L'année 2009 est à oublier, car elle est synonyme de crises et de chutes de tous genres. L'économie mondiale n'a pas connu une telle situation depuis la deuxième guerre mondiale. La crise, qui s'est déclenchée à la fin de l'année 2008, s'est poursuivie au cours de 2009, avec une légère amélioration à la fin de l'année. L'un des faits marquants de cette crise est la chute sans précédent du commerce mondial de l'ordre de 10%, à cause de la baisse de la demande, de la production et des financements. La Tunisie, qui a réussi avec brio son intégration progressive dans l'économie mondiale grâce à une bonne ouverture commerciale, a essayé de mettre en place les outils nécessaires pour limiter l'impact de cette baisse sur son commerce extérieur, et surtout aider les entreprises exportatrices à faire face à cette conjoncture. Les résultats du commerce extérieur confirment l'opportunité des mesures présidentielles prises au mois de décembre 2008, et qui ont été reconduit pour deux fois, jusqu'à Juin 2010. Selon les chiffres publiés par l'INS, les exportations ont baissé de -17.6%, et les importations -15%. Des signes de satisfactions malgré la crise : Au cours de l'année 2009, la Tunisie a réussi à exporter pour 19469.2 MD et importer pour 25692.4, ce qui laisse une baisse des exportations de l'ordre de 17.6% et de 15% pour les importations. Le solde commercial est ainsi déficitaire de -6223.2 MD. Le taux de couverture des importations par les exportations a quant à lui enregistré une baisse de 3.6% en comparaison avec 2007. En effet, il est passé de 79.4% en 2007 à 78.2% en 2008 et 75.8% en 2009. Cette tendance cache des disparités entre les deux régimes de nos échanges commerciaux. Le régime général a enregistré une baisse de -31.5% et un taux de couverture de 42.3%, alors que le régime offshore enregistre une baisse de -5.4% et un taux de couverture de 153.3% (146.6% en 2008).
Echanges commerciaux 2009
Exportations Importations Secteur 2008 (MD) 2009 (MD) Variation (%) 2008 (MD 2009 (MD) Variation (%) Agriculture et industrie agroalimentaire 2155.6 1349.5 -14.2 3318.6 2432 -26.7 Energie et lubrifiants 4079.9 2637.7 -35.3 4913.8 2789.7 -43.2 Mines, phosphates et dérivés 3322.8 1660.2 -50 1734.5 527.2 -69.6 Textiles habillement et cuir 6098.3 5558.1 -8.9 4076.3 3774.7 -7.4 Industrie Mécanique et électrique 6232 6001 -3.7 11920.3 11754 -1.4 Autres industries manufacturières 1747.6 1762.7 0.9 4277.7 4414.1 3.2 Ensemble 23637 19469.2 -17.6 30241.2 25692.4 -15 Source: INS - Le fait le plus marquant des échanges commerciaux pour 2009 sont les mines, phosphates et dérivés ; et les énergies et lubrifiants qui enregistrent la plus grande baisse que ce soit au niveau des exportations qu'au niveau des importations. La chute des cours de ces matières à l'échelle internationale à cause de la crise est l'explication de cette baisse. L'effet prix représente plus de 60% de l'explication de la baisse de nos exportations durant l'année écoulée. - La deuxième remarque à faire, est la bonne tenue des principaux produits d'exportation de la Tunisie, à savoir le textile habillement et les IME, qui a eux seul forment plus de 50% de nos exportations. En effet, malgré une crise qui a touché de plein fouet l'industrie automobile, et une baisse de la demande des principaux partenaires de la Tunisie, la baisse n'est que de -8.9 pour le textile habillement et de -3.7% pour les IME. Un résultat qu'on doit à l'efficacité des mesures de soutien aux entreprises exportatrices affectées par la crise. - La baisse enregistrée au niveau des échanges commerciaux a touché les exportations de la même ampleur ou presque, que celle des importations, ce qui est bon signe et préserve les équilibres économiques globaux, surtout au niveau des réserves en devises. - Sur le plan macroéconomique, on signale avec satisfaction la hausse de nos importations des biens d'équipement de 8.3% atteignant l'année dernière 7872MD, soit plus de 30% de nos importations. Ce résultat témoigne de la dynamique de l'appareil productif en Tunisie, qui, malgré la crise continue d'investir et de s'équiper.
