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La centrale syndicale ménage le chou et la chèvre L'UGTT appelle à la formation d'un gouvernement de compétences, mais ne réclame pas la dissolution de l'ANC
• Pour une évaluation indépendante du texte de la Constitution avant son approbation par l'Assemblée nationale constituante • Appel à la dissolution immédiate des Ligues de protection de la révolution Revirement ? Ennahdha pourrait accepter la formation d'un gouvernement d'union nationale L'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a décidé, lors d'une réunion houleuse de sa commission administrative tenue dans la nuit de lundi à mardi, de réclamer le départ du gouvernement dirigé par le mouvement islamiste Ennahdha après l'assassinat d'un député d'opposition, selon son secrétaire général adjoint. La puissante centrale syndicale n'a pas, toutefois, appelé à la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC), revendication phare d'une grande partie de l'opposition. «L'UGTT a choisi d'adopter une position médiane. Elle appelle à la dissolution du gouvernement dirigé par Ali Laârayedh et à son remplacement par un gouvernement de compétences formé par une personnalité consensuelle », a précisé le secrétaire général adjoint de l'organisation, Sami Tahri. Le responsable syndical a également indiqué que l'UGTT est favorable à une évaluation indépendante du texte de la constitution avant son approbation par l'Assemblée nationale constituante La commission administrative de l'UGTT a, d'autre part, appelé à la formation d'une instance nationale pour enquêter sur les assassinats politiques et le terrorisme et la dissolution immédiate des Ligues de protection de la révolution (LPR) qui sont, selon elle, impliqués dans des actes de violence politique. D'un autre côté, l'UGTT compte relancer son initiative de dialogue national pour rapprocher les points de vue et accélérer le processus de transition politique, aujourd'hui en panne. Solution médiane La centrale syndicale, qui a tenu depuis sa fondation en 1946 à jouer un rôle politique, a ainsi adopté une solution médiane entre les revendications «maximalistes» de l'opposition qui réclame la dissolution de l'ANC et du gouvernement et l'intransigeance du gouvernement qui se cramponne encore à la légitimité des urnes. Le Premier ministre Ali Laârayedh, qui est par ailleurs un dirigeant du parti Ennahdha, avait rejeté lundi les appels à la démission de son cabinet. «Ce gouvernement continuera d'assumer ses fonctions, nous ne nous accrochons pas au pouvoir mais nous avons un devoir et une responsabilité que nous assumerons jusqu'au bout», a-t-il déclaré dans un discours diffusé par la télévision nationale. «Nous pensons que l'Assemblée nationale constituante [ANC] achèvera le code électoral le 23 octobre prochain", a-t-il affirmé, estimant que 80% du travail en vue de l'adoption de la Constitution avait déjà été effectué. Sur un ton très ferme, M. Laârayedh s'est aussi dit prêt à en appeler au peuple. «Nous n'en avons pas appelé à la rue par souci de l'intérêt public mais s'il le faut nous demanderons son choix au peuple par référendum», a-t-il ajouté sans préciser quelle question serait posée lors d'un éventuel plébiscite. M. Laârayedh a ensuite assuré que le «gouvernement reste ouvert au dialogue pour améliorer son efficacité», considérant qu'il s'agissait «du seul moyen de trouver des solutions aux problèmes actuels». Gouvernement d'union nationale La position d'Ennahdha aurait, toutefois, évolué hier après la montée des tensions consécutive à l'assassinat sauvage de huit militaires dans une embuscade perpétrée dans les montagnes de Chaâmbi. Des dirigeants du parti islamiste ont laissé entendre qu'ils pourraient accepter l'idée de la création d'un gouvernement d'union nationale. A l'heure où s'écrivaient ces lignes, cette question était en débat au sein du bureau exécutif d'Ennahdha. La création d'un gouvernement d'union nationale a été proposée par Ettakaol. Ce parti de centre-gauche dirigé par le président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfer, a appelé, dans un communiqué publié hier, tous les partis politiques et les organisations nationales à prendre leurs responsabilités vis-à-vis du peuple tunisien en créant un gouvernement d'union nationale «pour préserver la paix et instaurer un climat favorable à la tenue d'élections libres et transparentes». Ce gouvernement aura la charge d'améliorer la situation socio-économique du pays et d'activer la justice transitionnelle, indique le communiqué. Ettakatol appelle, par ailleurs, à ce que la clôture de l'élaboration de la constitution, l'élaboration de la loi électorale, l'adoption de la loi portant sur la justice transitionnelle et la composition de l'Instance supérieure indépendante des élections, soient faits dans un délai ne dépassant pas le 23 octobre 2013.