Après trois jours de marathons et de négociations, le chef du gouvernement désigné, Youssef Chahed, a quitté, au cours de la matinée d'hier, Dar Dhiafa pour se rendre au palais présidentiel de Carthage. Avant de quitter les lieux, Youssef Chahed a déclaré aux journalistes présents sur les lieux : « il n'y aura aucun remaniement. Rendez-vous vendredi à l'Assemblée des représentants du peuple » ! Répondant à cette déclaration, l'un des députés du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, qui a préféré garder l'anonymat, nous a assuré que certains de ses collègues ont mal réagi à cette décision et ont répondu qu'ils donnent, eux aussi, rendez-vous à la nouvelle équipe au niveau du Parlement. Toutefois, l'intéressé nous a expliqué qu'il s'agit là d'une réaction à chaud qui risque fort de changer et ce afin que les intérêts du pays soient protégés. Quelques heures après l'annonce officielle de la composition du gouvernement de Chahed, le bloc parlementaire de Nidaa Tounes s'est réuni. Le président du bloc, Sofiene Toubel, avait déclaré, dimanche dernier, que dix-neuf députés ont menacé de présenter leur démission si jamais la composition en question n'était pas revue. Le lendemain, et à l'issue d'une rencontre avec Youssef Chahed, la députée Khanssa Harrath a annoncé sa démission et du bloc parlementaire et du mouvement. Il est certes légitime que certains contestent la composition du gouvernement, toutefois, que les contestataires soient du même parti que celui dont provient le chef du gouvernement, la question en devient plus compliquée et le clivage au sein de Nidaa Tounes devient de plus en plus évident. Cette fois-ci, la scission du parti majoritaire risque d'influencer directement la situation générale du pays si jamais son bloc n'arrive pas à trouver un terrain d'entente d'ici la plénière du vote parlementaire. Alors que son parti et le président de son parti continuent à protester contre la nouvelle formation gouvernementale, le secrétaire-général de l'Union patriotique libre (UPL), Hatem Euchi, a annoncé son soutien « personnel et inconditionnel » au gouvernement de Youssef Chahed. Expliquant qu'il en va de la situation générale du pays – qu'il a qualifiée de critique – Hatem Euchi a exprimé son souhait de voir le bloc parlementaire de son parti voter au profit de la nouvelle équipe gouvernementale. Remettant en cause, publiquement, les propos tenus par Slim Riahi au cours de sa conférence de presse, Hatem Euchi a affirmé, implicitement, qu'il existe en effet des conflits internes au sein de l'UPL. La divergence d'opinions entre les différents dirigeants du parti pourrait pousser les désaccords à un niveau plus mouvementé. De son côté, le président de l'UPL et les autres membres des bureaux exécutif et politique du parti n'ont pas rebondi sur les propos du secrétaire-général. Comme il l'a assuré il y a quelques jours, Youssef Chahed semble vouloir se défaire des pressions partisanes et a choisi, encore une fois, le passage en force afin de mettre fin à toutes les protestations qui se sont élevées contre ses choix. Le chef du gouvernement désigné aura besoin d'une large majorité afin de pouvoir travailler efficacement. La large majorité dont on parlait ces derniers jours, n'est pas aussi évidente. Il faudrait attendre la date du 26 pour savoir si ce gouvernement sera plus solide que celui d'Habib Essid...