Déjà plombé par l'attentat de Sousse, le secteur du tourisme sombre lentement avec son lot de fermetures d'hôtels et de licenciements. La situation du marché français se complique avec la faillite des tour-opérateurs. Le dernier, c'est Fram qui reste un des plus gros voyagistes nationaux et qui a transporté plus de 50.000 personnes cet été. Fortement implanté dans le bassin méditerranéen, ce tour-opérateur avait été frappé de plein fouet suite au printemps arabe. Fram faisait plus de 100.000 clients sur la destination Tunisie. Il s'était même offert le luxe d'investir dans l'hôtellerie tunisienne avec le lancement des clubs labellisés « Framissima ». Son fondateur, Philippe Polderman, proposait à l'époque à la clientèle, en majorité provinciale, des séjours au soleil « tout compris » à un prix abordable. L'idéal, à l'époque, pour les classes moyennes. Désabusés, depuis une dizaine d'années, les goûts et les attentes du public ont évolué pour changer les modes de consommation aussi, notamment avec Internet. Le modèle économique qui a fait le succès de Fram est à bout de souffle : l'heure n'est plus aux structures intégrées où les salariés conçoivent des produits touristiques distribués par ses agences, tandis que les vacanciers sont hébergés dans ses propres hôtels ou clubs. Par ailleurs, les révolutions arabes ont fait fuir la clientèle à destination de la Tunisie. À cela s'ajoutent les effets de la crise économique. Résultat, Fram a donc vu baisser sa clientèle en plus de son chiffre d'affaires et ses pertes s'accumuler. Ce recul a plombé les professionnels du tourisme français car la Tunisie était une destination prisée des familles attirées par des packages souvent à prix très compétitifs. La faillite de Fram constitue un naufrage sournois qui risque de traumatiser durablement le tourisme tunisien. Le TO a tourné le dos à la destination avec la vente de ses deux hôtels, le Regency Monastir (4 étoiles, 406 lits) et la Palmeraie de Tozeur (4 étoiles, 212 lits) Karavel Promovacances a décidé de sauver le voyagiste Fram. Dans un communiqué de presse, le voyagiste Fram basé à Toulouse a confirmé s'employer "à une procédure de cession avec le management de Karavel et son actionnaire LBO France." Ce projet permettra "d'assurer la poursuite de l'activité, la sauvegarde de la très grande majorité des emplois ainsi que la préservation des intérêts des clients, des fournisseurs et des différents acteurs de la profession" a ajouté le TO. A la suite du dépôt de bilan de Fram, le Syndicat national des agences de voyages (SNAV) a diffusé un communiqué pour rassurer les clients du tour-opérateur. Il y explique qu'ils sont assurés et que, dans tous les cas de figure, ils n'auront pas à repayer leurs nuits d'hôtels ou leurs billets d'avion. L'occasion pour le SNAV de rappeler que "la profession d'agent de voyages est réglementée, avec l'exigence d'une garantie financière destinée à protéger les clients qui ont réservé leurs vacances par l'intermédiaire d'une agence de voyages régulièrement immatriculée". Les hôteliers tunisiens sont dans l'impasse. Certains attendent la décision du nouveau preneur, d'autres continuent à travailler sans se soucier de la nouvelle donne. C'est le cas notamment du Golf Beach à Djerba géré par le T.O dont le contrat est cependant maintenu. « Notre hôtel est toujours labellisé Framissima et notre contrat est toujours valable » confirme Issam El Messabi, PDG de la société propriétaire de l'établissement. Bref la situation pourra s'améliorer avec Karavel Promovacances qui avance l'intention d'investir quelque 50 millions d'euros dans l'entreprise et de conserver environ 75% des effectifs.