Le Temps-Agences- Les deux Corées sont convenues hier de bâtir un régime de paix permanent dans la péninsule, que divise depuis 1953 la dernière frontière héritée de la Guerre froide. Les observateurs estiment toutefois que la portée de cet engagement, pris à Pyonyang à l'occasion du second sommet intercoréen en plus d'un demi-siècle, sera limitée par les résistances à l'ouverture du régime communiste reclus du Nord. "La Corée du Nord et la Corée du Sud partagent l'idée qu'elles doivent mettre fin à l'armistice actuel et bâtir un régime de paix permanent", affirment conjointement Kim Jong-il et Roh Moo-hyu à l'issue de leur sommet de trois jours. Les deux dirigeants annoncent qu'ils vont engager le mois prochain des pourparlers avec la Chine et les Etats-Unis en vue de mettre officiellement un terme à la guerre de 1950-53, qui s'est achevée par un simple armistice. Le président américain George Bush a d'ores et déjà fait savoir que Washington étudierait la possibilité de négocier un traité de paix si le régime de Pyongyang démantelait son programme nucléaire militaire. La Corée du Nord a précisément annoncé qu'elle acceptait de démanteler son réacteur de Yongbyon et rendre compte de ses autres activités nucléaires avant la fin de l'année dans le cadre d'un accord conclu à six - Corée du Nord, Corée du Sud, Etats-Unis, Chine, Russie et Japon. Les deux Corées sont convenues par ailleurs d'établir leur première liaison ferroviaire de fret depuis la fin de la guerre et de développer une concertation au niveau gouvernemental, notamment dans le domaine de la défense. Elles ont décidé en outre de mettre en place une zone de coopération dans un secteur litigieux de leur frontière maritime occidentale, en mer Jaune. Le président Roh s'était rendu au sommet de Pyongyang avec l'objectif affiché de rendre la péninsule plus sûre et d'aider l'économie délabrée de son voisin nordiste, dont Séoul craint les conséquences d'un effondrement éventuel. Mais il ne semble pas avoir vraiment brisé la glace. "Les résultats sont plus modestes que ce que j'attendais", confie l'analyste Kim Young-yoon de l'Institut de Corée pour la réunification nationale. "La Corée du Sud a proposé de nombreux projets, mais la Corée du Nord a semblé sur la réserve, peu désireuse d'accepter tout." Le porte-parole de Roh a assuré que la rencontre "ouvrirait un nouvel horizon entre le Nord et le Sud". De source autorisé sud-coréenne, on reconnaît toutefois que les relations bilatérales ne pourront s'améliorer que progressivement. Le fossé reste béant entre le Nord paupérisé, isolé et crispé sur lui-même et un Sud prospère devenu la 13ème économie mondiale, avec des industries leaders dans plusieurs secteurs.