La quinzième édition du festival du cinéma de la paix aura lieu du 23 au 30 mars à Tunis, Djerissa et Bizerte. Des films du Kazakhstan, d'Europe, du Maghreb, d'Afrique du sud, d'Egypte et de Palestine seront projetés en présence de plusieurs de leurs réalisateurs. En clôture du festival, le groupe de jazz oriental tuniso-allemand "Beyond Borders Band" en concert dans les trois villes participantes Quinze ans déjà! Créé par la Fédération tunisienne des ciné-clubs (FTCC), le festival du cinéma de la paix s'apprête à souffler sa quinzième bougie. A ses débuts, ce festival a connu bien des difficultés du fait des autorités de l'époque qui y voyaient, à juste titre, un espace de résistance par le cinéma et le débat. Manifestation militante dès ses débuts, ce festival a dû, pendant de nombreuses sessions, jouer à cache-cache avec les autorités qui ne sont pas allées jusqu'à l'interdire mais ont souvent mis des bâtons dans les roues de cette initiative de la FTCC qui, faut-il le rappeler, a été aussi à l'origine des Journées cinématographiques de Carthage. De fait, ce festival du cinéma de la paix porte encore la première étincelle des JCC, est toujours irrigué par la quête d'un cinéma différent et d'une culture alternative, pose encore le primat de la culture et de l'action par le cinéma. Comme le montrait récemment la rencontre des réalisateurs de films, cette étincelle est toujours présente et alimente encore le désir de cinéma et la vocation militante des ciné-clubs. Dommage, au fil des sessions, les JCC ont été détournées de leur essence pour se transformer en rendez-vous mondain, en parade dérisoire sur des tapis rouges qui cachent bien des avanies. Heureusement que des manifestations comme le festival du cinéma de la paix continuent leur chemin avec rigueur, créativité et passion. Heureusement qu'il existe encore dans le paysage cinématographique tunisien pareilles initiatives dont les seuls moteurs sont l'amour du cinéma et la volonté de participer à l'éducation populaire. Heureusement que la passion et la cinéphilie sont toujours au rendez-vous malgré les pesanteurs d'une culture dominante qui désormais ne se soucie plus d'idéologie autant qu'elle dilapide l'argent public dans des fêtes factices. Réseautage et décentralisation La quinzième édition du festival du cinéma de la paix aura lieu du 23 au 30 mars. Pour cette édition, les organisateurs viennent d'apporter une importante innovation puisque, outre la capitale, le festival rayonnera sur les villes du Kef et de Bizerte. En effet, si l'ouverture officielle du festival aura lieu à Tunis le 25 mars, la manifestation démarrera au Kef le 23 mars et se terminera à Bizerte le 30 mars. Ainsi, cette année, le festival aura trois séquences distinctes. En premier lieu, la ville du Kef accueillera des projections du 23 au 25 mars. Ensuite, Tunis sera le coeur vibrant de la manifestation du 25 au 29 mars, date de la clôture officielle. Enfin, Bizerte organisera son cycle du 28 au 30 mars. Ce souci décentralisateur de la FTCC est louable. Il est concrétisé avec l'appui des délégations culturelles régionales du Kef et de Bizerte, partenaires du festival du cinéma de la paix. En ce sens, le festival du cinéma de la paix compte de nombreux partenaires parmi lesquels le Centre national du cinéma et de l'image (CNCI), la Fondation allemande Friedrich Ebert, l'institut de recherche pour le Maghreb contemporain (IRMC) et l'Institut culturel francais. Notons également le soutien de Pivo digital agency et Al Mawrad ainsi que celui du ministère de la Culture à travers ses antennes régionales et son CNCI. Tous ces soutiens conjugués permettent aux organisateurs d'envisager sereinement cette nouvelle session dont le programme est à la hauteur des attentes. Les reflets pacifiques du monde A Tunis, c'est la salle du Mondial qui accueillera le festival. Ouverte à tous les arts, cette salle retrouvera sa vocation cinématographique pour un temps et se souviendra probablement que pendant quelques années, elle avait porté le nom du cinéaste palestinien Hani Jawharia. Désormais dirigée par Mohamed Driss, le Mondial est peu à peu devenu le rendez-vous des cultures alternatives et un lieu de formation dans les domaines du cinéma et du théâtre. Notons par ailleurs que le festival élira domicile à Bizerte à la maison de la culture Cheikh Idriss et au Kef dans la basilique byzantine et aussi à la maison de la culture de Djerissa. Le programme du festival comprend de nombreux films de toutes provenances. Nous verrons en effet des oeuvres du Kazakhstan, du Maroc, d'Egypte, de France, d'Afrique du sud, d'Espagne et de Palestine. Bien entendu, le cinéma tunisien sera également présent. Le thème choisi pour cette édition s'intitule "Personnalités et personnages dans le cinéma" et permettra d'articuler le rapport entre les oeuvres sélectionnées. Il est important de souligner que les projections seront suivies de débats et que ces derniers seront en général tenus en présence des réalisateurs. Plusieurs invités du festival donneront des conférences ou participeront à des discussions. Citons en ce sens la réalisatrice égyptienne Safa Fathi et aussi Maria Ruid (Espagne), Joseph Ouadi (France-Maroc) et Kamel Rgaya (Tunisie). C'est la maison Ibn Khaldoun qui abritera les rencontres culturelles, notamment une table-ronde avec Safa Fathi sur les déconstructions au cinéma qui sera animée par Adnen Jdey et une autre avec Kamel Regaya qui portera sur la notion de personnage au cinéma. Quant aux débats, ils se dérouleront immédiatement après la projection des films, au Mondial. Notons qu'une sélection de films sera projetée à Djerissa et à Bizerte. Il fallait une cerise au-dessus du gâteau! Elle revêtira la forme de trois concerts de jazz oriental qui seront donnés à Tunis, le Kef et Bizerte par le groupe tuniso-allemand "Beyond Borders Band". Belle idée que de diffuser cette formation sur les trois sites du festival. En effet, le groupe se produira le 25 mars à la maison Cheikh Idriss à Bizerte, le 29 mars au Mondial à Tunis et enfin le 30 mars à la basilique du Kef. Une intéressante manifestation en perspective qui ne manquera pas de nous réconcilier avec le cinéma de qualité et aussi avec les échos pacifiques du monde. Coup de chapeau à la jeune équipe de la FTCC qui est pour beaucoup dans le frémissement culturel et cinématographique actuel et tous nos voeux de succès au festival du cinéma de la paix qui entame dans quelques jours la passe de quinze.