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Présidence, gouvernement et ARP : Aveu d'échec sur tous les plans
Publié dans L'expert le 09 - 06 - 2016

La situation ne cesse de se détériorer dans le pays, avec un gouvernement qui ne sait plus où donner de la tête, qui n'a ni programme ni conducteur, et des pressions de toutes parts, et il fallait s'attendre à ce que cela se termine de la façon annoncée par le président de la République Béji Caïd Essebsi, dans l'entretien télévisé qu'il a accordé à la 1ère chaîne de la télévision nationale. L'entretien télévisé traduit la volonté du président Caïd Essebsi d'imprimer un changement de cap avec la mise en place d'un gouvernement d'union nationale.
Cette fin, bien que peu honorable pour le chef du gouvernement, Habib Essid, était inéluctable, surtout que, pire encore d'avoir été lâché par ceux qui l'avaient placé à ce poste, il doit subir les flèches de ses amis qui ne lui avaient pas donné assez de moyens pour régler les grands problèmes dans lesquels se débat le pays et qui ont, parfois, mis des bâtons dans les roues de l'action gouvernementale.
Habib Essid avait navigué à vue, sans programme pour le développement, l'emploi et la réduction des disparités entre les régions. Certes, nombreux sont ceux qui pensent qu'il avait, aussi, mis du sien pour que la situation dégénère à ce point, mais, à ce niveau, on ne peut que blâmer, aussi, ceux qui avaient opté pour son choix et qui ne lui avaient pas fixé des échéances et des lignes conductrices.
D'autre part, que peut-on espérer d'un gouvernement disparate où chacun chante sa propre sérénade, avec des dissonances de partout et peu de moyens d'action pour faire le minimum possible, surtout avec les multiples dossiers de corruption, les accusations qui fusent contre certains ministres et les choix qui, parfois, sont loin d'être judicieux, pour régler les problèmes.
Quel gouvernement d'union nationale ?
Face à cette situation et sans prévenir le concerné, le président de la république Béji Caid Essebsi a vu que le choix de former un gouvernement d'union nationale constitue, aujourd'hui, une proposition concrète, surtout qu'elle est soutenue par plusieurs parties politiques et sociales qu'il avait rencontrées.
Ce gouvernement devra inclure «forcement» l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), le quartet de la coalition gouvernementale (Nidaa Tounes, Ennahdha, l'Union patriotique libre et Afek Tounes) et «peut-être» des indépendants et des représentants des partis de l'opposition, a insisté Caid Essebsi dans l'interview diffusée sur la chaine Watania 1.
Ce gouvernement, a-t-il précisé, doit avoir «un contenu social» compte-tenu de l'étape que traverse actuellement le pays, ajoutant qu'il doit également être formé sur la base d'un consensus national élargi eu égard aux priorités de la Tunisie, tracées par l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), dont en premier lieu la lutte contre le terrorisme et la corruption, l'instauration de la démocratie, la création d'emplois et de conditions de vie décente, l'incitation à l'investissement dans les zones défavorisées, l'encouragement de la jeunesse et l'application de la loi.
Il « a fait son possible... »
Evoquant les raisons qui l'ont conduit à lancer cette proposition, le président de la république a affirmé avoir constaté, à travers son suivi des événements et des positions et déclarations des acteurs politiques et sociaux, que les critiques traduisaient une grande insatisfaction quant à la situation générale actuelle dans le pays et l'échec des institutions issues des élections de 2014, tout en estimant que l'appel lancé par certaines parties à un congrès de salut national «est inapproprié».
«Selon les moyens disponibles, le gouvernement a accompli son devoir et a consenti tous les efforts possibles, réalisant quelques progrès dans le traitement des dossiers mais on lui reproche de ne pas avoir fait part au peuple dès le début de la réalité de la situation dans le pays, notamment au niveau économique et des difficultés financières», a-t-il estimé, tout en oubliant que les Tunisiens avaient donné la majorité au parti de Nidaa Tounes pour réaliser ses programmes et sortir le pays de la crise dans laquelle il se débat.
«Ce gouvernement a fait face à un déficit des ressources essentielles, en premier lieu les phosphates estimé à 5 milliards de dinars (MD) alors que les recettes du gaz et du pétrole qui ne couvrent désormais que 55% des besoins nationaux ont régressé, tout comme les revenus du tourisme qui ont été affecté par les attentats terroristes (un manque à gagner de 1.766 MD), en plus des retombées de la crise libyenne (4 milliards de dollars)», a indiqué le chef de l'Etat.
Mais, à ce niveau, le chef de l'Etat a oublié que c'est aux structures gouvernementales de résoudre ces problèmes qui ne datent pas d'aujourd'hui et qui avaient coulé le gouvernement de la Troïka, dans le passé.
