Les travaux de la Commission de suivi du dialogue national initié par l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et parrainé par elle et trois autres grandes organisations de la société civile, l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA), la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH) et le Conseil de l'Ordre des Avocats, sont arrivés à un blocage pour enfin de compte revenir à la case départ et se consoler de quelques vétilles de résultats qui ne répondent pas aux espoirs escomptés. Boubaker Bethabet secrétaire général du Conseil de l'Ordre des Avocats, précise au Temps, que le dialogue a abouti à certains résultats, « concernant la Cour Constitutionnelle, le Conseil supérieur de la magistrature qui sera dénommé Conseil Supérieur du pouvoir judiciaire et il sera composé à moitié de magistrats élus. L'autre moitié sera formée en moitié de magistrats désignés pour leur qualité et de personnalités ne faisant pas partie du corps des magistrats. ». Toutefois, les partis représentant le Front populaire pensent autrement. Pour eux il n'y a pas eu de progrès intéressant. Ils ont décidé de suspendre leur participation pour des consultations internes. Les autres partis les ont imités. Ainsi, tous les partis politiques ont décidé de suspendre leur participation au Dialogue national. Les parties organisatrices ont décidé, pour leur part, de revenir aux secrétaires généraux de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, l'Ordre des avocats et l'UTICA. Cette décision de suspension a été prise parce que les partis politiques estiment qu'il ya tergiversations à travers des réunions qui traînent en longueur sans devoir aboutir aux résultats escomptés. Aucune réunion n'a eu lieu sans les représentants de Front populaire. Boubaker Bethabet, ajoute que « les quatre organisations parrainant le dialogue ont engagé des pourparlers qui peuvent déboucher sur la tenue d'une réunion extraordinaire avec la présence des premiers responsables des partis, sinon appeler à la tenue d'un autre congrès national de dialogue à l'instar de celui du 16 mai dernier ». Aux dernières nouvelles, lors de la réunion entre les formations parrainant le dialogue national, il a été décidé d'inviter les premiers responsables des partis qui avaient suspendu leur participation, à une rencontre où ils décideront des mécanismes pratiques pour la réussite du processus de dialogue. Le comité de suivi reprendra ses travaux en fin de semaine. Jilani Hammami, porte parole du parti des Travailleurs et membre de la direction du Front populaire, confirme au Temps que « le Front populaire a suspendu sa participation aux réunions. Après sept rounds de discussions, 30 à 40 heures de dialogue, nous avons constaté que le dialogue n'a pas atteint ses objectifs. Il a été convenu de consacrer un chapitre à part à la Cour Constitutionnelle. Un accord a été trouvé à propos du pouvoir judiciaire. C'est infime par rapport à ce qu'attend l'opinion publique. Beaucoup de points de divergence persistent pour demeurer en suspens. Plus de 14 jours de négociations pour une mièvre fin ! Le dialogue est devenu une perte de temps et une manière de créer des illusions chez le peuple tunisien. C'est pourquoi, nous avons dit à nos partenaires que nous nous retirons pour des négociations au sein de du Front ». Jilani Hammami, se désole que le dialogue n'ait pas abouti à grand-chose et rappelle qu'il est toujours pour le dialogue « pourvu que les choses soient claires. Le dialogue n'est pas un objectif en soi ». Il faut dire que le dialogue avec ou tout simplement en présence d'Ennahdha n'a jamais été chose facile. D'ailleurs, Issam Chebbi, porte-parole du parti Al-Joumhouri, déclarait dernièrement sur les ondes de ShemsFM, que son parti a eu une expérience qu'il qualifie « d'amère avec le Mouvement Ennahdha. « Onze partis avaient signé le Document de la Transition démocratique. Le principal article de ce document stipulait que la transition démocratique devrait durer une année seulement. Après les élections et pour d'autres calculs intéressant la Troïka, cet accord signé avait été éliminé ». A l'époque on avait taxé cet accord de simple arrangement moral et politique. Pour beaucoup d'observateurs, Ennahdha donne l'impression qu'elle se suffit des accords de Dar Dhiafa et qu'elle ne fait que tourner au tour du pot pour gagner du temps. Elle pratique, lors des négociations, la tactique du bord du gouffre. Cette tactique de négociations consiste à laisser trainer les choses jusqu'à la dernière seconde, pour ne consentir que le minimum de concessions. Et pourtant, tout le monde s'accorde à dire le consensus est bien nécessaire, car un référendum ne sert personne et divisera davantage la société, chose qui ne peu qu'être nuisible pour toute la classe politique.