* Ce Dimanche, annonce de la démission du Gouvernement et démarrage du dialogue national * Poursuite des travaux de l'ANC jusqu'au 23 octobre * Un Gouvernement de compétences assisté par une Instance politique * Elections présidentielles les 23 mars et 6 avril, les législatives le 4 mai 2014 Paysage politique tout en ébullition. On s'achemine à trouver en toute hâte, cette-fois ci à une solution qui puisse nous éviter les méandres aux conséquences incalculables du scénario égyptien. Le pays plonge depuis plus d'un mois après l'assassinat du martyr Mohamed Brahmi, le 25 juillet 2013 dans une crise inextricable. Une situation bouleversante qualifiée par le plus grand nombre des partis politiques, comme étant la plus grave vécue depuis la Révolution, sinon depuis l'indépendance selon certains. Plusieurs initiatives ont été avancées pour sortir de la crise. L'initiative de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) est celle qui emporte le plus de soutien et d'intérêt. Même le Front National de Salut qui appelait, entre autres, à la dissolution de l'Assemblée Nationale Constituante au même titre que la démission du Gouvernement, est semble-t-il disposé à prêter le flanc pour cautionner et se mêler à l'initiative de la Centrale syndicale. Le Doyen Yadh Ben Achour, publiciste et spécialiste des théories politiques a présenté hier, sur les ondes d'ExpressFM, une feuille de route procédurale et pratique pour mettre en application l'initiative de l'UGTT. Fort de son expérience à la tête de la Haute Instance de la Transition Démocratique qui avait rédigé et adopté tous les textes juridiques qui avaient permis de conduire la Tunisie vers les élections du 23 octobre 2011, premières élections démocratiques et transparentes en Tunisie. Yadh Ben Achour bénéficie d'une aura après le succès de la première étape de la transition démocratique qui fait de lui un expert écouté par plusieurs politiciens. Sa feuille de route se compose de dix points. 1- Dimanche 1er septembre prochain, annonce officielle de la démission du Gouvernement et démarrage du dialogue national. 2- Jeudi 5 septembre, plénière de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) pour l'adoption d'une loi fondamentale qui stipule que le Gouvernement qui sera en charge de parachever la période transitoire ne sera pas formé conformément à l'article 15 de la loi fondamentale d'organisation provisoire des pouvoirs qui nécessite le vote de confiance de l'ANC. Au contraire, il sera formé sans recourir à l'ANC. Le président de l'ANC sera chargé de former une commission d'experts qui assistera l'ANC pour élaborer la Constitution, la loi électorale et les autres textes juridiques et de procédures. Au cours de cette séance plénière, les travaux de l'ANC seront limités dans le temps. La fonction de l'ANC se limitera à l'adoption de la Constitution et de la loi électorale. La fonction législative de l'ANC sera confiée aux 3 présidents conformément à l'article 7 de la loi fondamentale N°6 et ce, jusqu'à la fin des travaux de l'ANC. Une instance politique sera formée par des représentants de partis politiques représentés au sein de l'ANC et les organisations qui parrainent le dialogue national. Cette instance accompagnera le Gouvernement jusqu'aux prochaines élections. 3- Samedi 7 septembre, l'ANC parachève la composition de l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) et désigne son président. Cette instance entamera son travail immédiatement. 4- mardi 10 septembre, le Gouvernement actuel présente officiellement sa démission au président de la République qui devra l'accepter. Le Gouvernement se chargera de l'expédition des affaires courantes. 5- mercredi 11 septembre le président de la République chargera « la personnalité la mieux indiquée » pour la formation d'un Gouvernement de compétences, conformément à l'avis de l'Instance politique qui l'accompagnera. 6- vendredi 27 septembre le nouveau gouvernement de compétences sera désigné. 7- Entre le 10 septembre et le 22 octobre, l'ANC devra adopter la Constitution et le Code électoral. 8- mercredi 23 octobre, la Constitution sera paraphée et publiée. Les dispositions provisoires seront mises en application. 9- tenue des élections présidentielles en deux tours les 23 mars et 6 avril 2014. Les législatives, le 4 mai 2014. 10- formation du Gouvernement permanent conformément à la nouvelle constitution, après la proclamation définitive des résultats des élections législatives par l'ISIE. Cette feuille de route a l'avantage de la clarté et de la précision. On n'est plus au niveau des déclarations générales de principe. Elle vient au bon moment, surtout qu'avant le week-end, une solution de sortie de crise devra être trouvée. Dans les milieux proches de l'UGTT, l'optimisme est de mise. Les Tunisiens ont besoin de décisions courageuses et d'apaisement à la veille de la rentrée scolaire et universitaire. Les espoirs de l'opinion publique seront-elles satisfaites ? Il faudra attendre les résultats de la rencontre prévue entre la Troïka au pouvoir et le quatuor des organisations nationales parrainant le dialogue national. Cette attente est le lot de notre Révolution qui traîne dans son sillage beaucoup de vicissitudes et contradictions contrastant avec l'espoir suscité au début de son déclenchement.