Ennahdha sait qu'elle ne peut plus mobiliser grand monde dans les rues. Alors elle se résigne à employer les grands moyens, à chaque fois, pour gonfler, artificiellement, ses rangs à l'occasion de chaque manifestation, ou « marche pour la légitimité ». C'est ainsi qu'on a remarqué que les partisans du parti au pouvoir ne se manifestant jamais simultanément sur plusieurs fronts, du moins, au niveau d'une même région. Ils regroupent leurs éléments à coup de bus, de messages sms et autres supports d'appels, tels que les imams et les tracts devant les mosquées et dans les lieux publics. C'est ainsi que ses partisans se manifestent un jour à Sousse, par exemple, et le lendemain à Mahdia et le jour d'après à Monastir pour faire croire à chaque fois qu'elle a un grand nombre de partisans dans chaque ville. Mais, pour sa manifestation du 3 aout, Ennahdha a vraiment mis le paquet, et n'a pas regardé finances. Après les sms tous azimuts, après les tracts, les appels des « minbars » des mosquées, le porte à porte, les récompenses financières... voilà qu'elle se trouve dans l'obligation d'organiser des convois pour ramener un maximum de gens du fin fond de la Tunisie. De Tataouine, en l'occurrence. Pourquoi se donner tant de mal, diraient certains ? Tout simplement, parce que tout est question de nombre et de présence massive dans la rue. C'était d'ailleurs le centre des débats en Egypte, quand il a été question de voir si le peuple était pour, ou contre le président déchu Morsi. C'est pour çà, que chaque jour, en faisant leurs apparitions sur la place du Bardo, les dirigeants d'Ennahdha s'évertuaient devant les caméras, à prétendre que les anti-gouvernement étaient une « minorité » et leurs caméras ne montraient jamais la foule du côté des sit-inneurs. Et cette fois-ci, Ennahdha sait que le moment est crucial, et elle veut mobiliser un maximum de gens sous sa bannière, même en se payant les services de figurants. Et en plus, Ennhahdha veut prendre à témoin l'opinion internationale, et veut de la visibilité pour son action de ce soir, et elle compte sur les chaines satellitaires qui lui sont dévouées pour transmettre la manifestation en intégralité. Une façon de pouvoir revendiquer, encore une fois, la légitimité de la rue du moment qu'elle sait que personne ne croit plus vraiment à sa légitimité venue par les urnes.