Tweet Share CARTHAGE (TAP) - Le président de la République provisoire, Mohamed Moncef Marzouki, a assuré que le fait «d'exiger d'un gouvernement, en place depuis tout juste une année, d'opérer un changement radical au niveau des lois, institutions et mentalités, héritées d'un demi siècle de dictature, relève du défi et de la mauvaise foi». C'était lors de la cérémonie organisée, samedi matin, à Dar Dhiafa, à Carthage, à l'occasion de la célébration de la journée internationale des droits de l'Homme, en présence du président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaafar, et de plusieurs membres du gouvernement provisoire. Le président Marzouki a fait remarquer que le gouvernement continue à endurer «un excès de liberté d'expression et d'abus de certains médias qui, selon lui, «n'ont pas toujours été professionnels. Mais, cela n'empêche que nous sommes encore loin d'avoir réalisé nos objectifs et que le chemin vers l'édification d'une Tunisie des droits de l'Homme, reste difficile et parsemé d'embûches», a-t-il consenti. Et d'ajouter, «d'importants efforts restent à faire pour convaincre nos compatriotes que la Constitution, voire la Déclaration universelle des droits de l'Homme ne sont pas en contradiction avec les valeurs de l'Islam désigné en tant que religion de l'Etat». En outre, Marzouki a souligné la nécessité d'opérer «un changement radical au niveau des mentalités au sein de l'appareil sécuritaire », notant qu'«une minorité ne peut ternir l'image de cette institution ni celle de la Tunisie, sous un régime politique dirigé par des militants des droits de l'Homme». Et de souligner: «la consécration des droits de l'Homme requiert un engagement de la part des centres de détention et des prisons à travailler dans la transparence, à réviser la législation dans ce domaine et notamment la loi antiterroriste et à mettre en place les règles imposant la transparence à l'administration, aux partis, aux médias et aux autorités politiques». D'importants efforts doivent être consentis, a-t-il estimé, pour faire de la société civile «la colonne vertébrale de l'Etat citoyen et un partenaire indépendant dans la prise de décision, sa mise en œuvre et son évaluation». Il a souligné que les droits de l'Homme ne sont pas une fin en soi, mais un processus continu qui nécessite une mobilisation permanente, rendant hommage au soutien des associations des droits de l'Homme à l'étranger en faveur de la lutte en Tunisie contre l'oppression sous l'ancien régime. Pour sa part, le président de l'Assemblée nationale constituante a loué l'appui apporté par plusieurs organisations des droits de l'Homme et composantes de la société civile dans les pays frères et amis, à la lutte des Tunisiens contre l'oppression. Ces organisations ont, longtemps, constitué la voix de la Tunisie dans le monde et auprès des organisations internationales des droits de l'Homme, a-t-il dit. Le processus de transition démocratique est sur la bonne voie, a affirmé Ben Jaafar ajoutant que deux ans après la révolution, l'on s'achemine vers un consensus autour de la nouvelle Constitution en cours d'élaboration. Malgré certaines discordances dans le processus de transition démocratique, la Tunisie n'a jamais connu un tel climat de liberté, a souligné Ben Jaafar. S'agissant de la situation sociale, le président de l'ANC a indiqué que la Tunisie comptait sur elle-même ainsi que sur l'appui de ses partenaires pour relever les défis. Pour sa part, le ministre des droits de l'Homme et de la justice transitionnelle, Samir Dilou, a fait remarquer que les luttes et les sacrifices pour la liberté n'ont pas été consentis uniquement par les militants mais également par les familles des prisonniers, femmes et enfants, dont la vie était rendue intenable par l'ancien régime. Alors que des militants des droits de l'Homme de Tunisie et de l'étranger présentaient leurs témoignages sur les exactions de l'époque de la dictature, le président d'honneur de l'Association des magistrats tunisiens (AMT), Ahmed Rahmouni, protestait contre "l'exclusion" de l'association de cette cérémonie. En quittant la salle, il a déclaré à la presse qu'il ne pouvait pas croire que l'on puisse faire table rase des luttes menées par l'AMT contre l'ancien régime qui l'avait persécutée par tous les moyens. La présidente du Syndicat national des magistrats tunisiens, Raoudha Labidi, a, pour sa part, condamné «cette exclusion» qui constitue, selon elle, une forme de négation des luttes engagées par cette association durant les années de braise, ajoutant que le service judiciaire constitue le garant des droits de l'Homme et des libertés individuelles dans le pays. Pour sa part, la présidente du Conseil national des libertés, Sihem Ben Sedrine, a exprimé sa solidarité avec l'association et le syndicat des magistrats tunisiens, indiquant ne pas comprendre l'exclusion des magistrats et des journalistes de cet hommage. Tweet Share Suivant