Un optimisme béat
Malgré ces aléas, «la situation en Tunisie n'est pas catastrophique», a cependant estimé Béji Caid Essebsi, qui a souligné, par ailleurs, qu'outre la liberté d'expression, le changement fondamental apporté par la révolution de 2011 «est la rupture avec l'ancien régime politique et le processus d'édification de la démocratie et de la restauration de la souveraineté du peuple».
Pour le président de la république, «la démocratie ne peut pas être imposée et doit se traduire dans les faits». «Malgré les pas franchis sur cette voie, le rythme reste lent pour plusieurs facteurs dont notamment le retard pris dans la consécration de l'Etat de droit et du respect par tous des lois», a-t-il ajouté.
Il a déploré à ce propos la baisse considérable de la production du phosphate en raison de la multiplication des protestations sociales. «Celles-ci restent légitimes mais les moyens de son exercice posent problème», a-t-il fait remarquer, rappelant la régression des revenus des gisements de phosphate dont le montant atteignait 1. 210 MD en 2010 avant de connaître une chute importante au cours des dernières années occasionnant ainsi une forte pression sur le budget de l'Etat.
Le président de la république a estimé que le second facteur ayant freiné l'instauration de la démocratie a trait au non respect des limites dans l'exercice de la liberté d'expression face à la prolifération des partis (204) et des médias. «La plupart des gens ignorent que le pays n'est pas dans une situation ordinaire mais dans une phase de transition démocratique et présentent une image négative de la situation du pays», a-t-il relevé.
Béji Caid Essebsi a critiqué à cet égard «la position de certains partis de l'opposition à l'égard de la situation dans le pays et du gouvernement», soulignant que «l'opposition dans un régime démocratique transitoire ne doit pas privilégier systématiquement la protestation et la confrontation».
L'intérêt de la patrie avant tout
De son côté, bien que n'étant pas informé au préalable par le président de la République de cette décision, le chef du gouvernement Habib Essid a expliqué qu'il ne voit aucun inconvénient à quitter le Palais de la Kasbah si l'intérêt du pays l'exige.
Intervenant sur Express FM, il a précisé que la proposition d'un gouvernement d'union nationale fait partie des prérogatives du président de la république, tout en laissant entendre qu'il pourrait présenter sa démission.
«Si l'intérêt de la Tunisie l'exige, je partirai. Sinon je continuerai à servir mon pays avec engouement et je répondrai présent», a ajouté M. Essid, en précisant que le président de la république, Béji Caïd Essebsi, ne l'a pas prévenu avant de présenter sa proposition de constituer un gouvernement d'union nationale.
«Je n'ai en aucun moment senti que j'étais visé. Mon équipe et moi allons continuer à travailler avec dévouement et courage, quelle que soit la décision qui sera prise. Seule l'histoire jugera notre travail», a souligné le Premier ministre.
«Nous avons, certes, réussi sur certains plans, comme nous avons aussi échoué sur d'autres. Pour la production du phosphate, ça a bien repris et l'année 2016 est meilleure que 2015», a-t-il tenu à préciser, en contredisant le président de la république, qui a brossé une situation catastrophique du secteur de ce secteur essentiel de l'économie tunisienne.
La gauche salue la proposition
Réagissant à la proposition de Caïd Essebsi, le député Mongi Rahoui (Front populaire) a salué la proposition, expliquant que le Front populaire se réunira, bientôt, pour donner son avis sur cette proposition du président, qui a, selon lui, «pris conscience enfin que le pays est en train de couler, comme un navire, devant tout le monde.»
«Le président de la république a parlé hier de plusieurs points importants, comme la lutte contre le terrorisme et la corruption, ainsi que des carences dans les secteurs de l'éducation et de la santé, qui souffrent de marginalisation. Et ces points figurent au programme du Front populaire. Nous nous prononcerons bientôt sur cette proposition de constitution d'un gouvernement d'union nationale, l'essentiel étant, aujourd'hui, de sortir de la crise», a déclaré Mongi Rahoui.
Selon le député de la gauche radicale, Béji Caïd Essebsi a donné à moitié raison à Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, qui avait critiqué le rendement des 3 présidences : de la république, du gouvernement et de l'assemblée.
«Hamma Hammami a dit que ces trois institutions ont toutes échoué. Plusieurs partis appellent, aujourd'hui, à un gouvernement de salut national. Je ne suis pas d'accord avec cette analyse, mais je dis oui à un gouvernement d'union nationale», avait-il déclaré.
Ennahdha joue l'étonnement
Pour sa part et bien que n'étant pas informé de cette proposition, le mouvement Ennahdha a, pour sa part, applaudi cette proposition, puisqu'il est l'unique gagnant dans l'affaire et qu'un gouvernement d'union nationale va lui permettre de se repositionner et d'imposer ses choix.
Dans un communiqué publié samedi et signé par son président Rached Ghannouchi, le parti islamiste a estimé que cette initiative s'inscrit dans «le prolongement du choix de consensus national» et qu'elle «est en harmonie avec la démarche participative avec les différents partenaires politiques et sociaux».