Par régime, et contrairement aux attentes, c'est le régime offshore qui réussi à limiter les dégâts n'enregistrant qu'une baisse de 5.3%. De son côté le régime général enregistre une baisse de -31.5%, et ce à cause de la baisse des prix du phosphate et du pétrole qui s'échangent au régime général. Pour illustration, pour presque les mêmes quantités, on a exporté pour 4080 MD d'énergie et lubrifiant en 2008 (le prix du baril dépassait à ce moment les 140 dollars), alors qu'en 2009 on a exporté pour 2637 MD (avec un baril qui a varié entre 45 et 75 dollars sur toute l'année)
Réduction du déficit de la balance commerciale : Un autre élément de satisfaction du rendement de nos échanges commerciaux de 2009, est l'amélioration du déficit de la balance commerciale. En effet, le déficit est passé de -6604,2 MD à -6223,2 MD, malgré une baisse du taux de couverture de 78.2% en 2008 à 75.8%. En détail, la balance commerciale se présente comme suit : o La balance alimentaire est légèrement excédentaire de plus de 47.6 MD, après avoir était déficitaire de -751MD en 2008. Le taux de couverture est de 103%. Cette amélioration est due à la baisse des prix des produits alimentaires à l'importation et une bonne saison agricole. o La balance des matières premières et demi produits est déficitaire de -2613MD avec un taux de couverture de 67.7%. Ceci est un signe positif qui témoigne de la dynamique de l'activité productive malgré la crise. o La balance des biens de consommation enregistre un excédent de +274.7MD et un taux de couverture de 104%. L'excédent de cette balance a nettement chuté depuis 2008 durant laquelle on a enregistré plus de 900MD et un taux de couverture de 113.4%. o La balance énergétique est logiquement déficitaire, puisque nous sommes devenus importateur net de pétrole depuis des années. Le déficit s'établit à -152MD et un taux de couverture de 94.6%. Nous sommes loin du déficit enregistré en 2008 et qui était de -833 MD. La baisse du cours du brut, ainsi que les mesures engagées pour la maîtrise de l'énergie ont contribué à améliorer le taux de couverture et réduire le déficit.
L'impact de la crise est perceptible sur les autres économies : Les déclarations du Fonds Monétaire International concernant la gestion de la crise par la Tunisie, confirment une bonne maîtrise des outils d'intervention, et la justesse du plan engagé. En effet, selon le FMI, « l'application de politiques économiques saines et de réformes structurelles soutenues par un élargissement de l'ouverture commerciale a permis à la Tunisie d'accélérer sa croissance ces dernières années et de renforcer ses bases pour faire face à la crise mondiale actuelle. La Tunisie a amélioré sa capacité de résistance aux chocs grâce à un endettement public et extérieur moins élevé et une position des réserves nettement améliorée ». L'impact de la crise sur les autres économies comparables à la Tunisie était encore plus important, ce qui met en relief la solidité de l'économie nationale. En Algérie par exemple, dont 97% de ces exportations proviennent des hydrocarbures, la baisse des exportations en 2009 a dépassé les 47%, alors que les importations enregistrent une légère hausse de 0.25%. Cette situation a engendré une chute considérable dans l'excédent de la balance commerciale de notre voisin qui est passé de +35,5 milliards de dollars à fin octobre 2008 à seulement +3,3 milliards de dollars à fin octobre 2009. Les échanges commerciaux ont nettement baissé en Turquie aussi, avec une baisse des exportations de plus de 25.9% et les importations de -34.1%. Le taux de couverture s'est fixé à 73.3%. Le Maroc, qui a souffert de la chute du cours du phosphate qui représente plus de 50% de ces exportations, a enregistré une baisse des exportations de plus de 30.6% alors que les importations ont chuté de -21.3%. Le taux de couverture au Maroc n'est que de 43.1%, loin du taux enregistré en Tunisie et qui est de 75,8%. La Chine qui est le premier exportateur mondial a enregistré une baisse de ces exportations de plus de 16.5% en 2009, alors que les importations ont baissé de -11%. La tendance à la baisse est donc générale, mais la Tunisie s'en sort plutôt mieux que les autres. L'année 2010 commence pleine d'optimisme prudent, avec les perspectives d'une relance, selon les perspectives économiques. Nos entreprises doivent être au rendez-vous de cette relance pour essayer de profiter des nouveaux marchés et de la nouvelle dynamique économique. Ils doivent aussi tirer les conclusions de la crise pour se prémunir contre un éventuel retournement de situation. Il est aussi important de s'attendre à une hausse des cours des matières premières et des hydrocarbures suite à une demande plus importante à l'échelle mondiale. Autant de paramètres qu'il faut gérer avec prudence. Et à ce niveau, la Tunisie n'a pas de leçons à prendre de personne.