La Fédération nationale de la santé a déposé un préavis de grève dans les établissements publics de santé pour le 28 avril, en signe de protestation contre le non-respect du droit syndical , les mauvaises conditions de travail et la détérioration de la situation matérielle et morale du personnel soignant. Selon le préavis de grève publié par la Fédération rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), un grand rassemblement de protestation sera également observé le 25 avril devant le siège du ministère de la Santé publique à Tunis. Durant la grève, un service minimum sera, cependant, assuré en ce qui concerne les soins urgents dans tous les établissements publics de santé. La Fédération nationale de la santé réclame essentiellement la suspension des mesures disciplinaires prises contre plusieurs syndicalistes et la désignation d'un nouveau directeur général «civil» à la tête du centre hospitalo-universitaire Habib Bourguiba à Sfax, en remplacement du haut gradé militaire nommé récemment par le ministère de la Santé publique Elle revendique aussi l'amélioration de la situation matérielle du personnel paramédical exerçant dans les établissements publics de santé à travers le reclassement professionnel de plusieurs catégories et l'ouverture de nouvelles perspectives d'avancement ainsi que par le biais de l'ouverture de nouvelles négociations salariales au titre de l'année 2016. La Fédération souhaite, d'autre part, le lancement du chantier de la mise à niveau du secteur de la santé publique à travers notamment l'amélioration des équipements et des capacités financières des établissements publics ainsi que l'ouverture des dossiers de corruption dans le secteur. Elle pointe aussi du doigt la «privatisation à marche forcée» du secteur qui est en train de favoriser l'apparition d'un système de soins à deux vitesses: un système destiné aux riches qui, moyennant des milliers de dinars sonnants et trébuchants peuvent avoir accès sans délai à des soins de qualité prodigués par d'éminents professeurs dans les cliniques privées qui poussent comme des champignons, et un autre système pour les pauvres qui sont obligés de souffrir le martyr et d'attendre souvent plusieurs mois pour se faire soigner, notamment s'il s'agit d'actes chirurgicaux lourds. S'agissant des mesures disciplinaires ayant ciblé des syndicalistes et de la nomination d'un militaire à la tête du centre hospitalo-universitaire Habib Bourguiba à Sfax, le ministre de la Santé, Said Aïdi, affirme avoir agi dans le cadre du respect de la loi et de la transparence totale, indiquant qu'il n'allait pas renoncer à des décisions conformes aux lois et aux réglementations en vigueur. Il a d'ailleurs demandé tout récemment sa demande à être auditionné par une commission de l'Assemblée des Représentants du Peuple ou au cours d'une séance plénière pour expliquer les tenants et les aboutissants de ses diverses décisions. M. Aïdi a également laissé entendre qu'il est victime d'une vaste campagne de dénigrement menée par de puissants lobbies opposés à toute réforme sérieuse du secteur de la Santé publique, sans fournir plus de précision à ce sujet.