Monsieur, Le traitement de la situation au sien de la ligne tunisienne des droits de l'homme, qui transparait de l'article paru dans votre édition du 21 juillet, est partial et totalement biaisé. L'auteur de l'article, Mme Isabelle Mandraud, s'est contenté de ne privilégier qu'un seul point de vue tout au long de l'article, bien qu'elle ait rencontré les personnalités de son choix et ait eu à sa disposition toutes les informations pertinentes au sujet de la Ligue. Ses allégations faisant croire que les négociations au sujet de la Ligue se dérouleraient entre «partisans du pouvoir » et «opposants » reflètent une volonté délibérée de déformer, les faits, et de faire prévaloir les préjugés et les idées fausses, aux dépens des réalités objectives. La vérité que Mme Mandraud a choisi de censurer est la suivante : le problème de la Ligue est une affaire interne opposant les militants de le LTDH entre eux. Une partie des membres de la Ligue, mécontente des violations répétées des statuts et du règlement intérieur de l'association par l'actuel comité directeur s'est vue obligée, devant le refus de cette direction de revenir à la légalité , de saisir les tribunaux pour que justice soit rendue. En vertu de cette décision judiciaire, le comité directeur actuel n'est mandaté que pour organiser un congrès de la Ligue conforme aux statuts et règlement intérieur de cette association. Il est par conséquent, particulièrement malhonnête de faire croire à l'opinion que le comité directeur actuel aurait été illégalement empêché de fêter son 33° anniversaire, alors qu'il est de notoriété publique qu'il n'a pas la capacité juridique requise pour organiser autre chose que les préparatifs du congrès. Mme Mandraud omet sciemment cette explication que je lui ai clairement fournie-et offre aux lecteurs une interprétation abracadabrante selon laquelle l'échec de la manifestation que projetaient le président de la Ligue et ses compagnons du comité directeur, résulterait d'un soi-disant « conflit au sein du pouvoir » De toute évidence, l'envoyée spéciale du journal « «Le Monde » se trompe de pays et d'époque. S'il y a conflit, c'est en fait entre le comité directeur qui n'est actuellement et depuis dix ans qu'un administrateur judicaire avec une mission bien précise et limitée dans le temps et la loi. Vos lecteurs ont le droit de savoir que, contrairement à la version favorisée par Mme Mandraud, la Ligue tunisienne des droits de l'homme n'est paralysée par personne d'autre que les membres de son comité directeur actuel qui a été chargé par la cour d'appel de Tunis depuis juin 2001 de réorganiser le cinquième congrès après le renouvellement des 41 sections de la ligue, et qui donnent l'impression, en bloquant systématiquement toute tentative de règlement du litige, de vouloir se maintenir à la direction de la Ligue. La direction actuelle, faut-il le rappeler, a été mise en place à l'issue d'un congrès dont les résultats ont été annulés par la justice. Depuis, ce comité directeur empêche toute nouvelle adhésion et fonctionne comme une organisation fermée bloquant tout renouvellement des sections. L'affirmation attribuée à M.Mokhtar Trifi selon laquelle « aucune cotisation ne peut être perçue », est également totalement fausse : le comité directeur a bien perçu les cotisations des adhérents des sections depuis 2003, en vue de préparer le congrès de la Ligue. Le comité directeur de la Ligue a, par contre, délibérément interdit toute nouvelle adhésion depuis 1994, en droite ligne de sa stratégie visant à instaurer sa mainmise sur l'association et à y faire régner sa loi, sans aucun égard ni pour les textes ni pour les droits des militants. Dans l'article, M.Mokhtar Trifi reconnaît implicitement, du reste, que la décision illégale et controversée de faire disparaître des sections et d'en fusionner d'autres ne visait qu'à renforcer son emprise sur la Ligue, les sections visées ayant été jugées, de façon unilatérale et subjective, proches du parti au pouvoir. Sur la base de ces aveux flagrants de la part de M.Trifi, il n'aurait pas été difficile, en principe, pour l'envoyée spéciale du journal « Le Monde » de se rendre compte de la stratégie du comité directeur ainsi mise en œuvre pour prendre la Ligue en otage indéfiniment, puisque cela fait dix ans que ça dure. Mais Mme Mandraud ne pouvait pas, sans doute, ne pas arriver à de telles conclusions objectives, vu ses partis pris, évidents tout le long de son article. Loin de résulter d'un manque de données ou d'une difficulté quelconque de la journaliste à accéder aux sources d'information, ces partis pris ne font que refléter une approche journalistique où la vérité et l'objectivité journalistique sont sacrifiées au profit des préjugés et des idées préconçues. Ce type de journalisme, où les prétendues enquêtes ne sont que des alibis pour véhiculer un seul point de vue, dénote d'un manque de respect envers le public qui a droit à une information objective et équilibrée. Un journal comme le quotidien « Le Monde » n'a pas le droit, ne serait-ce que par respect pour ses lecteurs, de verser dans la désinformation et la manipulation des faits. On peut, d'ailleurs, se demander à quoi bon dépêcher un « envoyé spécial » en Tunisie, si c'est pour servir de vielles rengaines depuis longtemps éculées. En vous remerciant des dispositions que vous prendrez pour publier le présent droit de réponse, je vous prie, Monsieur le directeur, d'agréer mes sentiments distingués.