Les militants de « Al Jomhouri » sont au rendez-vous, hier à 15h30, au Palais des Congrès. Bien qu'on soit loin du record du « Front Populaire » de Dimanche dernier, leur nombre est assez important et occupent bien la grande salle et les halles du Palais des Congrès. Dès que vous franchissez la porte d'entrée, vous remarquez le dispositif de sécurité impressionnant mis en place, visiblement, la leçon est bien retenue : on est décidé à ne rien laisser au hasard et éviter d'être pris au dépourvu. A 15h30 précises, le bureau politique du parti fait son entrée. Il est chaleureusement accueilli par la foule par des slogans empruntés à la Révolution et l'hymne national. Après ce premier échauffement, place à la musique engagée.
On a commencé par souhaiter la bienvenue aux invités : « Al Massar », « Nida Tounes », La Ligue Tunisienne de la défense des Droits de l'homme, le « Pôle », Ali Romdhane, porte-parole du Parti du Travail, les députés grévistes de la faim Ahmed Khaskhoussi et Mohamed Brahem et les membres de la coordination démocratique, Mohamed Kilani, Abderrazak Hammami et Jawhar Mbarek entre autres. Tout de suite après, Néjib Chebbi monte à la tribune pour prononcer son discours.
Marginalisation et insécurité
« Les inquiétudes du peuple sont dues aux problèmes sociaux et sécuritaires, mais malgré cette négativité, je reste optimiste, car, aussi paradoxale que cela puisse paraître, cette situation dégradante souffle l'espoir, elle permet une prise de conscience chez le citoyen qui ne supporte plus d'être relégué au dernier plan et de ne pas faire l'objet des préoccupations des autorités, commence par dire Chebbi ». Ce ton rassurant est appuyé par l'annonce d'une série de bonnes nouvelles se rapportant à une éventuelle acceptation par « Ennahdha » de la constitution d'un pacte consensuel, de l'agenda et de la haute instance des élections ainsi que de l'élection du président de la République directement par le peuple et du mode du scrutin proportionnel avec toutefois des réserves quant aux meilleures restes, « Ennahdha » propose une autre formule. Cependant, il ne faut pas en rester là, car ces concessions ou plutôt ce volte-face de cette dernière n'est pas venu du néant, il est, bien évidemment, le résultat de l'action menée par l'opposition, ce qui veut dire qu'on ne devrait pas se contenter de ces acquis et continuer la pression pour garantir ceux-ci et en réclamer davantage, soutient Chebbi qui salue l'UGTT pour son initiative. Pour lui, le 23 Octobre sera déterminant sur le plan juridique et politique, mais également, au niveau moral, car il y a un engagement de la part de « Ennahdha » à respecter le délai d'une année.
L'utilité des voix
D'autre part, il souligne que les gens de l'intérieur qui cèdent leurs moyens de subsistance comme le bétail, s'exposent au vol et quittent leurs terres en quête de travail, sont complètement oubliés par les autorités. C'est pourquoi il est indispensable et primordial qu'on leur prête attention, et pour ce faire, l'alternative c'est la mise en place d'un gouvernement de compétences. Les femmes sont les autres victimes de « Ennahdha », selon lui. Tout en plaidant leur cause, il énumère leurs mérites et fait leur apologie : elles se manifestent à toutes les grandes occasions, elles répondent toujours présentes et se positionnent aux avant-postes de tous les combats. « La jeunesse, elle aussi, occupe la première ligne et si nous sommes arrivés à ce stade c'est grâce à elle, mais malheureusement, ces sacrifices et ces prouesses ne sont pas récompensés, affirme Chebbi ». Alors, ils sont invités à s'inscrire dans l'action politique pour remédier à la situation et corriger les choses. « Sachez chers militants que chacune de vos voix est importante pour édifier la voie de la liberté et de la démocratie, entonne-t-il, avant de finir».
Les dérivés de « Ennahdha »
« On va supprimer cette petite particule de coordination « et » entre nous (« Al Massar » et « Al Jomhouri ». C'est par cette phrase que Samir Taïeb, qui relaye Néjib Chebbi, débute son speech, une phrase qui réchauffe les esprits donnant libre cours à leur enthousiasme en criant à plein gosier : « Al Massar Al Jomhouri », réclamant par là la constitution du front élargi avec « Nida » tant souhaité et attendu. A ce propos, Taïeb est rassurant et promets que leur prochaine rencontre sera dans le cadre du front. Après avoir dénoncé la position de Ben Jaâfar se disant insouciant de l'état de santé des grévistes de la faim, il évoque la question du 23 Octobre : « on ne sera pas membres dans leur gouvernement, tout ce qu'on veut c'est que la république bananière prenne fin, il s'agit des acquis des Tunisiens et non pas ceux de « Ennahdha » qui refuse d'inscrire dans la constitution non seulement les droits de la femme, mais même ceux de l'enfance, s'indigne Taïeb. Le président de « Ennahdha », Ghannouchi, qui est très aimable avec les « Salafistes », n'est pas responsable, il considère que les organismes de l'Etat sont des biens personnels qu'il veut conserver par tous les moyens. Le parti au pouvoir a des problèmes avec toutes les composantes de la société civile et politique, cette situation nous fait rappeler l'épilogue de Ben Ali, note-t-il ». Le député termine son intervention par affirmer que les alliés de « Ennahdha » se sont transformés en ses dérivés et que l'intérêt du pays doit prévaloir, il est au-dessus de ceux de tous les partis.