Le secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Houcine Abbassi, a annoncé hier, le démarrage imminent d'un nouveau round de négociations sociales dans le secteur privé. «Un courrier officiel sera adressé à l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) dans les jours à venir pour la signature d'un communiqué commun qui marquera le démarrage officiel d'un nouveau round des négociations sociales», a déclaré M. Abbassi en marge d'une conférence sur l'économie sociale et solidaire. Le responsable syndical a également indiqué que le nouveau round de négociations sociales dans le secteur public débutera au cours de cette semaine après la signature récente d'un communiqué commun entre le gouvernement et l'UGTT. Le nouveau round de négociations sociales dans le secteur privé s'annonce d'autant plus difficile que des frictions ont éclaté récemment entre les centrales syndicale et patronale. Le secrétaire général de l'UGTT avait en effet mis le feu aux poudres fin avril en affirmant que «la plupart des hommes d'affaires tunisiens courent derrière les avantages fiscaux, évitent de payer l'impôt, soutiennent la centralisation économique et refusent l'investissement dans les régions intérieures ». Enfonçant encore un peu plus le clou, M. Abbasi a aussi déclaré que «beaucoup d'hommes d'affaires en Tunisie se contentent de leurs postes de prestige au sein de l'UTICA et oeuvrent à privatiser toutes les entreprises publiques pour soutenir la logique d'exploitation des ouvriers». Ces propos ont visiblement irrité les dirigeants de l'UTICA. Le conseil national de l'organisation patronale a en effet estimé dans un communiqué que les déclarations du numéro un de l'UGTT «pourraientt avoir un impact négatif sur la situation sociale dans le pays». Les membres du conseil national ont noté que «la persistance des difficultés économiques dans le pays et la tension qui marque la scène sociale à cause des grèves, des sit-in et des protestations, se sont répercutés de manière négative sur l'activité économique, tout en menaçant la paix sociale». La présidente de l'UTICA, Wided Bouchemmaoui est, quant à elle, allée jusqu'à faire assumer la responsabilité de la baisse des investissements dans le pays à l'UGTT. «Avec la multiplication des grèves dans la plupart des secteurs d'activité, une baisse de plus de 50% de la productivité et la prolifération de l'absentéisme, le travail est devenu l'exception. Qui oserait investir ou créer de la richesse dans ce climat délétère» ?, s'est-elle interrogé. «La réussite des hommes d'affaires n'est pas un crime. Proférer des contre-vérités sur la probité des hommes d'affaires et leur patriotisme dans cette période cruciale que connait le pays est malvenu», a-t-elle aussi martelé. A noter par ailleurs que l'UGTT et l'UTICA avaient signé en mai 2014 un accord relatif aux augmentations salariales dans le secteur privé malgré une conjoncture économique nationale morose. Cet accord a porté sur des augmentations salariales de 6% ainsi qu'une majoration de 10 dinars de l'indemnité du transport au profit de quelque 1,5 million de salariés répartis sur plus de 50 secteurs d'activités régies par des conventions collectives sectorielles