Tunis-Le TEMPS - Elle n'a jamais imaginé être trahie par son amant, son aîné de quatre ans, qui lui aurait donné un somnifère pour consommer sa virginité. «Pourquoi mon histoire d'amour a-t-elle fini mal ?», s'est demandée la jeune fille dupée qui s'est assise à côté de sa mère dans la salle d'audience de la chambre criminelle. Elle se souvient de tous ces moments qu'elle croyait roses. Elle se souvient de cet après-midi, il y a sept ou huit mois, quand elle venait de sortir de chez elle à destination de la société où elle est employée. Elle n'a jamais oublié cette voix douce qui lui chuchotait à l'oreille un salut pas comme les autres. « Je m'appelle Ali, je suis ravi de te parler ». Lorsqu'elle l'entendait, elle faisait semblant de l'ignorer. Elle ne jetait même pas un regard sur cet homme derrière elle. Elle poursuivait son chemin, la tête baissée. Le jeune homme l'a abandonnée et a emprunté le chemin opposé. Le lendemain, elle l'a croisé une fois encore au même endroit et au même moment et lui a chuchoté les mêmes mots. Armée de patience, elle continuait à maintenir le silence. A pas lents, elle s'est enfin tournée vers lui pour le regarder. Elle lui a souri comme pour lui dire : « Me voilà, je t'écoute !». C'est la première fois qu'il apprenait son prénom. Elle, par contre, connaissait le sien. Pressée d'aller à son travail, elle ne lui a pas accordé beaucoup de temps. Elle a, toutefois, accepté de le rencontrer le soir après la sortie de son emploi. Vers 18 h, dès sa sortie, elle le remarque de loin et lui sourit. Il était plein de joie, il allait même sauter de bonheur comme un petit enfant qui venait de recevoir des bonbons. Motorisé, il lui a proposé de prendre un café sur l'avenue Bourguiba de la capitale. Elle a gardé le silence. Mais, elle est tout de même montée dans la voiture. Elle n'a pas pipé mot tout au long du chemin. Elle se contentait uniquement d'écouter. Il lui en a fait la remarque, d'ailleurs. Mais, elle a continué à garder le silence sans cacher son sourire. Ils se sont attablés dans un café. Il a profité alors pour lui exprimer son amour pour elle dès qu'il l'a vue la première fois. Il lui a révélé son âge, 28 ans, son diplôme en gestion d'entreprise et son emploi en tant que gérant de tous les commerces de son père. Au fil des jours, la relation entre eux commençait à se développer, à se consolider, à devenir très forte. Du moins, c'est ce que la jeune fille naïve avait cru au point qu'elle ne comptait plus le temps passé avec lui. Elle l'accompagnait même, de temps en temps, à son appartement où ils passaient de bons moments sans pour autant passer à l'acte. A chaque fois, il n'hésitait pas à lui exprimer son amour et son rêve de se retrouver avec elle sous le même toit. Des paroles qui la plongeaient dans un océan de rêve. Quelle fille ne rêverait pas d'un beau jeune homme, instruit, élégant, généreux, sympa, disposant d'un petit appartement et d'une voiture, avec, en plus, des poches toujours pleines ? Il incarnait le prince charmant. Quelques mois plus tard, le couple s'est rencontré pour déjeuner dans un restaurant avant d'aller à l'appartement. Ali a mis en marche le lecteur DVD et un CD pour voir un film pornographique. La jeune fille choquée s'est abstenue de le voir et a tourné le dos à l'écran. Son prince charmant a arrêté alors le DVD et est sorti de la chambre à coucher. Un moment plus tard, il est retourné avec deux verres de jus d'orange. Elle l'a bu rapidement comme si elle était assoiffée. Tout d'un coup, elle fut plongée dans un sommeil profond. Quand elle s'est réveillée, il était déjà la fin de l'après-midi. Elle n'a pas cru avoir dormi durant trois heures. Et elle a senti une douleur dans sa partie intime. Que lui est-il arrivée ? Elle a remarqué quelques gouttes de sang sur le drap. C'est quoi ? Elle a réalisé très difficilement qu'elle a été dépucelée. Il lui aurait mis un somnifère dans le jus d'orange ? Peut-être. Mais il l'a nié devant la cour. «C'est elle qui m'a demandé d'aller jusqu'au bout», a-t-il dit face à sa victime. La jeune fille n'a pas nié l'avoir accompagné de son plein gré à maintes reprises à son appartement. «Mais, je ne lui ai jamais demandé de faire quoi que se soit», a-t-elle affirmé à voix basse au juge. En fait, elle ne devait pas s'isoler avec lui. C'est sa seule faute qu'elle a payée chère. L'accusé a été condamné à deux ans de prison ferme.