L'une des faiblesses les plus courantes chez les parents est l'anxiété excessive concernant l'avenir de leurs enfants. Peut-on vraiment cesser de s'inquiéter des mauvaises notes, des maladies et des accidents ? Comment accepter la réalité, des passions pour les jeux vidéo à un cercle restreint d'amis ? Le neuropsychologue William Stixrud et l'éducateur Ned Johnson, auteurs du livre « Les enfants autonomes », partagent des pistes pour aider les parents à dépasser leurs craintes et à inculquer la responsabilité à leurs enfants. Se réconcilier avec ses plus grandes peurs La première étape pour les parents anxieux est de se demander : « Qu'est-ce qui me fait le plus peur ? ». Imaginer le pire scénario et envisager les moyens d'en sortir peut apporter un certain apaisement. Se poser la question « Que ferais-je dans cette situation ? » aide à réaliser que, peu importe ce qui se passe, l'amour et le soutien envers l'enfant resteront. Les parents n'ont pas à contrôler l'impossible, et accepter cette réalité les libère. « J'ai peur que mon enfant se retrouve dans une impasse. » Certains parents craignent que les erreurs actuelles de leur enfant le privent d'une bonne éducation ou d'un avenir prometteur. Pourtant, il est essentiel de se rappeler les propres difficultés rencontrées à l'école. Ces épreuves persistent-elles encore ? Probablement pas. Les enfants, comme les adultes, grandissent et évoluent lorsqu'on leur en donne la possibilité. La question cruciale est : « De qui s'agit-il ? » Quelle que soit la situation, l'important est d'aimer et de soutenir son enfant, mais sans le surprotéger de toute douleur, car cela n'est ni réaliste ni bénéfique. « "J'ai peur que si je ne fixe pas des limites et ne montre pas ma désapprobation, mon enfant pensera que je suis d'accord avec son mauvais comportement." » Beaucoup de parents inquiets ont tendance à se montrer stricts, pensant que la rigueur est nécessaire pour que leurs enfants s'améliorent. Cependant, adopter une attitude trop critique peut être contre-productif. Continuer à réprimander l'enfant pour des comportements récurrents (comme l'ordre, l'hygiène ou les devoirs) risque d'entraîner un blocage. Ce cercle vicieux crée une résistance chez l'enfant, qui voit son contrôle dépendre de sa capacité à ne pas se laisser influencer. « J'ai peur qu'un jour, mon enfant soit blessé ou pire. » La crainte pour la sécurité de l'enfant est naturelle. Toutefois, il est essentiel de se rappeler que l'époque actuelle est l'une des plus sûres. La criminalité et les accidents de la route sont à leur niveau le plus bas depuis des décennies. Trop de protection peut conduire à une perception déformée du danger. Les enfants doivent avoir l'occasion d'expérimenter et de comprendre les risques par eux-mêmes. Permettre à un enfant de grimper à un arbre et de tomber, par exemple, lui enseigne des leçons importantes sur les risques et la gestion de son corps. L'expérience est souvent le meilleur professeur, plus efficace que des avertissements verbaux. Adopter une attitude d'acceptation sans jugement Accepter la réalité telle qu'elle est, c'est-à-dire l'enfant tel qu'il est, est une démarche essentielle. Dans leur livre Rapid Relief from Emotional Distress, Gary Emery et James Campbell recommandent la méthode ACT : accepter (accept), choisir (choose), agir (take action). Cette approche se traduit par : – Accepter : Reconnaître que son enfant a ses propres défis, que ce soit des difficultés scolaires, une absence d'amis, etc. – Choisir : Décider d'incarner le rôle d'un parent calme, empathique et toujours présent. – Agir : Offrir son aide en se concentrant sur les forces de l'enfant, poser des limites là où cela est nécessaire et montrer, par l'exemple, comment gérer les situations. Accepter ne signifie pas approuver ou se résigner à des comportements inacceptables. Cela consiste à reconnaître la réalité telle qu'elle est, sans lutter contre des éléments impossibles à changer. Accepter ses enfants, c'est leur montrer du respect. Cela renforce le sentiment de contrôle, en opposé à l'obsession de vouloir changer ce qui ne peut l'être. Conseils pour aujourd'hui 1. Communiquer seul à seul avec l'enfant : Offrir du temps individuel à chaque enfant renforce le lien et montre qu'il est une priorité. 2. Gérer son anxiété : Les parents doivent trouver des méthodes pour gérer leur propre stress, telles que la thérapie cognitive-comportementale, la méditation, le yoga ou d'autres activités apaisantes. 3. Ne pas agir sous l'effet de la peur : Si la pensée « Si je ne fais pas cela maintenant, alors... » surgit, prendre du recul. Faire ce qui semble juste sur le moment, sans être guidé par la peur. 4. Distinguer les responsabilités : Les parents ne peuvent être responsables du bien-être de leurs enfants 24 heures sur 24. 5. Faire une pause dans les discussions : Si un parent s'inquiète pour un adolescent et a déjà abordé le sujet plusieurs fois, écrire une lettre courte et bienveillante, puis promettre de ne plus en parler pendant un mois. 6. Réaliser un exercice d'auto-évaluation : Noter les pensées spontanées qui contredisent l'idée « Tout va bien » et se poser des questions comme « Suis-je absolument sûr que cette pensée est vraie ? ». 7. Créer un plan de réduction du stress : Identifier ce qui aide à rester calme et l'intégrer davantage dans la routine. Conclusion : Cultiver la sérénité dans l'éducation Il est naturel de vouloir protéger ses enfants et de s'inquiéter pour leur avenir. Cependant, apprendre à accepter les choses telles qu'elles sont, à poser des limites tout en offrant amour et soutien, permet de guider l'enfant vers l'autonomie et la responsabilité. Chaque parent doit se rappeler qu'il est impossible de tout contrôler et que l'acceptation est une force. En trouvant un équilibre entre intervention et lâcher-prise, on permet à l'enfant de grandir, d'apprendre de ses erreurs et de développer les compétences nécessaires pour gérer sa vie.
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