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Celle qui portait les rêves de sa génération
Destins A la mémoire de Nabiha Jerad, une universitaire
Publié dans Le Temps le 06 - 11 - 2012

Nabiha Jerad, enseignante-chercheuse à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis n'est plus. Elle a été enterrée le dimanche, 21 octobre 2012 après une longue lutte pour survivre à un tragique accident de la circulation.
Ses parents, ses collègues, ses étudiants et ses amis ont perdu en elle une femme attachée au savoir, à son pays et à la vie.

Après l'achèvement de ses études à l'Ecole Normale Supérieure de Tunis, la défunte s'est orientée vers la linguistique et est rapidement devenue une figure connue et reconnue dans ce domaine, alors, bien en vogue à l'étranger et qui avait déjà séduit quelques universitaires tunisiens de renom. Les travaux scientifiques de Nabiha Jerad sont fortement marqués par un attachement aux réalités tunisiennes anciennes et présentes. En témoigne, par exemple, sa très belle contribution à l'ouvrage coordonné par Jocelyne Dakhlia et intitulé ‘'Trames de langues. Usages et métissages linguistiques dans l'histoire du Maghreb'' (Paris, Maisonneuve & Larose, 2004). Dans cet état des lieux des expériences maghrébines séculaires en matière de langues, la défunte avait choisi d'étudier ‘'La politique linguistique dans la Tunisie postcoloniale''. Cette fine analyse foisonne d'idées fécondes et témoigne d'une culture historique remarquable doublée d'une attention aiguë au temps présent.

La sensibilité de la chère disparue à l'actualité linguistique de son pays s'exprime pleinement dans sa contribution, toute récente, au numéro spécial de la revue Eurorient (n° 38, 2012) ayant pour titre ''La Tunisie du XXIe siècle. Quels pouvoirs pour quels modèles de société ? '' et préparé sous la direction du regretté Ahmed Jdey. Aux côtés de plusieurs auteurs tunisiens et étrangers qui ont pris part à cette excellente publication, Nabiha Jerad s'est penchée sur la révolution tunisienne avec les outils de la sociolinguistique dans laquelle elle excellait. Son étude intitulée ‘'La Révolution tunisienne : des mots qui ont fait l'histoire aux enjeux de langues'' mérite de figurer dans les meilleures ontologies relatives au 14 janvier 2011 des Tunisiens.

Dans ses études académiques comme dans ses activités connexes, Nabiha Jerad était fortement attachée à toutes les composantes du patrimoine tunisien, naturel et culturel dans ses volets matériel et immatériel. En ces vastes domaines, tout était, pour elle, important et digne d'être étudié de la manière la plus sérieuse et présenté aux curieux de tout bord, le plus largement possible. Elle ne cessait de répéter à ses amis que, pour elle, l'étude des langues pratiquées en Tunisie, ne valait pas plus que celle de notre Patrimoine archéologique, musical ou culinaire. Fine connaisseuse du Patrimoine tunisien, elle aimait en partager les richesses avec ses nombreux amis tunisiens et étrangers. Dans sa modestie toute naturelle, elle sollicitait assidûment ses collègues historiens et archéologues pour des visites de sites, de monuments ou de musées qu'elle tenait à présenter, de la manière la plus convenable, à ses amis étrangers et aux apprenants qu'on lui confiait.

Membre du Département de français de ‘'La 9 avril'', elle était souvent invitée par des universités étrangères dont celles des Etas-Unis d'Amérique qui lui adressaient, de temps à autre, des groupes d'étudiants en voyage d'étude. En ses occasions qui l'exaltaient, elle avait, disait-elle, toujours une pensée pour la grande majorité des étudiants tunisiens auxquels les horizons de plus en plus bouchés, surtout par la faute des décideurs, n'offrent aucune occasion d'épanouissement ou d'ouverture sur l'Autre. Cette frustration était vécue par la défunte comme une blessure pour laquelle elle n'avait comme remède que son optimisme radical. Le même élan pour l'avenir nourrissait son autre grande ambition relative au statut de la femme tunisienne ainsi qu'aux études qui lui étaient attachées et auxquelles elle a pris part en plus d'une occasion.
Ses collègues et amis de ‘'La 9 avril'', déjà endeuillés, depuis plus d'un an, par la perte de plusieurs collègues de valeur, garderont d'elle l'image d'une enseignante-chercheuse dynamique, affable et débordante de projets pour l'avenir de l'Université tunisienne et du pays.
Par Houcine Jaïdi Université de Tunis


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