour différentes raisons. Il y en a pourtant qui doivent être faits et qui sont en rapport direct avec l'infrastructure. Malheureusement, la Tunisie a beaucoup de retard à ce niveau là. Les responsables publics doivent s'y mettre tout de suite parce que ces investissements sont structurants; ensuite parce qu'ils absorbent beaucoup de main-d'œuvre et engendrent d'autres investissements. Ils font travailler tous les intervenants et les sous-traitants, ceci particulièrement en matière d'infrastructure qui exige énormément de sous-traitants.
Il faut aussi militer pour la stabilité sociale. Ce qui s'est passé à Siliana ne devrait plus avoir lieu dans notre pays. Je n'ai pas la prétention d'en parler en véritable connaissance de cause, mais la seule chose que je puis dire est que, lorsqu'une région souffre de perturbations, d'instabilité et d'insécurité, il est difficile de parler d'investissement. Il est encore plus difficile de garder ceux qui sont déjà sur place.
Il faut être réaliste, il faut être sourd et aveugle pour croire que des investisseurs opéreraient dans des zones instables et insécurisées, ça serait de la philanthropie...
Il n'empêche, je comprends parfaitement que ces régions aient été oubliées et qu'elles aient droit au développement, à une vie plus digne et à la justice sociale, mais je dirais que certains incidents ou méthodes peuvent se retourner contre leurs intérêts.
Pensez-vous que la Tunisie a les moyens de ses ambitions en matière d'investissements et de développement?
Bien sûr que oui. La Tunisie est un petit espace mais elle possède un grand potentiel. A la CONECT, nous estimons que tout peut se reconstruire. Il n'est pas interdit d'avoir des ambitions et des rêves pour notre pays. Tout est à édifier, la Tunisie peut être une co-entreprise ou un co-acteur à l'international. C'est tout à fait possible, il faut créer des chaînes de valeurs qui puissent commencer en France et se terminer en Tunisie ou inversement. Mais cela demande du travail, il faut se rapprocher, se connaître, susciter des communautés d'intérêts, et cela est possible.
Dans certains secteurs, nous pouvons être parfaitement complémentaires et non en concurrence, comme dans le domaine de la santé. Qu'est-ce qui empêcherait l'existence de cliniques à capitaux franco-tunisiens, avec du matériel français, du paramédical et des médecins tunisiens? Pourquoi les Africains vont se soigner en Europe alors qu'ils peuvent le faire en Tunisie? La demande existe et c'est à notre portée. Nous avons bien réussi le développement de la thalassothérapie, nous pouvons tout autant développer le tourisme médical et de santé.
Reste le problème des banques…
Depuis la création de la CONECT, nous avons appelé à doter les banques tunisiennes des moyens adéquats pour assurer leur rôle pour ce qui est du financement de l'économie. Nos banques tunisiennes sont sous-capitalisées tout comme les entreprises. Nous gagnerons à augmenter substantiellement les moyens de nos banques parce que c'est à travers elles que nous pouvons susciter l'effet de levier.
Le marché financier représente 5% aujourd'hui en matière d'investissement, les 95% restant reviennent aux banques. Aujourd'hui, nos établissements bancaires manquent de liquidités, il faut, par conséquent, aller vers une recapitalisation. Ce sont les banques publiques qui doivent donner le premier signal -et le signal fort. C'est à travers elles que l'on peut donner du travail aux régions.
Pour que les entreprises investissent, nous devons surmonter deux problèmes importants. La nécessité de réunir aux alentours de 3 milliards de dinars pour recapitaliser les banques tunisiennes, et la nécessité pour celles-ci d'accompagner nos entreprises à l'étranger.
En Afrique, nous brillons par notre absence, alors que ce sont des pays où nous avons toutes les chances de réussir et d'y voir l'industrie tunisienne prospérer. Malheureusement pour investir en Afrique, nous ne sommes pas accompagnés par le maritime, très peu par l'aérien, et encore moins par les banques.
Que pensez-vous du rôle joué aujourd'hui par l'UGTT en matière de négociations sociales et de stabilité économique?
L'UGTT, personne ne peut nier le rôle de l'UGTT, soit un rôle historique. Je respecte les membres de l'UGTT, ce sont des personnes avec lesquelles je travaille depuis des années. En tant que syndicat, l'UGTT a tout à fait le droit de défendre les intérêts de ses adhérents, et c'est dans l'esprit même de sa mission. Mais j'estime qu'il y a un équilibre à créer. Dans le contexte actuel de la Tunisie, nous avons besoin d'une trêve pour redémarrer la machine économique. Pour ce faire, nous devons être plus mesurés dans nos revendications et veiller à ce que les entreprises qui sont déjà sur le marché tournent au mieux et puissent réinvestir.
Il faut également faire en sorte que celles qui veulent s'implanter en Tunisie ne soient pas effarouchées par un syndicalisme un peu exagéré.
Je ne peux demander que de la retenue, tout en relevant que le coup porté à la sous-traitance est une grosse erreur que la Tunisie aura à payer. Je suis pour un cahier des charges, je suis pour appliquer la loi, mais pas jusqu'à dire qu'il ne faut plus qu'il y ait de sous-traitance, c'est contre productif, que ce soit dans le public ou le privé. Il s'agit d'une même approche, c'est une question de mentalité et un mode de fonctionnement. Ce n'est pas le capital qui change les choses, c'est le management et la culture entrepreneuriale, si on n'a pas compris cela, c'est qu'on a rien compris à l'économie.
Vos relations avec les organisations patronales françaises semblent être au beau fixe. Qu'est-ce qui motive ces partenariats?
Ce n'est plus un secret que nos relations avec Jean-François Roubaud, président de la CGPME, sont très fortes. Entre nous, il existe une confiance illimitée. Toutes les opérations que nous avons réalisées ont été intéressantes aussi bien pour les uns que pour les autres. La plus connue, c'est Planet PME, organisée le 28 juin 2012 à Paris. 1.000 entreprises françaises y participaient et la Tunisie était l'invitée d'honneur, Hamadi Jebali, chef du gouvernement y était aussi.
Cette manifestation nous a permis de véhiculer l'image et le potentiel tunisiens. Une opération a été le point de départ mais il fallait continuer. A l'occasion du Carrefour d'affaires et des technologies (CAT 2012), Jean-François est revenu accompagné d'une délégation d'officiels de la CGPME et des entreprises françaises. Nous avons organisé avec l'API des rendez-vous B to B.
Toutes les occasions de coopération sont bonnes, l'essentiel est de tisser des relations d'échanges fructueux et de donner l'occasion aux uns et aux autres de se connaître. Nous n'avons pas tout fait et beaucoup reste à faire au niveau des régions et des secteurs.


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