Le projet est passé comme une lettre à la poste. Il a été adopté par seulement deux partis membres de l'Alliance présidentielle, à savoir le FLN, ex-parti unique, et le RND. Ils détiennent les deux tiers des sièges du Parlement. Sur les 165 amendements introduits par les députés, seule une dizaine a été retenue. Finalement, c'est le projet original trituré par la Commission juridique du Parlement qui a été adopté. L'article 4 interdisant aux ex-responsables et militants du FIS, dissous en 1992, de créer ou de participer à la création d'un parti, ou de siéger dans ses instances dirigeantes, est maintenu. Le MSP, islamiste, 3ème membre de l'Alliance présidentielle, a faussé compagnie à ses alliés. Il a voté contre le projet de loi. Le Parti des travailleurs a adopté la même position. Trois autres partis, dont deux islamistes, n'étaient pas dans la salle au moment du vote. On a assisté, à quelques nuances près, au même scénario que lors du vote de la loi électorale et celle concernant la représentativité des femmes dans des assemblées élues. Les deux textes, vidés de leur substance, avaient été adoptés par le FLN et le RND, et rejetés par d'autres partis. Le couple FLN-RND a réussi à imposer, via son Parlement, la formule du « changement dans la continuité ». Le Front des forces socialistes (FFS), le plus ancien parti d'opposition algérienne, a estimé que « les lois sur les partis politiques, les associations et les élections, sont des copies des anciennes lois qui imposent l'hégémonie du ministère de l'Intérieur sur la vie politique nationale ». Pour son premier secrétaire, Ali Laskri, les réformes en cours, «empêchent d'amorcer une dynamique et de créer un climat de changement et de démocratisation du pays».