Un sérieux bras de fer s'annonce entre le gouvernement et l'Union Générale Tunisienne du travail (UGTT) sur le très sensible dossier des augmentations salariales au profit des fonctionnaires et des salariés des établissements publics. L'annonce relative au report des négociations sociales dans la fonction publique et le secteur public à 2015 faite vendredi par le porte-parole du gouvernement, Nidhal Ouerfelli, a suscité le courroux de la puissante centrale syndicale qui revendiqueplus de 700.000 adhérents. «Nous sommes attachés bec et ongles au lancement d'un nouveau round de négociations salariales au titre de l'année 2014 avec le gouvernement de Mehdi Jomâa. Ces négociations ne sont pas un cadeau que le gouvernement va nous offrir mais une nécessité absolue au regard des retombées de la politique sociale mise en œuvre par l'actuel exécutif sur le pouvoir d'achat des salariés», a martelé le porte-parole officiel de l'UGTT Sami Tahri. Et d'ajouter : « Nous allons examiner la riposte adéquate à cette décision unilatérale et à l'arrogance dont a fait preuve le porte-parole du gouvernement». M. Tahri a également fait savoir que des réunions des commissions administratives sectorielles seront tenues prochainement pour examiner les mesures à prendre et amener le gouvernement à accorder des majorations salariales aux fonctionnaires et des salariés des établissements publics (entreprises, Offices ...etc). Le porte-parole du gouvernement, Nidhal Ouerfelli avait déclaré vendredi à l'issue d'une réunion du Conseil des ministres que les négociations sociales dans le secteur public et la fonction publique se dérouleront en 2015 après le départ de l'actuel gouvernement de technocrates et l'entrée en fonction d'un nouveau cabinet issu des élections législatives du 26 octobre. Le gouvernement explique cette décision par les fortes pressions sur les finances publiques. La déclaration de M. Ouerfelli qui intervient juste après la multiplication de grèves touchant plusieurs secteurs d'activité tels que la santé, la sécurité sociale, les télécoms et la poste risque de provoquer une grave détérioration du climat social. L'UGTT s'est jusqu'ici attachée à des augmentations salariales de 6% au moins au profit des quelque 800.000 fonctionnaires et salariés des entreprises et établissements publics afin de compenser la baisse du pouvoir d'achat de cette catégorie de travailleurs. L'organisation ouvrière se base sur les données officielles de l'Institut national de la statistique (INS) faisant état d'un taux d'inflation qui tourne autour de 6% depuis le début de l'année en cours, tout en mettant en avant le fait que 2013 a été une année blanche. En dépit d'une conjoncture économique nationale morose, l'UGTT et l'Union tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) ont signé en mai dernier un accord relatif aux augmentations salariales dans le secteur privé. Cet accord porte sur des augmentations salariales de 6% ainsi qu'une majoration de 10 dinars de l'indemnité du transport au profit de quelque 1,5 million de salariés. Cet accord entre la centrale syndicale et l'organisation patronale a été cependant assorti de la mise en place de commissions mixtes chargées d'examiner les moyens d'amélioration de la productivité dans le secteur privé et de l'amélioration du pouvoir d'achat des salariés à travers la maîtrise de la flambée des prix des produits de base, la lutte contre le marché parallèle et la réforme du Code fiscal. Il est à rappeler, d'autre part, que le ministère desAffaires sociales avait annoncé en mai dernier une augmentation de 11%, à partir du 1er mai 2014, des salaires minimums garantis au profit d'environ 900 000 employés.