Nous étions sur place à l'avenue Bab Bnat, juste devant le Palais de Justice de la capitale, ce mardi 28 juin 2011, quand une manifestation de Hizb-ut-tahrir se transforma en bataille rangée avec les forces de l'ordre où matraques, boucliers, gaz lacrymogène... ont été vite déployés, entraînant cette avenue très spéciale dans un désordre innommable. Car cette avenue ''appartient'' aux avocats et aux plaignants qui remplissent les cafés et les trottoirs, qui débattent de leurs petites affaires et qui sont concentrés sur leurs heurs et malheurs. A l'origine de la gabegie, il y a cette histoire sordide de gens ''typés'' qui, un jour plus tôt, font irruption au CinemAfricArt pour terroriser les participants à la manifestation ''Touche pas à mes créateurs''. Les assaillants ont vite été identifiés comme appartenant au Hizb-ut-tahrir et leurs accusations contre les participants aussi: accusations d'athéisme, de bafouement des préceptes de l'islam et de tout ce qui relève, normalement, de la conscience de chacun. Certains des assaillants ont été arrêtés et c'est pour revendiquer leur libération que leurs homologues du Hizb-ut-tahrir se sont attroupés devant le Palais de Justice, avec force slogans, drapeaux noirs avec le texte des deux 'chahadas' en blanc, certains portés sur les épaules... C'est pour cela que ce jour restera peut-être un exemple du genre de dérives qui entachent les principes de la Révolution puisque les deux incidents (au CinemAfricArt et devant le Palais de Justice) montrent clairement que certains sont convaincus de leur bon droit de faire valoir leur propre loi. Une question: Dans une démocratie, comment doit-on se comporter avec les non-démocrates? Le plus beau, c'est que tout cela est arrivé en plein début de grève des magistrats (en manifestation contre les avocats) pour former un inégalable segment de chaos, mettre en suspens les intérêts des plaignants, terroriser le voisinage et donner une image désolante de notre Révolution. Une autre question: Comment expliquer aux gens de Hizb-ut-tahrir qu'en profitant de la situation actuelle de transition pour mener leur guéguerre, ils se discréditent complètement aux yeux de l'opinion publique? Mais peut-être est-ce là le moindre de leurs soucis!