Le mois de juin et le début de l'été 2014 s'annoncent chauds politiquement et socialement. On est relativement tranquille pour les grands examens, mais le pays va passer des épreuves plus difficiles que l'organisation du bac ou des différents concours de fin d'année. Le terrorisme frappe maintenant en plusieurs endroits sur nos frontières avec l'Algérie et la Libye ; on annonce le retour de Syrie de centaines de jeunes jihadistes plus ou moins aguerris au maniement des armes et à la guerre des rues. La contrebande des armes continue et les services douaniers n'ont paraît-il pas les moyens d'épingler tous les barons de ce trafic illicite. Les cellules dormantes du terrorisme se terrent momentanément dans les quartiers populaires de nos petites et grandes villes ; les partis islamistes extrémistes comme Hizb Attahrir sont plus actifs que jamais et tiennent partout leurs meetings de mobilisation salafiste. Les mosquées ne sont pas toutes libérées des mains des intégristes. Ansar Chariâa est très entreprenant en Libye, qui sait s'il n'a pas, pour cet été, des visées meurtrières et vengeresses sur la Tunisie. Ennahdha, ce mouvement qu'on croyait assagi après sa sortie du pouvoir, se prépare à proposer parmi ses candidats aux élections présidentielles et législatives, les figures qui ont incarné le fiasco politique et sécuritaire le plus total : en effet on parle du come-back de Hamadi Jebali et de l'autre côté, Ali Lâarayedh fait des réapparitions de plus en plus « fracassantes » ! Du côté de ce qui s'appelait l'Opposition, l'espoir est très faible de réunir les différentes formations dans un nouveau front hostile au retour de la Troïka et du règne d'Ennahdha ! D'ailleurs, le parti de Rached Ghannouchi fait bizarrement les yeux doux aux leaders du Front Populaire et promet, au besoin, de soutenir la candidature de Hamma Hammami à la Présidence ! En ce qui concerne Moncef Marzouki, le Président provisoire, Rached Ghannouchi et les plumes mercenaires et Sihem Badi, (bien sûr) lui remontent le moral et le réconfortent contre les critiques acerbes et les lazzi qu'il ne cesse d'essuyer depuis son investiture et plus récemment après ses prises de position à l'encontre des terroristes de Châambi, à l'égard des Tunisiens, ignares à ses yeux, et à propos de la guerre en Syrie ou des dernières élections en Egypte. Le feu sur l'huile Ajoutez à ce tableau déjà très sombre, la dernière déclaration du mufti de la République, lequel s'autoproclame le représentant du Prophète Mohammed sous nos latitudes. Les ego très gonflés sont légion dans les hautes sphères politiques, académiques religieuses ou autres ; mais une telle « boutade » nous ramène au début du règne d'Ennahdha et de sa Troïka lorsqu'on détournait les Tunisiens de leurs vrais problèmes avec les aberrantes déclarations des prédicateurs wahhabites ou autres qu'on invitait à dessein sur notre sol ! Cette fois, c'est un Mufti pas au-dessus de tout soupçon, qui plus est nommé par Marzouki dans des conditions troubles et même suspectes, qui se jette à l'eau et suscite les polémiques oiseuses autour de sa personne et de certaines lectures de notre Islam. On parle aussi du retour des affaires de viol et de pédophilie dont les auteurs risquent de rester impunis grâce à la couverture dont ils semblent bénéficier de la part de personnalités encore influentes. On revient aux menaces d'attentat contre les personnalités politiques. Notre police n'est pas en reste, on ne lui accorde plus le même préjugé favorable qu'il y a un an ; elle semble plus divisée que jamais et ce n'est pas du tout pour rassurer les citoyens qui en attendent protection, et efficace solidité contre l'ennemi terroriste. En définitive, le décor qu'on est en train de planter n'est guère propice pour un été « paisible », ni pour un début de redressement économique. Le tourisme n'a pas de très beaux jours devant lui, Amel Karboul fait de son mieux au profit de nos unités hôtelières et pour tous les secteurs qui dépendent de la santé touristique en Tunisie ; mais des forces diverses tunisiennes et étrangères ne lui veulent aucun bien, à notre été tunisien 2014 ! Entre panique et espoir Sur le plan social, on annonce de nouvelles augmentations (carburants, électricité et qui sait encore !) après celles qui sont déjà programmées dans certains produits de première nécessité. Les commerçants eux, ne sont presque pas du tout contrôlés ni pour les prix « libres » qu'ils pratiquent ; ni pour l'hygiène dans leurs locaux, ni pour quoi que ce soit. Les Ministères concernés ont paraît-il d'autres chats à fouetter. A propos des Ministères justement, ils sont presque tous harcelés par des sit-inners en colère pour des droits usurpés, pour des accords non conclus ou pas mis en application, pour des titularisations, et pour toutes sortes de revendications opportunes ou inopportunes. On revient, à la faveur de ce climat très fluctuant, à la période où Béji Caïed Essebsi était chef du Gouvernement ! A l'époque, tout le monde s'était mis à énumérer ses droits spoliés et à demander justice illico presto ! Aujourd'hui, Mehdi Jomâa et son équipe sont quasiment dans la même posture, sauf que cette fois, les caisses de l'Etat sont pratiquement vides. La Tunisie emprunte sans cesse à tout le monde, elle mendie aussi quelques dons insignifiants par-ci par-là ; le phosphate ne se vend toujours pas bien ; le marché parallèle fait oublier un tant soit peu les taux toujours élevés du chômage, les diplômés de l'Université ont peu d'espoir d'être un jour embauchés en nombre conséquent ! Il y a toujours de l'électricité dans l'air, et phénomène étrange, le nombre des suicides enregistrés ces derniers jours assombrit encore notre tableau (jeunes désespérés, pères ou mères de familles, agents de l'ordre), sans compter la criminalité et la délinquance qui bénéficient du climat sécuritaire fragile sévissant dans notre pays depuis au moins deux années entières. Bref attendons-nous à un été « infernal » : et prions, après Dieu, notre Garde Nationale, notre armée, Hafter en Libye et les militaires algériens pour que l'incendie estival redouté soit maîtrisé et fasse souffler quelque zéphyr rafraîchissant et revigorant sur nos terres et sur celles de nos voisins!