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Le vaccin miraculeux est-il à la portée ?
Dites nous Docteur - Cancer et Maladies Sexuellement transmissibles
Publié dans Le Temps le 02 - 10 - 2007

- Vaste tour d'horizon avec le Professeur Mongi Maâlej
Malgré les grandes avancées de la recherche scientifique sur le cancer, il reste l'une des pathologies les moins connues par la science en dépit de la multiplication des recherches qui ont été entreprises sur ses diverses variétés.
D'ailleurs, le fait d'affirmer que les origines de la maladie sont inconnues dans deux tiers des cas recensés renforce cette thèse. Toutefois, ce constat de détresse face à la propagation du cancer n'empêche pas d'affirmer que la pathologie a été maîtrisée pour certaines variétés telles que le cancer du col de l'utérus où la science a fait une percée notable. Les recherches ont permis de lui découvrir un vaccin qui s'est avéré efficace dans 95 % des cas. Seules, quelques origines atypiques échappent à cette thérapie. Ce vaccin fait certes ses premiers pas mais ses résultats sont prometteurs et les chercheurs réfléchissent déjà aux moyens les plus efficaces pour sa mise sur le marché. Sa commercialisation répond, en effet, à certaines spécificités qui ne sont pas systématiquement les mêmes, ici, et ailleurs. Pour mieux éclairer l'opinion publique sur l'évolution de cette maladie en Tunisie, le Temps s'est adressé au Professeur Mongi Maâlej, chef de service de radiothérapie à l'Institut Salah Azaïez de Tunis qui a aimablement fourni les explications suivantes :

Le Temps : Comment vous faites l'évaluation du cancer du col de l'utérus en Tunisie ?
Le Professeur Mongi Maâlej :
Le cancer du col est le 2ème cancer de la femme dans notre pays. Il vient derrière le cancer du sein. Mais si l'incidence de ce dernier s'aggrave de façon remarquable, celle du cancer du col reste relativement stable. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, plus de 500.000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année dans le monde et 250.000 à 300.000 par an. 80% de l'ensemble des cas se voient dans les pays sous développés.

. Qu'en est-il pour la Tunisie ?
- L'Institut Salah Azaïez (ISA) constituait la seule source d'information concernant ce cancer puisque sa prise en charge se faisait pratiquement exclusivement dans cet établissement. Dès les années 90, les gynécologues se sont intéressés à cette pathologie. Par ailleurs, la multiplication des centres de prise en charge dans le secteur, public et privé, à Tunis, à Sfax et à Sousse, ont fait que la partie prise en charge par l'ISA n'était que partielle.
Des données précises ont été apportées par une étude que nous avons menée avec la collaboration de tous les médecins qui touchent à cette pathologie : les anatomopathologistes, les radiothérapeutes, les gynécologues et chirurgiens_. Cette étude portait sur tous les malades ayant un cancer du col diagnostiqué en Tunisie en 1994 (année de recensement national). Nous avons publié ce travail dans le Journal Européen de Gynécologie Obstétrique et Reproduction en 2004. En somme, les résultats étaient étonnants. Ainsi, les taux d'incidence (standardisés) de ce cancer étaient de 5,9 pour 100.000 femmes par an puisque 195 nouveaux cas de cancers invasifs ont été recensés. Ces taux étaient plus faibles que ceux des autres pays comme la France (10 ), ou le Brésil ( 49 ) ou encore le Zimbabwe ( 67 ) pour la même période, mais plus élevés que ceux de la Finlande ( 3,6) par exemple. Les régions sont différemment touchées par cette maladie : Tunis est la plus touchée et Sfax et Kasserine les moins touchées. L'âge moyen des malades lors de la découverte de la maladie est de 54 ans.
Ces femmes se sont mariées jeunes à 19 ans en moyenne dont plus que la moitié avant 16 ans ! Le nombre moyen des enfants pour ces femmes atteintes de cancer est en moyenne de 5 à 6 enfants ! Le quart de ces malades avait plus de 8 enfants ! La maladie est souvent découverte assez tardivement, plus de 60% ont des stades avancés.

. Quelles sont les conclusions que vous tirez de ce travail ?
- C'est la première fois que nous disposons de chiffres nationaux fiables pouvant aider les décideurs à adapter la meilleure stratégie dans la lutte contre ce cancer.La fréquence du cancer du col en Tunisie reste toujours faible par rapport à d'autres pays. Elle restera très probablement assez faible pour les années à venir puisque l'âge légal de mariage qui a été relevé en 1957 va pouvoir continuer à apporter ses fruits. Les relations sexuelles restent comme même dans la plupart de nos régions limitées aux mariages.
La présentation clinique se fait à un stade souvent tardif ce qui affecte les chances de succès des traitements. Donc, un effort considérable d'information du public et de formation des médecins de 1ère ligne, ainsi de perfectionnement des spécialistes qui prennent en charge ces malades, est nécessaire.
Le geste de dépistage est amplement justifié pour réduire l'incidence de ce cancer. Dans les pays développés comme dans les pays scandinaves où la fréquence de ce cancer est très basse en suivant une politique de dépistage systématique des lésions précancéreuses (dysplasie). Même dans les formes de dysplasie (transformation qui précède l'apparition du cancer), ou de cancer in situ (le stade qui précède le véritable cancer) la guérison est assurée à 100%.

