-Après huit décennies de silence et d'oubli, l'atelier du baron d'Erlanger a ouvert ses portes hier lundi 15 février lors d'une cérémonie qui s'est déroulée au palais Ennejma Ezzahra. Un retour à la lumière pour un grand peintre orientaliste et un nouvel espace muséographique au sein du Centre des musiques arabes et méditerranéennes. Depuis plusieurs mois, le palais du baron d'Erlanger a vécu au rythme de travaux qui, sans perturber le quotidien du Centre des musiques arabes et méditerranéennes (CMAM), n'en étaient pas moins d'une grande importance. Entre expertise, mécénat et devoir de mémoire En effet, les équipes de l'Institut national du Patrimoine (INP) ont engagé une campagne pour un projet de restauration et de réaménagement muséographique de l'atelier de peinture du baron Rodolphe d'Erlanger au palais d'Ennejma Ezzahra. De fait, ce palais qui accueille surtout des manifestations musicales est également un musée pour l'essentiel consacré à la musique et à l'œuvre du baron qui fut non seulement un musicologue éclairé mais aussi un peintre orientaliste de renom. A sa mort, en 1932, son atelier de peinture avait été délaissé par sa famille, quasiment oublié jusqu'à l'avènement du CMAM en 1994. C'est à cette date que l'atelier de peinture du baron revint à la lumière mais sans toutefois avoir une dimension muséographique. C'est dans cet esprit que se sont déroulés les récents travaux, supervisés par l"INP, appuyés par la Fondation Kamel Lazaar qui effectue ainsi une nouvelle œuvre de mécénat et pensés dans leur démarche par l'équipe du CMAM, avec à sa tête Sofien Feki, le nouveau directeur général. Ces travaux viennent donc de s'achever et l'inauguration officielle de l'atelier de peinture du baron d'Erlanger a eu lieu hier. Désormais, le visiteur pourra aborder l'atelier de manière didactique, alors que les conditions de conservation des tableaux et des objets ayant appartenu au baron ont été mises à jour. Sas en verre et installations hygrométriques Dès aujourd'hui, le public pourra ainsi découvrir palettes, pinceaux et surtout tableaux signés par le baron d'Erlanger durant sa période tunisienne étalée sur deux décennies. Scènes de rues, portraits et paysages composent cette collection d'une soixantaine de tableaux. Ces œuvres font partie de la collection de l'Etat tunisien et avaient été acquises en 1989 lorsque le palais passa dans le patrimoine public, après sa cession par la famille du baron. Ce denier fut un artiste de talent qui aimait taquiner les muses tout en ayant un regard singulier sur les réalités tunisiennes. Il participa régulièrement au Salon des artistes tunisiens entre 1926 et 1931 et laisse des œuvres qui sont autant de documents sur une époque désormais lointaine. Ces œuvres rencontrent maintenant un nouveau destin et vont bénéficier de ce réaménagement muséographique. L'installation d'un sas en verre ou celle d'un système de contrôle hygrométrique sont en ce sens des acquis remarquables. Notons également que tous les meubles ont fait l'objet d'une restauration complète ainsi qu'une dizaine de tableaux qui ont été traités dans le cadre de cette campagne. Le CMAM continue ainsi à mettre en valeur le palais qui l'accueille tout en préservant la mémoire et le génie des lieux. Esthète d'une autre époque, le baron d'Erlanger méritait amplement ce nouvel hommage. De plus, l'ouverture au public de cet atelier de peinture constitue une première dans la mesure où c'est la première fois qu'un atelier historique ouvre ses portes en Tunisie. L'inauguration officielle aura été en ce sens un moment d'émotion doublé d'un voyage dans l'histoire...