TUNIS, 26 fév 2011 (TAP) - Les journalistes et les techniciens de la télévision nationale (la première et la deuxième chaînes) poursuivent leur grève pour la deuxième journée consécutive "jusqu'à l'acceptation de l'ensemble de leurs revendications". Ces revendications comme l'ont précisé un certain nombre de journalistes de la télévision, samedi, à l'agence Tunis Afrique Presse (TAP), consistent en la démission du Président-directeur général de la télévision, du directeur de la première chaîne, du directeur de l'information et l'élection d'un comité de rédaction, digne de confiance, qui consacre le choix d'une information libre et objective. Dans une communication téléphonique à la TAP, M. Béchir Hmidi, PDG de la télévision tunisienne, a indiqué qu'il "comprend les demandes des journalistes de la télévision concernant la ligne éditoriale et l'instauration d'une information libre en rupture avec le passé mais refuse de démissionner, jugeant cette demande irrationnelle et n'étant pas des prérogatives des grévistes". Le journaliste Hamadi Ghidhaoui a souligné, pour sa part, dans une déclaration à la TAP, le refus des grévistes de la ligne éditoriale adoptée actuellement par l'établissement soulignant que les responsables de la télévision ont fait échouer plusieurs initiatives visant à instaurer une information libre et exprimant la voix du peuple tunisien. A ce sujet, M. Béchir Hmidi a indiqué que la demande d'élire un comité de rédaction au sein de la télévision tunisienne est "légitime" ajoutant "qu'il a fait plusieurs demandes écrites depuis qu'il dirige la télévision pour l'élection d'un tel comité sans résultats". Concernant les revendications d'objectivité et de libération de l'information, le PDG de la télévision a indiqué que ces demandes "seront étudiées et discutées et qu'il n'en a pas de réserves". Pour sa part, M. Hamadi Ghidaoui a indiqué que "le devoir journalistique est de rapporter les opinions de toutes les parties en toute neutralité, précisant que les journalistes de la télévision ont été obligés de ne rapporter que les orientations du gouvernement". Il a précisé que les responsables de la télévision ont volontairement occulté l'information relative au sit-in de la Kasbah en diffusant en boucle, dans tous les journaux télévisés, un reportage sur les sommes d'argent retrouvées, au palais du président déchu. Il a indiqué que le détournement de l'attention de la part des responsables de la télévision a eu un mauvais impact sur les journalistes qui ont été harcelés dans leur travail et subi même des violences de la part des citoyens qui ont accusé les médias nationaux de marginaliser la révolution par la rétention et le détournement des principes qui l'ont déclenché. Les journalistes ont par ailleurs dénoncé les propos tenus en direct par le PDG de la télévision dans lesquels il a accusé les grévistes d'être responsables de la tension qui existe dans le pays, indiquant que M. Béchir Hmidi a fermé à clé les portes du studio empêchant les grévistes d'user de leur droit de réponse ou de clarifier leurs positions à l'opinion publique. Pour sa part, la journaliste Dalel Gasmi a indiqué que les journalistes de la rédaction de l'information ont refusé de rapporter le sit-in de la Kasbah tel que souhaité par les responsables de la télévision exigeant une diffusion en direct à la télévision nationale afin de ne pas laisser agir la censure. Elle a ajouté que les quelques techniciens qui ont refusé de participer à la grève ne représentent pas l'équipe de la télévision, critiquant leur intervention au niveau la ligne éditoriale de l'information et soulignant que cette grève reste largement suivie par les journalistes et les techniciens des différentes régies. La journaliste Leila Jaouadi a relevé pour sa part que cette grève est un mouvement spontané soulignant que le travail à la rédaction de l'information actuellement est anarchique et qu'il est primordial d'élire un comité de rédaction pour préserver la crédibilité de la télévision nationale selon elle. Hassen Chagra, technicien à la rédaction, a précisé pour sa part que la télévision dispose des meilleurs équipements technologiques et qu'elle peut retransmettre en direct les différents évènements, réfutant les déclarations du directeur de l'information qui a déclaré que la télévision ne possède pas les moyens nécessaires pour couvrir l'ensemble des évènements que vit le pays. Le PDG de la télévision tunisienne a exprimé à la TAP ses "regrets et excuses à l'opinion publique en Tunisie, aux téléspectateurs et à la révolution pour l'absence de bulletins d'information les vendredi et samedi dans ces conditions "estimant que cela est "un dangereux précédent".