Tout porte à croire que les Tunisiens n'ont pas été les seules victimes des agissements des proches du régime Ben Ali. Et les langues commencent à se délier. Selon les propos rapportés par un site français nordeclair.fr, le groupe hôtelier Accor aurait subi de pression et autres actes de corruption à telle enseigne qu'il était obligé de quitter la Tunisie, laissant derrière des pertes qui se montent à plusieurs centaines de millions de dinars. Trop de corruption et des pratiques qui lui ont fait jeter l'éponge. Toujours selon la même source citant Gérard Pélisson, fondateur avec le Tourquennois Paul Dubrule du groupe Accor, ne mâche pas ses mots: «Nous avons quitté la Tunisie il y a trois ans. La situation était devenue intenable». Une décision lourde, et ce d'autant plus que « pendant des années, il a été implanté à Djerba et Tozeur avec, comme partenaires, des banques tunisiennes. On a découvert petit à petit comment elles étaient inféodées au système, très proches du pouvoir et de ses clans familiaux. Nos intérêts passaient après», raconte Gérard Pélisson. Mais encore. M. Pélisson révèle qu'un jour on a obligé à acheter un hôtel pourri pour 7 millions d'euros (près de 14 millions de dinars tunisiens. «Ses propriétaires étaient très proches du régime. C'était un actif pourri. Donc, pour la banque une très belle affaire...», écrit nordeclair.fr, et d'ajouter: «On a été spoliés en Tunisie». Sans compter le «harcèlement fiscal» que le groupe a dû subir. Et si l'on en croit les propos du fondateur du groupe, il y a environ un mois, Accor tente un come back en Tunisie. Selon M. Pélisson, «une délégation est reçue le Premier ministre actuel et pas par Ben Ali, «pour essayer de rétablir des relations entre Accor et la Tunisie. Pour le Premier ministre, c'était un problème qu'Accor ne soit plus présent. Un problème pour l'image du pays». Mais pas seulement, parce qu'Accor estime, lui aussi, que «la Tunisie joue un rôle important dans le monde arabe». C'est dans ce cadre que «le groupe a donc décidé de dessiner sur la pointe des pieds une coopération, notamment sur la formation des jeunes aux métiers du tourisme», souligne notre source. Comme ont rappelé la plupart des journaux de la place, Accor sera de retour à Tunis avec deux hôtels, un Ibis et un Novotel, situés sur l'avenue Mohamed V, mais avoir investi, cette fois-ci. «Il va gérer ces deux établissements qu'il n'a pas construits», avec un objectif, «développer un tourisme d'affaires dans ce pays, secteur pour lequel il y a une forte attente», estime Abdou Belgat, l'ambassadeur du groupe Accor pour les pays arabes et musulmans. M. Belgat rappelle du reste que, «actuellement, le tourisme tunisien est surtout balnéaire et bas de gamme mais la Tunisie est une véritable plate-forme régionale au Maghreb. Il y a une vraie dynamique. Avec ces deux hôtels, on est vraiment dans la cible». Et lorsqu'on lui demande sur d'éventuelles craintes que la corruption perdure en Tunisie, il répondra tout simplement: «y a du boulot». Au vu du déroulement de la situation, personne ne conteste cette analyse. Sans doute nous ne tarderons pas à connaître l'ampleur de la tâche qui attend les nouveaux dirigeants.