Des bruits de plus en plus persistants font état, ces derniers jours, d'un projet de texte que va émettre Noureddine Khademi, ministre des affaires religieuses, stipulant qu'il sera, désormais interdit à tous les journalistes d'accéder aux mosquées et autres lieux de culte, sans autorisation préalable de son département. Il ajoute, dans ses propos, que ces lieux de cultes sont soumis à l'autorité de son ministère, qui comme tous les autres ministères doit réglementer l'accès à ses « services » et le soumettre à autorisation préalable. Ce projet de loi a déclenché l'ire de plusieurs représentants de la société civile qui ont eu vent de l'anecdote, dont, notamment Hichem Senoussi, membre de la HAICA, qui voit en ce projet une volonté de retour aux agissements de censure et de contrôle des régimes dictatoriaux. Mais au-delà de la qualification de retour vers les agissements dictatoriaux, cette décision annoncée par Khademi soulève plusieurs questions et laisse la porte ouverte à plusieurs suppositions : De quel droit ? De quel droit, Noureddine Khademi qui est, somme toute, démissionnaire, se permet de telles restrictions ? D'autant plus que ses propos laissent prévoir que ses autres collègues seraient sur le point d'annoncer des décisions pareilles concernant les services relevant de leurs départements. Pourquoi s'en prendre aux journalistes ? Il s'agit d'une mesure qui vise essentiellement le travail journalistique, ce qui traduit la gêne occasionnée par le secteur du journalisme à toute la classe politique, et une volonté de réduire au silence cette force d'information qui tend, au grand dam des politiciens, à acquérir de plus en plus de libertés, et à mettre à nu, pratiquement en temps réel, les agissements de certains. Qu'y aurait-il à cacher dans les mosquées ? Les mosquées étant des lieux de culte sensés être neutres et pacifiques, ne devraient en aucun cas être interdits d'accès à quiconque. Sauf si « on » a des choses à y cacher ou s'il y a des choses qui s'y trament. Et devant l'absence de toute précision ou explication de la part du ministre des affaires religieuses, toutes les suppositions restent possibles. Donc, que voudrait-on bien cacher dans les mosquées ? Peut-être le fait que ces lieux seront exploités à des fins de campagne électorale en vue des prochaines échéances ? Ou alors, voudrait-on cacher que ces mosquées servent à pratiquer un enseignement « parallèle » qui n'est pas autorisé par la législation en cours ? Ou encore, on pourrait même être enclin à envisager que ces mosquées servent à cacher des personnes recherchées voire même des armes et autres produits prohibés. Que de travail en attente de Mahdi Jomâa qui devra revoir toutes ces décisions de dernière minute que semblent égrener les ministres démissionnaires juste avant de quitter leurs postes !