La coopération tuniso-française et le partenariat dans les domaines politique, économique et sécuritaire, de même que les moyens de les hisser au niveau des aspirations des deux peuples amis ont été au centre de l'entretien, jeudi après-midi, au Palais de Carthage, du président de la République provisoire, Mohamed Moncef Marzouki, avec le président français François Hollande, qui entamait une visite d'Etat de deux jours en Tunisie. Selon un communiqué de presse de la Présidence de la République, l'entretien a permis au président Hollande de prendre connaissance de l'évolution du processus de transition en Tunisie et des paliers franchis par le pays pour le réussir, notamment l'élaboration de la nouvelle Constitution. Les deux présidents ont échangé les vues sur nombre de questions d'intérêt commun. L'entretien s'est déroulé en présence des ministres des Affaires étrangères des deux pays. Au cours d'une conférence de presse tenue à l'issue de cet entretien, les deux présidents ont évoqué lesdéveloppements politiques en Egypte, le dossier syrien et les perspectives des relations tuniso-françaises.
Hollande : « La France doit être aux côtés de la Tunisie, sans ingérence, mais tout simplement en amitié » « Ma visite en Tunisie doit marquer une confiance, un engagement et une relation exceptionnelle entre la France et la Tunisie », a affirmé, hier, le président français François Hollande. « La France doit être aux côtés de la Tunisie, sans ingérence, mais tout simplement en amitié, car la France est l'ami du peuple tunisien », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse conjointe avec le Président de la République provisoire Moncef Marzouki. « Pour être au niveau de l'amitié que je proclame, il convient que la France montre un partenariat exemplaire sur les plans politique, sécuritaire et économique avec la Tunisie », a-t-il précisé. A cet égard, il a souligné l'engagement de la France à soutenir et à accompagner le processus de transition en Tunisie qui, a-t-il dit, va aboutir à l'adoption d'une Constitution et à l'organisation d'élections. « Sur le plan de la sécurité, nous devons également apporter à la Tunisie ce qu'elle demanderai, dans le respect de son indépendance » a-t-il ajouté. Abordant le volet économique, Hollande s'est dit pleinement engagé à démontrer, à cœur, tout au tout au long de sa visite que les entreprises françaises font confiance à la Tunisie. A cet égard, le Président français a rappelé que 1300 entreprises sont déjà installées en Tunisie générant près de 125 mille emplois. Toutefois, la relation économique, a-t-il indiqué, doit s'élargir à de nouveaux domaines, tels que le développement urbain, les nouvelles technologies et l'énergie mais aussi dans des domaines traditionnels à l'instar du tourisme. « Le soleil est ici en Tunisie », a suggéré Hollande aux Français qui n'ont pas vu le soleil, depuis longtemps en France, rappelant que plus d'un million de français viennent chaque année passer leurs vacances en Tunisie, ce qui représente, à ses yeux, une marque de confiance. De son côté, le président Marzouki a tenu à affirmer que l'appui de la France compte beaucoup pour la Tunisie qui, a-t-il dit, « restera l'ami de la France et des Français ». « Les relations tuniso-françaises ne sont pas uniquement des relations d'intérêt mais elles revêtent, également, une dimension humaine, culturelle et spirituelle », a-t-il indiqué. Evoquant les retombées des derniers événements en Egypte, Marzouki et Hollande ont été unanimes à affirmer que « la situation en Egypte diffère de celle en Tunisie ». « Ce qui se passe dans ce pays est un échec et un processus qui s'est interrompu », a estimé Hollande qui a affirmé que la France se trouve dans l'obligation de faire en sorte que le peuple égyptien puisse retrouver espoir dans la démocratie, le pluralisme et l'organisation d'élections libres. En Tunisie, “la transition est aussi bien maîtrisée qu'organisée, et ne manquera pas de devenir un modèle dans la région”, a-t-il précisé. Pour Marzouki, le scénario égyptien ne peut pas se reproduire en Tunisie qui, selon lui, « dispose d'une armée républicaine », rassurant que le peuple tunisien n'est pas divisé pour aller s'affronter.
Marzouki : Les derniers événements en Egypte ont démontré la justesse du processus emprunté par la Tunisie Les derniers événements survenus en Egypte sont venus démontrer la justesse du processus emprunté par la Tunisie, tout comme ils sont venus inciter le pays à améliorer ce procesus, à en accélérer la cadence et à parvenir à un plus large consensus socio-politique, a affirmé, hier, le président de la République provisoire Moncef Marzouki. « Ces événements nous interpellent, aussi, à permettre, de nouveau, au peuple, d'exercer sa souveraineté et à mettre fin à la phase transitoire », a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse qu'il a donnée conjointement avec le président français François Hollande. Le peuple Tunisien, a-t-il poursuivi, est appelé, plus que jamais, à conforter son adhésion à ce processus qui, malgré les différends, a réussi à préserver l'unité de l'Etat et la cohésion sociale ». « Il s'agit là d'une soupape de sécurité contre les dangers qui guettent notre pays en cette phase transitoire délicate », a-t-il lancé. Selon Marzouki, l'ingérence de l'institution militaire dans les affaires politiques et dans le fonctionnement des établissements civils est un acte rejeté dans les législations internationales et africaines, dans la mesure où elle risque d'amplifier la crise politique et d'élargir la vague de violence et d'extrémisme. L'Egypte, a-t-il estimé, aurait du élargir la légitimité électorale à une légitimité consensuelle qui, selon lui, est la seule garante de l'unité du peuple. A cet égard, il a formé l'espoir de voir les Egyptiens parvenir, dans les plus brefs délais, à un consensus politique et appelé les Egyptiens à faire preuve de retenue et à réunir les conditions de réussite de la réconciliation nationale et de la passation du pouvoir à une autorité civile démocratiquement élue. Marzouki a tenu à exprimer sa préoccupation face à l'amplification de la situation en Egypte, marquée notamment par l'arrestation des journalistes et des politiciens et la fermeture des établissements médiatiques, exhortant, à ce propos, « les autorités égyptiennes en place à protéger l'intégrité physique et morale du président Morsi et des membres du gouvernement égyptien ».