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Assassinat du militant Chokri Belaïd
Témoignages
Publié dans Le Temps le 08 - 02 - 2013


Demain, à qui le tour ?
Il n'est plus. On ne verra plus son visage souriant et ses critiques fondées et annoncées au public sur un ton ironique. On l'a assassiné froidement, lui, la figure de proue, vaillante et militante de la Tunisie postrévolutionnaire. On a volé la vie à Chokri Belaïd parce qu'il détenait trop de vérités que certaines figures obscures tiennent à occulter, parce que ses déclarations publiques éclairaient l'opinion publique, dérangeaient et alimentaient la haine de ses ennemis au point de le menacer de mort, au point de lui ôter la voix et le faire taire à jamais.
C'est le second assassinat politique prémédité que connait la Tunisie, après celui de l'intrépide militant Farhat Hached. Un tournant historique qui marque au fer rouge notre Histoire collective moderne et ouvre une ère, pour le moins que l'on puisse dire, angoissante et traumatisante pour les Tunisiens, jamais habitués à des actes pareils et à des assassinats armés de sang froid.
Le Temps a collecté quelques déclarations d'hommes politiques tunisiens appartenant à l‘opposition, la classe ciblée d'homicide depuis un bon moment.

Maya Jribi, membre du bureau exécutif du parti Républicain
«Acte lâche et inhumain !»
«C'est un homme courageux qui se savait la cible de certaines forces obscurantistes. Je dénonce ce gouvernement qui n'a pas su ni voulu protéger la société tunisienne de cette violence progressive et qui était amplifiée de jour en jour. Le gouvernement savait que Chokri Belaïd était menacé comme d'autres personnalités politiques. Le gouvernement a appelé il y a trois jours la libération des criminels qui ont assassiné Lotfi Naghedh. Le gouvernement a encouragé et a fermé les yeux sur ces phénomènes violents menant le pays au chaos et à cette tragédie. Le minimum requis c'est le limogeage des ministres de l'Intérieur et de la Justice. Nous allons nous concerter sur le remaniement du gouvernement et sur les perspectives parce qu'il s'agit de sauver le pays des dangers qui le menacent.»

Mondher Bel Haj, parti Nida Tounes
«Je suis en deuil.»
«Je ne pourrai donner de déclarations. Je ne trouve guère les mots pour décrire ce que je ressens. Les temps sont durs et l'ont est tous en état de choc. On a perdu tragiquement un ami et un compagnon de militantisme. Je suis en deuil. Ma douleur est grande. Excusez-moi, mais je préfère m'abstenir de parler. Que Dieu lui accorde sa miséricorde. On doit prendre le flambeau.»

Hamma Hammami, le porte-parole du Front Populaire
«J'ai perdu un ami, un allié. Ma douleur est immense ! Mais on continuera la lutte ! Chokri Belaïd n'est pas mort !
«Je suis en deuil. Je viens de perdre un frère, un ami, un allié. Chokri Belaïd est le martyr de la parole libre, de l'opinion libre. Il l'a payé cher. On a tenu à le réduire au silence à tout jamais. Il était la voix du citoyen oublié par tant de gouvernements. Il défendait la cause du misérable, du pauvre, du Tunisien marginalisé. Son assassinat prémédité ouvre grande ouverte une nouvelle ère de violence politique que la Tunisie n'a jamais connue ! Tuer froidement un militant qui était un fervent défenseur de la condition catastrophique dans laquelle le Tunisien s'enlisait, c'est tuer la classe populaire la plus démunie. L'auteur de ce crime abominable le paiera ! Le gouvernement, de par son laxisme et sa nonchalance, a incité à cet assassinat ! Il en porte la entière responsabilité ! Nous sommes entrés dans une autre phase de notre Histoire. On se doit de redoubler la lutte contre les forces obscurantistes qui envahissent notre Tunisie. S'ils croient nous faire peur en tuant mon regretté frère Chokri, qu'ils se détrompent ! Je tiens à leur dire : Chokri Belaïd n'est pas mort ! Aujourd'hui, on est plus que déterminés à lutter et à réduire à néant ces fauteurs de trouble ! On continuera le combat en hommage à Chokri et à notre pays !»

