Le syndicat accuse le département de la santé de « manquer de sérieux...» Le ministère «étonné de l'obstination de la partie syndicale malgré la parution au JORT des textes réglementaires concernant les accords conclus...» La Fédération générale de la santé annonce un taux de suivi de la grève de 82% à l'échelle nationale; le ministère affirme avoir honoré ses engagements Le personnel paramédical et les agents exerçant dans les établissements publics de santé (groupements de santé de base, hôpitaux régionaux et hôpitaux universitaires) ont observé, hier, une grève pour protester contre le refus du ministère de tutelle de satisfaire leurs revendications. «La nouvelle grève intervient suite à l'échec des négociations avec le ministère de la Santé au sujet de l'application de plusieurs accords, dont certains ont été conclus il y a quatre ou cinq ans», a précisé Othman Jallouli, le secrétaire général de la Fédération générale de la Santé rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Et d'ajouter : «Nous avons choisi de débrayer pour exprimer notre refus de l'application au compte-gouttes de ces divers accords». Rappelant que ce débrayage a été reporté à deux reprises pour ouvrir la voie aux négociations avec les autorités de tutelle, M. Jallouli a également révélé que les syndicalistes ont été surpris par le «manque de sérieux» des autorités de tutelle lors d'une ultime réunion de conciliation tenue mercredi. «Nous avons été surpris par le fait que la publication de la plupart des textes d'application relatifs aux accords déjà conclus avec le ministère n'étaient pas à l'ordre du jour de cette réunion», a-t-il déploré. La Fédération générale de la santé a estimé le taux de suivi de la grève observée hier à 82%, tout en soulignant que les prestations de santé ont été assurées dans les services d'urgence et d'hospitalisation. Des centaines de grévistes ont, par ailleurs, organisé dans la matinée un rassemblement de protestation devant le siège du ministère de la Santé. Plusieurs d'entre eux ont scandé, à cette occasion, le slogan «Dégage» contre le ministre de la Santé, Saïd Aïdi, qui avait affirmé mardi que le jour de grève sera déduit des salaires des employés qui allaient débrayer. La Fédération générale de la santé réclame essentiellement la suspension des mesures disciplinaires prises contre plusieurs syndicalistes et la désignation d'un nouveau directeur général «civil» à la tête du centre hospitalo-universitaire Habib Bourguiba à Sfax, en remplacement du haut gradé militaire nommé récemment par le ministère de la Santé publique. Elle revendique aussi l'amélioration de la situation matérielle du personnel paramédical exerçant dans les établissements publics de santé à travers le reclassement professionnel de plusieurs catégories et l'ouverture de nouvelles perspectives d'avancement ainsi que par le biais de l'ouverture de nouvelles négociations salariales au titre de l'année 2016. Réagissant à la grève, le ministère de la Santé a exprimé son «étonnement quant à l'obstination de la partie syndicale de maintenir la grève malgré l'engagement du ministère de la Santé à appliquer ce qui est stipulé dans le procès verbal de la réunion tenue le 27 avril denier. «La partie syndicale a maintenu son mot d'ordre de grève bien que le ministère ait honoré ses engagements contenus dans un procès verbal daté du 27 avril 2016, à travers la parution au Journal officiel de la République tunisienne (JORT) No 40 du 17 Mai 2016, des textes réglementaires relatifs au reclassement des infirmiers et techniciens supérieurs de la santé publique parmi les maîtrisards, et la représentativité de la partie syndicale au sein des conseils d'administration des établissements publics de santé», a indiqué le ministère, tout en affirmant respecter le droit de grève. Intervenant mercredi sur le plateau d'El Hiwar Ettounsi, Sofiane Bouraoui, le chef de cabinet du ministre de la Santé, a, d'autre part, justifié le refus du limogeage de l'actuel directeur de l'hôpital Habib Bourguiba de Sfax par le souci de préserver l'autorité de l'Etat. «Vouloir à tout prix faire plier le ministère de tutelle est inacceptable quand on veut reconquérir l'autorité de l'Etat», a-t-il martelé.