. Moktada Al Sadr gèle les activités de sa milice pendant six mois Le Temps-Agences- Le Premier ministre irakien Nouri Al Maliki s'est rendu hier dans la ville sainte de Kerbala où, selon lui, le calme est rétabli après des affrontements entre groupes chiites qui ont fait 52 morts et provoqué l'évacuation de centaines de milliers de pèlerins. L'imam chiite Moktada Al Sadr a pour sa part ordonné à ses partisans de l'Armée du Mehdi de suspendre leurs activités pendant une période de six mois. Le jeune imam radical a également décidé de fermer pour trois jours toutes les permanences de son mouvement. "Premièrement, gelons les activités de l'Armée du Mehdi, sans exception, pour la restructurer de manière à préserver ses principes, et ce pour une période maximale de six mois", a déclaré hier Hazim Al Araji en donnant lecture d'un texte signé de l'imam Sadr. Dans la nuit de mardi à hier, les violences entre chiites se sont propagées au-delà de Kerbala. Des hommes armés ont attaqué dans au moins cinq villes du pays des locaux du puissant Conseil suprême islamique d'Irak (CSII), parti chiite, dont certains ont été incendiés. Le gouvernement irakien a envoyé des renforts avant-hier à Kerbala. Dans un communiqué, Maliki a imputé ces violences à "des bandes criminelles illégales issues des vestiges du régime enseveli de Saddam". "La situation à Kerbala est maîtrisée, des renforts militaires sont arrivés et des unités spéciales de la police et de l'armée ont été déployées dans toute la ville pour éradiquer ces assassins et ces criminels", a-t-il dit dans un communiqué. Il a ordonné le limogeage du général Salih Al Maliki, chef du centre de commandement de Kerbala, et l'ouverture d'une enquête sur ces incidents, selon un porte-parole du ministère de la Défense. Des fusillades sporadiques, et parfois nourries, ont continué à résonner après l'aube autour des mausolées de l'imam Hussein et de l'imam Abbas dans cette localité située à 110km au sud de Bagdad et considérée comme l'un des principaux lieux saints des Chiites. Les sirènes des véhicules de police et des ambulances ont retenti à travers la ville tandis que la police ordonnait par haut-parleurs aux pèlerins de quitter le vieux centre. Les combats, qui ont éclaté lors du pèlerinage marquant l'anniversaire de la naissance au IXème siècle de Mohamed Al Mahdi, derniers des 12 imams vénérés par les chiites, ont fait 52 morts et 206 blessés avant-hier, selon un responsable de la sécurité à Bagdad. Le directeur de l'hôpital Hussein de Kerbala a pour sa part rapporté que son établissement avait reçu 34 cadavres et 239 blessés. Un responsable du service de presse des mausolées a déclaré qu'ils avaient été légèrement endommagés par les fusillades. Comme d'autres événements religieux annuels, ce pèlerinage à Kerbala offre à la majorité chiite d'Irak l'occasion d'effectuer une démonstration de force après sa répression par le régime de Saddam Hussein. Un imposant dispositif de sécurité avait été déployé pour parer à d'éventuelles attaques de la part d'extrémistes sunnites. Les affrontements semblent en fait avoir opposé deux factions chiites rivales, avec d'un côté les miliciens de l'Armée du Mehdi et de l'autre, le CSII, qui contrôle la majeure partie des forces de police dans le Sud. "Où est le gouvernement? Il n'y a pas de gouvernement irakien, parce que ces pèlerins ont été tués à Kerbala, entre les deux sanctuaires", s'emportait hier Kassim Salman, l'un des milliers de pèlerins qui ont fui la ville, à son arrivée en car à Bagdad. Des policiers ont rapporté que des hommes armés avaient incendié dans la nuit des locaux du CSII dans le quartier de Khadimia, à Bagdad, ainsi que dans la ville sainte de Koufa, à Iskandaria et dans le secteur d'Al Hamza, dans la province de Babil. Un autre QG du CSII a essuyé des tirs de lance-roquettes RPG dans le centre de Nadjaf, grande ville sainte chiite. Selon des policiers, cinq personnes ont été tuées dans des affrontements entre ces milices à Bagdad et six autres ont péri dans l'attaque contre le bâtiment du CSII à Al Hamza.