L'Aïd el-Kébir, c'est déjà fini! Les couteaux, les machettes, les pics à brochettes et les barbecues sont soigneusement rangés dans les placards, place maintenant au défilé des cartables et autres fournitures scolaires. C'est que les Tunisiens n'ont pas été gâtés par le calendrier cette année puisque la fête du sacrifice a coïncidé pile poil avec la rentrée scolaire. Dépenses, dépenses... La ferveur de l'Aïd aussitôt retombée, le portefeuille des parents tunisiens est d'ores et déjà confronté à une nouvelle « fête », celle de la rentrée des classes et son lot d'achats en tous genres. D'abord l'incontournable cartable dont les prix peuvent varier du simple au double, voire au quadruple et même plus parfois. En effet, si les prix démarrent à 30 et 40 DT, ils peuvent facilement atteindre les 250DT et même les dépasser. Si certains misent sur la marque et la qualité, d'autres privilégient le prix bas et ne se soucient guère de la robustesse du cartable. C'est le cas de Imed, père d'un collégien inscrit cette année en neuvième année de base. Il déclare à ce propos : « Mon fils ne fait jamais attention à son sac à dos qu'il laisse très souvent traîner par terre que ce soit à la maison ou dans la rue devant le collège. Conséquences de son inconscience, chaque cartable que nous lui achetons ne dure jamais plus de 3 mois. Avec sa mère, nous avons beau rouspéter mais il fait la sourde oreille à chaque fois. Nous avons alors décidé de ne lui acheter que des sacs à dos bas de gamme qui coûtent environ 30 DT et nous savons d'emblée que nous achèterons environ 3 durant cette année scolaire. » Touka est quant à elle maman d'une élève de quatrième année primaire. Elle raconte : « J'ai de la chance d'avoir Rania car c'est bien connu, les filles sont plus soigneuses que les garçons. A chaque rentrée, ma fille choisit elle-même le modèle de cartable qui lui plait avec la trousse et le panier assortis. Les prix dépassent généralement les 180 DT mais elle en prend tellement soin qu'à la fin de l'année, ils sont quasiment neufs et nous les offrons à une autre fillette issue d'une famille défavorisée. C'est vrai que je mise essentiellement sur les bonnes marques pour être sûre d'acheter un cartable de qualité qui dure longtemps. » Coûts variables Mais il ne suffit pas d'acheter un cartable, encore faut-il le garnir de manuels et fournitures scolaires et de cahiers, en plus du tablier et de la tenue de sport. Cette année, selon l'Institut national de la consommation (INC), les Tunisiens dépenseront près de 420 millions de dinars à l'occasion de la rentrée scolaire, frais de scolarité et transport compris. Le coût de la rentrée pour un élève du primaire est estimé entre 79,721 et 124,590 dinars alors que celui pour un collégien varie entre 105,250 et 107,250 dinars. La rentrée solaire d'un lycéen coûte quant à elle entre 124,715 et 132,150 dinars Concernant les frais de scolarité, si dans les écoles, collèges et lycées publics, l'enseignement est quasiment gratuit, ce n'est pas le cas pour les établissements scolaires privés. Les frais d'inscription dans une école privée par exemple varient entre 200 et 400DT voire parfois plus. Quant aux frais mensuels de scolarité, qui dépendent des formules retenues pour les repas et la garderie, peuvent varier entre 200 et 500 DT. Par ailleurs, les parents doivent également acheter les manuels scolaires importés de langues française et anglaise, vendus en lot et dont les prix peuvent dépasser les 150 DT dans certains cas et pour certains niveaux scolaires. Des sommes assez conséquentes dans un contexte socio-économique frileux qui ont amené plusieurs parents à retirer leurs enfants des établissements privés et les inscrire dans le public, inversant ainsi la tendance des deux dernières décennies. Dans le gouvernorat de Ben Arous par exemple qui compte 56.000 élèves répartis entre 153 écoles publiques et 37 écoles privées, près de 500 élèves du privé rejoindront à la rentrée des établissements publics. D'après les différents commissaires régionaux à l'éducation, ce chiffre devrait augmenter un peu partout dans les gouvernorats tunisiens à la prochaine rentrée notamment à cause des frais de plus en plus élevés de la scolarité dans les établissements scolaires privés, à moins que les grèves dans le public ne recommencent de plus belle après une certains accalmie enregistrée l'année scolaire précédente et que les parents, paniqués, n'optent définitivement pour l'enseignement privé, jusqu'ici préservé du phénomène des grèves et autres sit-in.