Dans une Tunisie qui se dit en plein chantier pour construire les balises et les piliers d'une ère nouvelle dont la démocratie est le dessein final, la presse en voit des vertes et des pas mûres. Il y va sans dire que pour fonder un Etat civil et de Droits, la liberté et l'indépendance de la presse en est la pierre angulaire. Sauf que certains de nos apprentis politiques ne le voient pas de cet oeil-là. Tout porte à croire que depuis quelques semaines une sauvage campagne est lancée contre les médias tunisiens. Entre nominations parachutées et partisanes, poursuites en justice, limogeages abusifs et licenciements à la pelle. Le sempiternel compromis polémique entre média et politique Dernière affaire en date, celle du journaliste Sofiane Ben Farhat qui après avoir choisi de démissionner de la chaine privée Nessma Tv, se retrouve injustement congédié et démis de ses fonctions au sein de la radio privée Shems Fm. Une radio qui, pour le remercier de ses bons et loyaux services et d'avoir fait accroitre son taux d'audimat, le met à la porte. Depuis c'est la grande polémique. Après avoir été insulté, offensé et menacé même par un des membres du Conseil de la Choura du mouvement Ennahdha, M. Hamza Hamza, le journaliste Sofiane Ben Farhat se retrouve démis de ses fonctions. Dès lors que l'affaire a éclaté, il accuse le DG de ladite radio, M. Fathi Bhouri d'avoir agi sous les ordres du parti majoritaire au pouvoir. Le Directeur Général de Shems, aurait, selon notre confrère Sofiane Ben Farhat, tout bonnement exécuté, sous la pression, l'une des menaces de M. Hamza Hamza (malmener les deux journalistes qui l'ont interviewé). Congédié, notre confrère a entamé depuis deux jours une grève de la faim au sein des locaux de la radio Shems Fm. Se ont accouru à son secours une centaine de fervents défenseurs de la liberté d'expression, des droits de l'Homme et un très grand nombre de journalistes tous médias confondus. Soutenu par le Syndicat national des Journalistes, Sofiane Ben Farhat nous déclare que «Après la prise de position honorable du Syndicat de la télévision nationale, du SNJT et du Syndicat général, un des responsables de la radio Shems Fm et qui est au même temps un rédacteur en chef, a contacté l'un des membres du syndicat pour critiquer la position des syndicats, lui faire comprendre que ce n'est pas leur affaire et qu'ils n'ont pas à intervenir. Pour moi, il ne s'agit pas de réclamations de droits professionnels. Ce licenciement abusif est plutôt une violation de la liberté d'expression. Ou comment expliquez-vous que dans les deux médias privés, je sois réprimandé et licencié après avoir eu des altercations et des insultes-même de la part de deux invités faisant partie du parti Ennahdha !» Soufiène Farhat, un journaliste qui dérange Un dur à cuire et qui semble déranger, voilà comment est considéré depuis un long moment Sofiane Ben Farhat. Une discorde avec le directeur de Nessma Tv suite à une émission où l'invité n'est autre que Houcine Jaziri. Une énième discorde avec le directeur général de Shems Fm suite à un plateau radio avec Hamza Hamza. Deux émissions, deux invités faisant partie d'un seul et même parti, qui comme par hasard est celui qui détient par la majorité le pouvoir, si dans un premier temps Sofiane Ben Farhat a eu le choix. Il a répondu au désir de son libre arbitre et a quitté la chaine privée dignement. Deux jours plus tard, il se retrouve congédié par le dg de la radio privée. Ce dernier, dans un communiqué de presse, dément les accusations de Sofiane Ben Farhat en annonçant que la décision était prise deux jours avant ladite émission, suite à une grave altercation entre eux marquée d'insultes et d'insolence. Une tentative de réconciliation entre les deux protagonistes a eu lieu hier dans un plateau en direct sur Shems Fm. Si le Directeur Général s'est montré posé et calme, notre confrère remonté par cette kyrielle d'injustice, la grève de la faim était nerveux et susceptible. La tentative a tourné au vinaigre et le débat était ponctué d'invectives et de discorde et s'est achevé par le départ de Sofiane Ben Farhat quia quitté le plateau. Aujourd'hui plus que jamais, il s'agit d'une bataille qui s'annonce longue et laborieuse entre le pouvoir en place et la presse. Le premier veut s'approprier l'autre comme du temps de l'absolutisme pour en faire un tremplin qui cacherait sa face hideuse et ferait miroiter une vérité fausse et erronée. L'autre réclame son indépendance et son impartialité après de longues décennies sous le joug du bourreau. Quand les plumes se sont déliées et se sont affranchies, l'information n'est plus cadenassée et l'on tremble au trône. Comment s'en débarrasser ? Le mode d'emploi est simple : les faire taire par l'intimidation, les poursuites judiciaires, le licenciement…