« C'est par quelque miséricorde d'Allah que tu as été si doux envers eux ! mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur, donc, et implore pour eux le pardon (d'Allah). Et consulte-les à propos des affaires, puis une fois que tu t'es décidé, confie-toi, donc, à Allah. Allah aime en vérité ceux qui Lui font confiance ». (Al Imran – V.159) Lorsque le Prophète Mohamed eut la révélation à travers l'Archange Gabriel, Gibril, les premiers mots que celui-ci lui révéla étaient : « Iqra' qui peut se traduire par Lis ou énonce. Encore sous le choc, le Prophète, troublé, lui répondit : « Je ne sais pas lire ! ». Et Gibril de lui répéter encore Iqra'. Pour avoir la même réponse du Prophète : Je ne sais pas lire ! Gibril enchaîna, alors: «Lis au nom de ton Seigneur Le Créateur. Il créa l'être humain d'une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le très noble, qui a enseigné par la plume. Il a enseigné à l'Homme ce qu'il ne savait pas» (Al Alaq - V.1 à 5). Telle fut, donc, la base de la révélation des enseignements de l'Islam: La connaissance, laquelle ne peut s'acquérir que grâce à la raison. Celle-ci est donc, libératrice puisqu'elle permet à l'être humain, d'évoluer et de dominer ses mauvais et par là, même la mal. En tant que Messager d'Allah, le Prophète qui venait d'avoir la révélation, par ce premier contact avec Gibril a été secoué et alla dans un état fébrile, raconter ce qui lui était arrivé à sa première et fidèle épouse Khadija. Celle-ci, bien qu'inquiète, avait compris que son époux était chargé d'une mission difficile consistant à transmettre un message de paix, de liberté, et de justice dans une société où ces valeurs faisaient défaut à l'époque. Son cousin Naoufel Ibnou Waraka qui était lui-même chrétien et versé dans la religion, lui a confirmé que Mohamed, âgé d'une quarantaine d'années à l'époque fera parler de lui, mais il aura à s'affronter aux chefs des tribus païennes et juives lesquels refusaient toute idée de libération des croyances de l'époque. Les maîtres de la Kaâba, faisaient de ce monument érigé par Ibrahim à l'origine un temple des dieux païens. Les juifs étaient également très solidaires entre eux et vivaient en cercle fermé, n'acceptant aucune intrusion ni aucune immixtion dans leurs affaires internes. Aussi, étaient-ils très redoutables. Le Prophète, usera tout le long de sa mission, de sa sagacité en procédant surtout à la concertation et c'est le moyen le plus raisonnable pour convaincre et éviter les tensions et les effusions du sang. Et c'est ce qu'il lui a été demandé entre autres, aux termes des versets suscités. En effet, c'est une mise en garde contre l'usage de la force. Celle-ci ne peut que tourner à la violence. Cette mise en garde adressée au Prophète est un exemple pouvant concerner toute personne ayant une quelconque responsabilité ; qu'il s'agisse d'un chef religieux ou politique. L'usage de la force par un chef ou un responsable afin d'imposer ses seules idées et agir en dictateur ou en despote ne peut qu'aiguiser la colère de ceux qu'il entend diriger ou leur imposer ses seules directives. Cette attitude mène aux tensions, aux divisions et à la discorde, comme le confirment les versets précités. Le grand exégète, Cheikh Tahar Ben Achour, souligne dans son ouvrage « Attahrir Wattanouir » que les tribus arabes étaient connues à l'époque pour être des durs, n'hésitent pas à s'affronter avec tous ceux qui agissent à leur égard par la violence ou la contrainte. Quant à la concertation, le cheikh Ben Achour a sur le point fait remarquer qu'elle est interprétée différemment selon les rites. Pour les Malékites, l'usage de la concertation n'est pas limité au Prophète mais par extension à tous les chefs ou gouvernants musulmans. Pour d'autres, la concertation est limitée au Prophète, et ses compagnons, réputés pour leur droiture et leur abnégation mais l'interprétation généralisant la concertation est la plus suivie par la majorité des exégètes et des ulémas. Le Prophète a souvent recouru à la concertation à toutes les occasions, en période de guerre comme de paix. Ainsi, il s'est concerté avec ses compagnons avant la bataille de Badr, ou de Uhud. Les quatre califes qui lui succédèrent avaient, procédé de la même manière que lui, mais ils s'affrontèrent à beaucoup de difficultés.