Ennahdha a constamment appelé à la formation d'un gouvernement d'union nationale avec la participation des principaux acteurs politiques et sociaux sur la scène nationale, rappelle le communiqué, qui insiste, toutefois, sur la nécessité «d'engager un dialogue autour de cette initiative pour en savoir plus et de manière à préserver la stabilité politique et sociale et relever les défis sécuritaires, économiques et sociaux auxquels est confronté le pays».
Rappelons que les dirigeants d'Ennahdha, qui sont attachés au maintien du chef du gouvernement Habib Essid, ont tergiversé, avant de se résigner à donner leur accord sur cette initiative présidentielle, dont il était les premiers surpris.
Selon le dirigeant du parti islamiste, Ajmi Lourimi, dans une déclaration aux médias, vendredi 3 juin 2016, «Ennahdha n'était pas au courant de cette proposition (de M. Béji Caïd Essebsi, Ndlr). Nous l'avons apprise, comme tout le monde, hier soir, par l'intermédiaire des médias. Prendre une position sur cette question est du ressort de la direction de notre parti: c'est-à-dire que les bureaux exécutif et politique de notre parti se réuniront, étudieront cette idée et statueront officiellement sur cette initiative.»
L'UGTT ne participera pas
L'Union générale tunisienne des travailleurs (UGTT) a, pour sa part, accueilli favorablement, la proposition du chef de l'Etat de former un gouvernement d'union nationale, mais n'y participera pas, bien que le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abassi, a indiqué aux médias qu'il n'a pas été informé de cette initiative, ajoutant qu'il n'en a pas été surpris.
«Le gouvernement doit s'ouvrir davantage sur d'autres partis. Nous ne pouvons que soutenir cette initiative mais on n'y participera pas. Notre aide se limitera à donner notre avis sur la formation du gouvernement d'union nationale», a dit M. Abassi, après avoir rencontré Mohamed Ennaceur, président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), qui lui a fait part du souhait exprimé par le chef de l'Etat de voir l'UGTT participer à un gouvernement d'union nationale.
M. Abassi, qui a également été reçu par le président de la république, pour discuter de cette proposition, semble attaché à la position de neutralité de l'organisation syndicale, exprimée par le secrétaire général-adjoint, Sami Tahri, qui a déclaré : «Nous nous ne sommes pas concernés par cette proposition. Notre place est en dehors de tout gouvernement».
Certes, en cherchant à impliquer l'UGTT, le président de la République cherche à atténuer l'acuité des mouvements de grève et de protestation sociale, mais, il semble qu'il a frappé à la mauvaise porte et il n'a fait qu'ajouter un problème de plus, pour le pays.
Pour sa part, l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) ne semble pas vouloir s'impliquer dans ce gouvernement d'union nationale et se cantonne dans une position de « wait and see », en attendant des jours meilleurs.
L'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (UTAP) crie, de son côté, au scandale, se plaignant de ne pas avoir été impliqué dans cette nouvelle partie de jeu d'échec.
Nous ne sommes pas des cobayes
Et déjà, les pronostics commencent à fuser et chacun y met du sien pour choisir un nouveau chef de gouvernement, cherchant à enterrer, très tôt, l'actuel premier ministre Habib Essid et cette instabilité politique, avec les problèmes internes des partis, en particulier Nidaa Tounes, ne font qu'aggraver davantage la situation qui devient de plus en plus critique.
Il aurait fallu y réfléchir à l'avance, trouver un gouvernement harmonieux, d'abord, soudé et plein d'ambition pour résoudre les problèmes du pays et non des personnalités qui, chacun de son côté, croit détenir la vérité et exécute des décisions qu'il avait prises tout seul.
Le président de la République a-t-il bien réfléchi sa décision d'appeler à un gouvernement d'union nationale et a-t-il posé les pour et les contres, surtout que, jusqu'à maintenant, on n'a fait que des essais de laboratoires, avec deux gouvernements, en moins de deux ans ?
Les personnes politiques accourent, actuellement, de toutes part, pour avoir leur part du gâteau, dans la répartition des futurs postes gouvernementaux, mais, ce qui est sûr, c'est que la formation d'un nouveau gouvernement va faire perdre, encore, du temps, dans un contexte marqué par une conjoncture aiguë, le recul des performances économiques et une monnaie qui perd de sa valeur, de jour en jour.
Entretemps, le parti Nidaa Tounes n'a plus sa stature d'avant les élections et il ne dispose plus que d'une soixantaine de députés, alors qu'Ennahdha a repris de la vigueur et se positionne comme la première force à l'ARP.
Mais, si ces partis aiment vraiment le pays et cherchent à le servir, il faut bien que cela se reflète au niveau de la vie quotidienne du citoyen et qu'il n'y ait plus de retard dans la réalisation des programmes de développement.


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