Israël a pilonné hier de nombreuses cibles dans la bande de Gaza, ajoutant qu'un cessez-le-feu n'était pas à l'ordre du jour alors que l'Onu et les Etats-Unis intensifient les efforts pour obtenir une trêve après deux semaines de conflit. Le secrétaire d'Etat John Kerry a entamé des entretiens en Egypte, qui a présenté une proposition de cessez-le-feu jusqu'ici rejetée par le Hamas, et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon était attendu dans la journée en Israël. Les décès enregistrés hier lors de frappes israéliennes à Khan Younès, Beit Hanoun ou Beit Lahiya portent le nombre de morts à 546 côté palestinien, dont une centaine d'enfants, selon un bilan fourni par les responsables de la Santé à Gaza. Israël dit avoir tué 183 combattants palestiniens et perdu 27 soldats, soit trois fois plus que ses pertes lors de la dernière opération terrestre à Gaza, «Plomb durci», pendant l'hiver 2008-2009. Deux militaires ont péri au cours des dernières 24 heures. L'Etat israélien déplore également la mort de deux civils, tués par des tirs de roquettes. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, a annoncé de nouveaux tirs de roquettes sur l'Etat israélien. Les sirènes ont retenti à Tel Aviv et une roquette a fait deux blessés légers en tombant sur une commune proche de l'aéroport international Ben-Gourion, selon des responsables israéliens. Israël a lancé son offensive «Bordure protectrice» le 8 juillet pour faire cesser les tirs de roquettes et les infiltrations d'activistes par les tunnels qui relient l'Etat israélien à la bande de Gaza. Le cessez-le-feu «n'est pas proche», a déclaré la ministre israélienne de la Justice Tzipi Livni, parmi les ministres les plus modérés du gouvernement de Benjamin Netanyahu. «Je ne vois pas de lumière au bout du tunnel», a-t-elle dit à la radio militaire israélienne. «Ce n'est pas le moment de parler d'une trêve», avait estimé lundi Gilad Erdan, ministre israélien des Communications et membre du cabinet restreint. «Nous devons aller au bout de la mission, et cette mission ne peut s'achever tant que la menace des tunnels n'est pas levée», a-t-il déclaré à la presse. L'armée a annoncé qu'un soldat était porté manquant et présumé mort, deux jours après la revendication par le Hamas de l'enlèvement d'un militaire, saluée par des cris de joie dans la bande de Gaza. L'armée, citée par la dixième chaîne israélienne, est convaincue que le soldat est mort aux côtés de six camarades dans l'attaque d'un transport de troupes dimanche, mais elle n'a pu identifier que six corps. Tsahal estime que personne n'a pu survivre au tir qui a frappé de plein fouet le véhicule blindé. La violence s'est étendue à la Cisjordanie où des médecins font état de la mort d'un Palestinien tué par l'armée lors de la dispersion de manifestants jetant des pierres. Israël signale aussi qu'un Palestinien a tiré sur une voiture et gravement blessé un Israélien hier dans le secteur de Nabouls. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé lundi soir au Caire et, lors d'un entretien avec le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, a annoncé une aide de 47 millions de dollars (35 millions d'euros) pour les habitants de Gaza. Il s'est entretenu hier avec son homologue égyptien Sameh Choukri. L'Egypte a joué un rôle capital pour obtenir un cessez-le-feu lors du précédent conflit entre Israël et le Hamas en novembre 2012, mais le pouvoir égyptien était alors aux mains des Frères musulmans, alliés du mouvement islamiste palestinien, alors que les nouvelles autorités lui sont ouvertement hostiles. «Nous espérons que la visite (de Kerry) aboutira à un cessez-le-feu de façon à assurer la sécurité dont a besoin le peuple palestinien et à ce que nous puissions commencer à aborder les questions de moyen et de long terme concernant Gaza», a déclaré Sameh Choukri. Le secrétaire d'Etat prévoit de rester au Caire jusqu'à ce matin mais il n'a pas encore fixé la date de son départ de la région et il pourrait se rendre au Qatar, qui entretient des liens étroits avec le Hamas et accueille son chef en exil, Khaled Méchal. Des groupes palestiniens ont réclamé une trêve humanitaire de cinq heures hier pour permettre aux civils d'aller s'approvisionner mais Israël a refusé en invoquant des questions de sécurité, a-t-on appris auprès du ministère de la Défense. Ban Ki-moon devait se rendre dans l'Etat israélien hier pour y rencontrer le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Il ira aussi en Cisjordanie pour y rencontrer les dirigeants palestiniens. Le Hamas, affaibli ces dernières années par la perte de l'Egypte et de la Syrie comme alliés, affiche sa détermination à se battre pour obtenir la levée du blocus imposé par Israël sur la bande de Gaza après la prise de l'enclave par le Mouvement de la résistance islamique en 2007. «Le monde doit comprendre que Gaza a décidé de mettre fin au blocus par son sang et son héroïsme», a déclaré le chef adjoint du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans un discours à la télévision.