. Quels sont les rapports entre le cancer du col et le virus ?
- La relation entre le cancer du col utérin et un virus a été suspectée puis bien établie. Le papilloma virus humain (HPV) est responsable de 90 - 95% des cancers du col. La découverte de cette relation est relativement ancienne et elle répondait aux interrogations posées sur ce cancer. En effet, ce cancer se voit exceptionnellement chez la femme célibataire n'ayant pas eu de rapports sexuels, et plus fréquemment chez la femme ayant eu plusieurs partenaires, avec une activité sexuelle intense (plusieurs partenaires, plusieurs maris, plusieurs grossesses, plusieurs enfants ...).Cette situation fait de cette affection « une maladie sexuellement transmissible ». Autrement dit, ce virus qui se transmet de l'homme à la femme, et de la femme à l'homme par contact intime génital est responsable de transformations cellulaires qui aboutissent dans certains cas à un véritable cancer (délai de 10 à 15ans). L'homme ne développe pas de maladie grave, alors que la femme peut développer des transformations cellulaires du col utérin, qui peuvent aboutir à un véritable cancer. Il existe plusieurs types de virus appartenant au groupe « papilloma humain », mais les virus les plus incriminés sont les types 6, 11, 16 et 18.

.Quand se fait cette contamination ?
- L'infection par ces virus atteint la femme dès les premiers rapports par des hommes infectés (porteurs sains de ces virus). C'est pour cette raison que l'infection de la femme est fréquente. En France, plus de 2 femmes sur 3 rencontreraient ce virus au moins une fois au cours de leur vie sexuelle. Chez plus de 70 % des femmes, le virus disparaît spontanément, les autres vont se conserver et développent une infection persistante. Chez un certain nombre d'entre elles, cette infection évolue en une dysplasie puis en un cancer in situ puis un cancer invasif. Cette infection survient de 10 à 20 ans avant le développement du cancer c.à.d dès l'âge jeune de la femme (20-30 ans) On peut dire donc que le virus est la cause principale du cancer du col utérin.

.Qu'en est-il de la Vaccination ?
- La mise au point d'un vaccin qui prévient et éradique l'infection par le HPV, et par la suite le cancer du col constitue un évènement majeur dans le domaine scientifique et médical tant attendu par les spécialistes. Cette vaccination ne couvre pas tous les types de HPV, mais elle est dirigée contre les principaux virus responsables de la transformation cellulaire qui aboutit au cancer (HPV 6, 11, 16 et 18). Son utilisation a montré son efficacité au-delà de 5 ans, mais pose un certain nombre de problèmes dont certains sont encore mal élucidés . Il est admis qu'il fallait l'utiliser chez les jeunes filles avant tout rapport sexuel c.à .d naïves vis-à -vis du virus. Trois injections à 0, 2 mois et 6 mois permettant d'obtenir des taux d'anticorps suffisamment efficaces vis-à -vis des principaux virus responsables de l'infection HPV chez elles. Ce vaccin a montré son efficacité également chez une population âgée de 15 à 23 ans : en effet on arrivait à prévenir la majorité des infections HPV. Ce vaccin est actuellement disponible dans plusieurs pays depuis une année, sous le nom de « Gardasil ». La vaccination ne devrait pas faire diminuer l'effort de dépistage de ce cancer chez la femme. Il est important de poursuivre la pratique du frottis de dépistage afin de préserver la population non vaccinée

.Y a-t-il des problèmes ou des incertitudes posés par cette vaccination ?
- Ce vaccin protège contre certains virus du groupe HPV, mais pas tous. Est-ce-qu'il n'aura pas de retombées et n'aurait pas de conséquences sur la santé après des délais très lointains ? A cette question, seul un recul suffisant nous le dira. Par ailleurs, le prix de ce vaccin est estimé à 145 Euros x 3 soit plus que 700 dinars en dehors des éventuels rappels après les 5 ou 10 ans !!! Actuellement c'est un coût exorbitant pour notre pays

Ce vaccin parait une solution miracle de même ordre que la variole ou la polio s'il est généralisé à toutes les femmes. Sa réalisation permet à long terme d'éradiquer cette maladie dans 95% des cas. Nous pensons que le cancer du col reste un problème de santé publique dans notre pays. Le nombre de cas enregistrés chaque année reste cependant stable pour une même population. Ce taux devra baisser par l'application de ces recommandations : d'abord, un comportement sain aussi bien pour le garçon que pour la fille, en s'abstinant des rapports pré et extra conjugaux. Sinon une protection efficace par le port de préservatifs. Ensuite, la pratique des frottis cervico vaginaux systématiques pour toute femme dès qu'elle commence une activité sexuelle. Une vaccination pour toutes les filles pré adolescence (lorsque le prix aurait baissé). Cette vaccination pourrait s'étendre aussi au sexe masculin dans l'optique d'éradiquer ce virus comme ce fut le cas de la variole ou la poliomyélite. Cette vaccination anti HPV ne sera un sucès que si nous suivons une politique sanitaire globale entrant dans le cadre d'un plan de lutte contre le cancer.

. Le mot de la fin
- Le modèle de calcul de l'incidence du cancer du col était unique de son genre. Ce modèle a été utilisé pour déterminer l'incidence d'autres cancers comme pour le cancer du sein pour les années 1994 et 2004 et les résultats retrouvés étaient concluants.
Pour ce qui concerne le cancer du col de l'utérus, je peux vous affirmer une vérité que je ne cesse de rappeler à mes étudiants : Ne fait pas de cancer du col de l'utérus qui veut.
Par un comportement sexuel responsable, le futur couple aussi bien l'homme que la femme peut éviter l'infection aussi bien par le HPV que par le virus du SIDA.
Nous nous attendons à d'autres avancées scientifiques pour le cancer du nasopharynx ou du cavum assez fréquent en Tunisie, le SIDA et pourquoi pas pour d'autres cancers ?

Interview réalisé par Mourad SELLAMI


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