Si les sondages d'opinion, en rapport avec les intentions de vote des tunisiens lors des prochains scrutins législatifs et présidentiels en fin de cette année, ont une chose en commun, c'est bien l'omniprésence de Kaïs Saïed et Abir Moussi en milieu de classement des favoris. S'il y a des enseignements à tirer de ces sondages d'opinions, quoi qu'on dise de leur rigueur, c'est bien « l'effet Saïed et Moussi ». Car si le premier rang au classement dépend exclusivement du bon vouloir de la maison qui a opéré le sondage, et sert essentiellement à contenter les donneurs d'ordres, le deuxième rang est, généralement, réservé au concurrent direct, qui fait peur, et qu'on voudrait montrer dans le rôle de sérieux challenger, dont il faut se méfier, et dont on devrait tenir compte de façon plus sérieuse. Ces deux premières marches du podium, servant, en définitive, à mobiliser les potentiels électeurs, sur deux plans : Le premier étant celui de l'appât du gain, en faisant croire à une, presque sûre, victoire. Le deuxième étant celui de la peur de « l'autre », porteur d'un autre projet, et qui devrait faire peur, et contre lequel il faudrait unir tous les efforts. C'est, donc, à parti de la troisième marche du podium, que les résultats des sondages deviennent « intéressants », dans la mesure où, surtout quand ils sont concordants quelle que soit la boite qui effectue le sondage, ils sont pleins d'enseignements à tirer, et de pronostics à faire. Or, justement, les derniers sondages en Tunisie, et même ceux qui sont supposés avoir été faits par des boites étrangères, mettent dans ce milieu de tableau, Kaïs Saïed et Abir Moussi. Ce qui nous amène à relever, au moins, deux enseignements directs : D'abord, et en ce qui concerne Kaïs Saïed, son émergence, met l'accent, si besoin était, sur le ras le bol des tunisiens de tous les « hommes politiques », et ceux qui se prétendent un lourd passé de militants. Le tunisien aurait, de ce fait, décidé de faire confiance à quelqu'un comme Kaïs Saïed, qui n'a aucune expérience politique, mais qui a, au moins, le mérite d'être honnête, mais aussi, celui de ne savoir pas communiquer, donc, il ne peut pas savoir mentir. Ensuite, et concernant l'effet « Abir Moussi », sa positions en bonne place dans ces tableaux a un sens particulier, qui reflète l'état d'esprit du tunisien, qui en a marre des supposés « révolutionnaires », et qui commence, décidément à avoir des regrets de l'ancienne époque. Autre enseignement à tirer, ici, c'est que la stratégie d'attaque adoptée par les détracteurs de Moussi, ne semble plus marcher. Dans le sens où le fait de l'accuser de vouloir faire revenir Ben Ali et la tyrannie, ne marche plus. Les gens ayant compris que Ben Ali ne pourrait plus aspirer à un rôle, de premier rang, du moins, avec son âge et son état de santé. Quant au fait qu'on l'a accusé d'avoir pillé les richesses du pays, les tunisiens semblent, bien, fixés sur les parties qui ont, réellement, pillé le pays et l'ont mis à sec. Par ailleurs, le fait que de nombreux tunisiens font confiance à Abir Moussi, a un autre sens, et qui est en rapport avec leur dégoût et leur désespoir de la nouvelle classe gouvernante, et sa franche incompétence, et, du coup, ils commencent à regretter l'ancienne classe gouvernante du pays, en parlant, bien sûr, de l'administration, et non pas du volet politique !