Issam Chebbi, élu à l'ANC et membre du parti Républicain
«On est passé au règlement de comptes armés ! Il le savait !
«La Tunisie est choquée par le meurtre de l'une de ses figures politiques militantes les plus populaires et aimées. Une personnalité politique de l'Opposition vient d'être cruellement assassinée. Un homme qui ne faisait que défendre avec ferveur les droits de l'Homme et dénoncer les manigances de certains politiques. Il a longuement milité pour la cause des plus faibles. Notre regretté Chokri Belaïd a tiré la sonnette d'alarme à plusieurs reprises quant à la violence politique qui a commencé à envahir le pays. Pas plus tard que la veille de son assassinat, il a donné une conférence de presse et était invité à Nessma Tv pour appeler le gouvernement à prendre des décisions sérieuses et radicales face à cette vague de violence et d'agressions. Ce dernier avait laissé courir en toute liberté ces prédicateurs qui appelaient à la tuerie. Les fauteurs de trouble n'ont jamais été arrêtés ni punis. Pis encore, le Majlis Choura donne raison aux tueurs de Lotfi Nagadh et les considèrent même comme victimes ! Aucune mesure de sécurité ou de loi n'a été appliquée. C'est un feu vert donné à ces énergumènes radicalistes. Maintenant, c'est la seconde victime qui tombe. C'est devenu un règlement de comptes via des armes. Il s'agit de personnes qui commencent à ressentir leur faiblesse, leurs failles et qui, pour les camoufler, préfèrent réagir par la violence au lieu de se remettre en question et de tendre la main à l'Opposition pour sauver le pays.
Chokri savait pertinemment que la classe politique de l'Opposition est ciblée par cette vague de violence. Il n'a cessé d'en parler jusque la dernière déclaration publique qu'il a faite la veille de son meurtre. Il m'a appelé 48 heures avant son assassinat pour me parler de l'urgence d'un congrès national contre la violence politique. Aujourd'hui, la Troïka est la responsable de ce qui s'est passé !»

Saïd Aydi, membre du bureau exécutif d'Al Joumhouri : «Chokri Belaïd a été assassiné sur la base de ses idées, de son militantisme et de ses valeurs»
«Que Dieu bénisse, d'abord, Chokri Belaïd et lui accorde toute sa miséricorde. Je tiens à présenter toutes mes sincères condoléances à sa famille et à tous les Tunisiens. Ce crime est un crime contre la Tunisie. Ce n'est malheureusement pas une surprise, aujourd'hui. C'est la conséquence de la violence politique qui sévit au pays depuis des mois face au laxisme du gouvernement. On voit que c'est un crime planifié. Un crime qui est venu après de graves évènements. Depuis des mois que l'Opposition appelle au dialogue, à la neutralité du ministère de l'Intérieur et la responsabilité et pleine et totale du gouvernement, des partis au pouvoir aujourd'hui et la Troïka qui ne sont pas capables de protéger un homme politique comme Chokri Belaïd et bien d'autres. On voit de plus en plus des appels au crime qui restent impunis, dans les mosquées, sur les réseaux sociaux et maintenant on est passé au crime. Quoique cela fait un bon moment que l'on est passé au crime avec la mort de Lotfi Nagadh à Tataouine et bien d'autres. Tous ces évènements ne sont autres que la conséquence d'une politique défaillante.
«Aujourd'hui, c'est des lignes rouges sang qui ont été franchies avec le meurtre planifié d'un homme politique comme Chokri Belaïd!»
Là, la cadence a augmenté. Il se passe tellement de choses graves qu'on a du mal à les énumérer. On atteint le paroxysme de la bêtise humaine et de la violence politique. Ces gens-là veulent nous amener vers les ténèbres ! Je fais porter cette responsabilité au gouvernement, à la Troïka et aux partis qui sont au pouvoir aujourd'hui. Il suffit de regarder le communiqué qui est sorti du parti Ennahdha, il y a quatre jours, à propos de ce qui s'est passé à Tataouine, les lignes rouges de la moralité sont largement dépassées ! Aujourd'hui, c'est des lignes rouges sang qui ont été franchies avec le meurtre planifié d'un homme politique comme Chokri Belaïd! C'est un homme qui a été assassiné sur la base de ses idées, de son militantisme et de ce qu'il porte comme valeurs et comme volonté d'accompagner cette transition démocratique à laquelle nous avons tous appelée. Le 6 février 2013 est un jour noir pour la Tunisie et ça le restera. Le jour qui a connu l'assassinat du martyr non pas de la révolution mais de la Tunisie au même titre que Farhet Hached. Ceux qui sont derrière ce crime auront un jour ou l'autre à payer. Les décisions qu'on a prises n'ont même pas eu à être débattues. Une grève générale le jour des funérailles et que ces funérailles soient nationales. Une suspension de notre appartenance à l'ANC de tous les députés de la classe démocrate progressiste et la dissolution de ce gouvernement, qui, démontre aujourd'hui, de manière tragique son incapacité à gouverner le pays et d'assurer la sécurité des citoyens.»


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