La mer, inexorablement, avance, grignote du terrain sur les plages, les complexes touristiques et les routes côtières. Les menaces pesant sur le littoral Nabeul-Hammamet sont bel et bien réelles. Les 20 kilomètres de côtes sableuses particulièrement fragiles ne sont pas épargnés. A certains endroits, c'est 1 à 1,30 mètre de rivage qui disparaît chaque année, parfois même jusqu'à 3 mètres lors de fortes tempêtes. Le constat est sans appel : pollution, déchets des ménages et des activités industrielles, paysages défigurés. Ce processus de transformation a affecté un espace remarquable. C'est dans ce cadre que Madame Kaouthar Aloui Tellich directrice générale de l'Agence de protection et d'aménagement du territoire (APAL) a effectué, dernièrement , une visite de travail au Cap Bon pour s'enquérir de l'état du littoral sud-est de la péninsule. A Nabeul où elle est arrivée accompagnée de son staff et de madame Nadia Zangar El Bey, députée à l'ARP, elle a été accueuillie par les membres de l'Association de sauvegarde de la ville de Nabeul (ASVN), à leur tête, monsieur Zouhaïr Bellamine, président, ainsi que des militants de la société civile locale. Tout ce beau monde a bravé le froid et le mauvais temps pour constater de visu le piteux état dans lequel se trouve un petit bout du littoral nabeulien allant du mausolée de Sidi Slimane à l'embouchure de Oued Souhil. Le spectacle est complètement désolant, le constat est amer: empiètement des constructions sur le DPM, avancée alarmante de la mer, érosion, plage vaseuse et relents nauséabonds au niveau de l'embouchure de la rivière, plastic et PET à tout bout de champ... Le rapport de la visite sera certainement, accablant, le diagnostic peu reluisant et des décisions ne devront pas tarder à être prises. Il est vrai que l'ensablement de certaines côtes du pays peut avoir des conséquences importantes en terme de sécurité, d'économie ou de vie quotidienne pour les riverains. Mais l'érosion est un phénomène naturel activé par la mer, la pluie, le vent, contre lequel il est difficile de se battre. À cela il faut ajouter la main de l'homme: l'aménagement des bassins versants, la construction de barrages, de ports ou de digues peuvent accélérer, aggraver ou modifier ce phénomène naturel. C'est le cas des dunes bordières de la plage de Nabeul. « Le littoral est sérieusement menacé. La mer qui gagne du terrain sur la terre, résulte en effet principalement de l'intervention humaine. C'est elle qui est directement responsable de la défiguration du littoral ces dernières décennies. Les ports construits à Beni Khiar et Hammamet ont, en déviant les courants marins, profondément perturbé les apports naturels en sable et déréglé la nature» avoue Rached Khayati , écologiste et fervent défenseur de la nature.Certains aménageurs appellent à l'installation de brise-lames à l'intérieur de la mer pour dévier les courants forts vers les "Sablettes» et par conséquent atténuer l'impact de la houle sur la plage du centre. Mais la dégradation du littoral se poursuit avec tous les risques que cela comporte. Le problème de l'érosion représente non seulement une menace pour le développement touristique, mais également une forte atteinte à la pérennité des infrastructures, ce qui implique de la part des services concernés une gestion intégrée pour préserver ce littoral. Rappelons que ce littoral possède un attrait touristique majeur et présente un intérêt écologiste de première importance et un intérêt économique. Il constitue un patrimoine paysager naturel d'une grande valeur. Le plus important aujourd'hui réside dans une solution qui tienne compte des dangers guettant le littoral. Les services concernés sont interpellés pour la protection des plages et l'écosystème de la ville. D'où la nécessite de mener des études approfondies tenant compte de tous les paramètres naturels (houle, courants, érosion du sol,...) pour apporter des solutions adaptées à ce phénomène de dégradation continue du littoral.