Une conférence intitulée ‘Justice Electorale, entre le dogme politique et la modélisation mathématique' a eu lieu au siège de l'Université Paris-Dauphine de Tunis, samedi 15 mars 2014 et ce, dans le cadre du cycle des conférences de l'Atuge. Durant cette conférence, Michel Balinski, mathématicien, spécialiste en sciences politiques et chercheur émérite au CNRS a fait un exposé afin de démontrer que certains modes électoraux ne rendent pas justice aux électeurs et peuvent même amener à l'élection du candidat le moins plébiscité. Mansour Moalla, ancien ministre, qui était présent à la conférence, a déclaré que le mode de scrutin doit avant tout être assimilé par l'électeur afin qu'il puisse voter correctement et pour les candidats qu'il choisit. Pour lui, seul le mode de scrutin uninominal à 2 tours peut rendre justice à l'électeur tunisien. « Aux dernières élections, j'ai voté pour des gens que je ne connaissais pas et que je ne connais toujours pas aujourd'hui » a-t-il soutenu en faisant allusion au mode de scrutin de liste qui impose des candidats généralement peu connus des électeurs. Pour Mansour Moalla, le mode uninominal enlève l'anonymat que le scrutin de liste dicte. « On n'a pas besoin d'être sorti d'une grande école pour comprendre ce vote et pour savoir quel candidat choisir » annonce-t-il, et d'ajouter que le taux d'abstention était de 50% lors des dernières élections et que ceci était, entre autres, dû à l'incompréhension du mode de scrutin par les électeurs. Les partis politiques n'apprécient généralement pas ce scrutin, qui selon eux, favorise les indépendants. Mansour Moalla, pour sa part, soutient que ce mode, en particulier, les oblige à choisir les bons candidats face à ceux de la société civile. Etait également présent à la conférence, Chafik Sarsar, le nouveau président de l'ISIE, dont l'intervention a tourné autour des impératifs des différents modes de scrutin. Pour Chafik Sarar, le mode de scrutin uninominal nécessite un nouveau découpage territorial, ce qui complique sa mise en place et risque de ne pas être prêt dans les délais. Rappelons qu'actuellement à l'ANC, la commission de législation générale est en train de mettre en place un projet de loi électorale, valable pour les élections législatives car et selon les députés, le projet ne peut inclure, en l'absence d'un cadre légal, les élections municipales. Pour les prochaines législatives, la Tunisie est en train d'aller vers une reconduction du mode de scrutin de liste avec les plus forts restes, mais est-ce que ce mode rend justice autant aux électeurs qu'aux candidats des partis et alliances politiques ? N'a-t-il pas prouvé ses défaillances par le passé ? Donnera t-il naissance à un parlement à l'image des électeurs ?..