Tweet Share TUNIS (TAP)- Le ministre des Finances par intérim, Slim Besbes, a indiqué que les membres du gouvernement et les hauts fonctionnaires de l'Etat se sont engagés à faire don, au budget de l'Etat, de six jours de travail (20% de leurs salaires) et que les prélèvements commenceront à partir du mois de septembre 2012. Le ministre a souligné, dans un entretien accordé à la TAP, que la campagne de sensibilisation pour la mobilisation de 450 millions de dinars, en tant que contributions conjoncturelles et volontaires, se poursuit dans les entreprises publiques et ministères, à travers la distribution de listes communes, comportant le nom du fonctionnaire et le nombre des jours à prélever, aux différentes structures des ministères. Il a ajouté que le ministère des Finances a appelé les organisations nationales et professionnelles à adhérer à cet élan de solidarité. De même, le ministère a entamé au cours de la dernière semaine du mois de Ramadan, l'organisation d'une large campagne médiatique (audiovisuel, radio, presse écrite) pour les inciter à contribuer à ce programme. La contribution conjoncturelle volontaire des salariés au budget de l'Etat, décidée dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2012, a fait l'objet de controverses. Bon nombre de tunisiens estiment que cette contribution est plus que nécessaire, en cette période, partant du principe du devoir national et de l'impératif de participer à l'oeuvre de développement, alors que d'autres se préoccupent du devenir des ressources qui seront collectées au profit du budget de l'Etat. Kais, cadre au Premier ministère, a déclaré, à la TAP, qu'il a "une idée exhaustive de la contribution conjoncturelle volontaire au budget de l'Etat mais qu'il n'a pas l'intention d'y adhérer». «Je ne suis pas convaincu d'une telle mesure et je doute de l'orientation des financements collectés vers des projets de développement», a-t-il affirmé. «Je crois en le principe de la cotisation, sauf que je n'ai pas confiance en les personnes et structures qui veilleront à l'utilisation des ressources qui seront collectées», estime Marwa, employée. Elle a indiqué que les dépassements enregistrés, auparavant, notamment, avec l'expérience du Fonds national de solidarité 26-26, rendent le tunisien prudent et méfiant, refusant ainsi de «tomber dans le même piège». «Je n'ai donc pas l'intention de faire don d'une partie de mon salaire au budget de l'Etat» a-t-elle dit. Mourad, banquier, a pour sa part, soupçonné un éventuel lien entre l'intention du gouvernement d'indemniser les prisonniers politiques et la contribution volontaire, chose qui l'a amenée à décider de ne pas faire don de son salaire au budget de l'Etat, et ce en plus de sa situation financière difficile. La situation actuelle exige plus de solidarité Nabil Ajroud, président du comité général de la fonction publique, a affirmé qu' «il est parfaitement convaincu de cette mesure, partant du principe de l'appel du devoir» qui impose, selon ses dires, la solidarité et la conjugaison des efforts au profit de l'intérêt national. Nabil a toutefois refusé de dévoiler le nombre de jours dont il a fait don, estimant qu'il s'agit là d'une affaire personnelle. De son côté, M. Habib Houij, directeur au ministère des Finances, a souligné que la situation actuelle du pays exige de tous les tunisiens d'apporter leur soutien à leur pays. Il a rappelé que cette mesure qui revêt un caractère volontaire et conjoncturel a été décidée une seule fois et ne concerne que l'année 2012. Il a déclaré qu'il a contribué de 4 jours, répartis sur 4 mois et appelé toutes les forces vives, notamment les entreprises économiques et les professions libres, à contribuer à cette action, dans l'intérêt du pays, ajoutant que le tunisien devrait être un partenaire dans la réalisation du développement. Le professeur Fethi Layouni, avocat, a précisé qu'il est convaincu de cette mesure, soulignant qu'il contribuera au budget de l'Etat, vu que l'intérêt national impose la solidarité et que cette mesure vise à consolider l'infrastructure de base et à renforcer l'emploi dans les régions de l'intérieur. Mettre en place les fondements de la transparence Le ministre des Finances par intérim a indiqué, dans un entretien accordé à la TAP, que la contribution conjoncturelle devrait générer, selon la loi de finances complémentaire, des ressources additionnelles d'une valeur de 450 MD à travers une contribution conjoncturelle. Le ministre a souligné, dans ce cadre, qu'il n'y a pas de retard ou de réticence à la contribution conjoncturelle, vu que l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) a adopté la loi de finances complémentaire, au début du mois de mai, et que le décret relatif à cette mesure a été publié, à la mi-mai, dans le Journal officiel de la République Tunisienne (JORT). Il a fait savoir que la campagne de sensibilisation, relative à cette mesure, a débuté au début du mois d'août ans les administrations et les institutions publiques, relevant la difficulté de l'évaluation de cette opération en un seul mois. Et d'ajouter que cette mesure n'est pas une question de fiscalité mais une contribution volontaire qui pourrait ancrer l'esprit solidaire chez le tunisien. Le membre du gouvernement a expliqué que la question de l'indemnisation des prisonniers politiques qui a été "mal interprétée" et été confondue dans l'esprit du citoyen avec la contribution conjoncturelle volontaire. Des garanties, a-t-il dit, ont été accordées au citoyen dans le cadre de la loi de finances complémentaire, à travers la fixation des objectifs escomptés qui concernent l'impulsion de l'investissement et l'emploi, notamment dans les régions de l'intérieur, dans le cadre de la programmation d'investissements additionnels dans ces régions. Le choix de l'adoption d'une contribution conjoncturelle au lieu d'un fonds, tel que celui du 26-26, a pour objectif d'éviter les mauvaises interprétations et d'ancrer la transparence. Il a ajouté que "ceux qui mettent en doute le devenir de la contribution soupçonnent indirectement la crédibilité du budget de l'Etat". M. Besbes a souligné qu'aucun chapitre, portant sur l'indemnisation des prisonniers politiques, n'a été introduit dans la loi de finances complémentaire, précisant que même une partie des dépenses imprévues, estimées à 1400 millions de dinars, couvrira les dépenses de subvention des carburants. Pas de tractations avec les hommes d'affaires impliqués dans les dossiers de corruption Le ministre des finances par intérim a nié toute tractation avec les hommes d'affaire impliqués dans les dossiers de corruption, en contrepartie de leurs contributions au budget de l'Etat. Besbes a indiqué que le déficit du budget de l'Etat peut s'aggraver, au cas où les contributions conjoncturelles et volontaires n'atteignent pas les 450 millions de dinars, d'ici la fin de l'année. Il a relevé que les autres ressources budgétaires, telles que les ressources fiscales, ont enregistré, jusqu'à la fin du mois de juillet, une augmentation, par rapport aux estimations programmées dans le budget. Tweet Share Suivant