Le Cheikh Abdelfattah Mourou a indiqué, dans une intervention sur une chaîne de télévision nationale en réaction à la visite de l'érudit égyptien Wajdi Ghenim en Tunisie dont les prises de position ont suscité un grand tollé parmi les Tunisiens, que c'est une hérésie que de transposer une fatwa (un avis religieux) prise dans une société à une autre société. M. Mourou a affirmé que de grands leaders religieux et érudits comme l'Imam Chafii adaptaient, dans les traditions, leurs fatwas selon la réalité de chaque société et les conjonctures et leurs avis pouvaient différer sur une même question et varier d'une société à une autre. Il a affirmé que la Tunisie n'a pas embrassé l'islam en 2011 et que ce n'est pas un pays qui est né du néant mais qu'au contraire elle a ses prestigieuses écoles comme la Zitouna et un riche patrimoine en matière de fiqh et de jurisprudence islamique ainsi que sa confession, le rite Maliki. Ces érudits étrangers n'enrichissent pas ils sèment la dissension Cheikh Mourou a également indiqué à l'adresse des jeunes qui ont assisté à la conférence de Wajdi Ghenim que malgré son respect pour ce personnage, ils doivent savoir que son avis n'incarne pas la Vérité absolue mais qu'il s'agit d'une opinion personnelle. Il a décrit ces “érudits étrangers” comme ayant une vision atrophiée des choses. Il a souligné aussi que ces derniers ont été invités dernièrement dans le pays, ils ne contribuent pas à enrichir les connaissances mais sèment la dissension dans le pays, appelant à ce qu'ils soient confrontés à des savants pouvant servir de contradicteurs et débattre avec eux des questions et thèmes relatifs à la religion et à la société. La démocratie ne contredit pas l'Islam Abordant la question de la démocratie que certains hôtes érudits ont estimé être contraire aux préceptes de l'Islam, Cheikh Abdelfattah Mourou a affirmé que la démocratie est un mécanisme de gestion de la société permettant d'organiser la vie sociale, politique et économique du pays et qu'il n'existe aucun texte coranique interdisant le système de la démocratie. Il a précisé que la démocratie implique que la majorité choisit les gouvernants , affirmant que contrairement à ce que pensent ces érudits étrangers il ne s'agit pas de porter au pouvoir des personnes hostiles à l'Islam. M. Mourou a rappelé que grâce à la démocratie la Tunisie a pu chasser un dictateur, précisant qu'on peut appeler cet instrument de gestion de la société, la Choura qui était appliquée dans les sociétés islamiques. Appel aux jeunes à ne pas altérer le climat de liberté dans le pays Le Cheikh Mourou qui a, au cours de cette intervention fait preuve d'un esprit alerte, a mis en garde les jeunes islamistes tunisiens à ne pas abuser du climat de liberté qui règne actuellement dans le pays, affirmant que tout abus pourrait conduire à altérer définitivement ce climat et porter atteinte à tout le monde et qu'ils en seront les premières victimes. Il leur a rappelé qu'il y a un an et demi , ils ne pouvaient pas arborer une barbe dans la rue et que leurs femmes ne pouvaient sortir voilées, les appelant à ne pas rejeter l'autre et à servir la société dans laquelle ils vivent. Le Cheikh Mourou les a exhorté aussi à ne pas opprimer les autres ni les gêner, soulignant que l'islam n'a jamais réprimé quelqu'un, citant à ce sujet l'exemple du Prophète Mohamed qui n'a pas jamais opprimé ni été injuste avec une personne. Le Cheikh Mourou a également reproché aux jeunes islamistes tunisiens d'apporter des traditions contraires à l'islam et aux habitudes tunisiennes , affirmant que l'habit qu'ils portent est celui des Afghans et qu'il n'a rien avoir avec les traditions vestimentaires de l'islam. Il a plaidé pour adopter un esprit de coexistence pacifique et pour être tolérant et modéré envers l'autre. Il s'est interrogé sur les raisons pour qualifier les autres d'apostats et pour réduire l'islam à des apparences extérieures. Le Cheikh Mourou a appelé ces islamistes à œuvrer à assurer l'indépendance et la souveraineté économique et politique des pays arabes et islamiques réitérant la nécessité d'être tolérant à l'égard de ses compatriotes qui ne partagent pas leurs opinions mais qui les ont défendus lorsqu'ils étaient opprimés. La liberté une valeur universelle Il a affirmé que la Liberté ne peut être fractionnée , c'est une valeur universelle. Celui qui a été emprisonné et condamné à la peine capitale , ou à 30 ans de prison qui a été humilié devant sa famille ne doit pas songer à appliquer ces pratiques contre autrui.