Les employés de Dar Assabah portent plainte contre le directeur général actuel en saisissant la justice pour deux affaires : l'une concerne l'agression commise sur leur collègue Khalil Hannachi et l'autre relative à la dilapidation des biens de la Maison de presse. Une pétition a été signée par les employés et envoyée au Procureur de la République pour exhorter le gouvernement à assumer ses responsabilités et assurer la sécurité des employés contre toute agression présumée.
Les employés de Dar Assabah ouvrent une brèche juridique dans l'affaire de la nomination à la tête de leur Maison de presse qui prend des proportions multiples. L'agression du collègue Khalil Hannachi était la goutte qui a fait déborder le vase. Un acte jugé crapuleux et coupable pour justifier l'appel à la justice lancé par les employés de Dar Assabah. A cela s'ajoute l'affaire du gaspillage d'exemplaires imprimés du journal occasionnant une perte de 40 000 dinars et du tort à l'image de Dar Assabah vis-à-vis de ses annonceurs. Cela a été l'objet d'une conférence de presse organisée au siège de Dar Assabah hier matin.
Sana Farhat, présidente de la section du Syndicat national des journalistes tunisiens à Dar Assabah a précisé que les journalistes sont la cible d'harcèlement et de menaces émanant du directeur général qui ne rate pas d'occasion de faire des déclarations considérées « belliqueuses » et « détonantes » à l'encontre des sit-inneurs de Dar Assabah. La journaliste du Temps rappelle la dernière en date où le nouveau responsable menace de « traîner en justice tous ceux qui s'attaqueront à lui entre médias journalistes et internautes, en leur donnant ce qu'il appelle une bonne leçon de justice » dit-elle en faisant allusion à l'emploi de l'intimidation par la justice auquel a recours le nouveau directeur.
Najet Yakoubi, avocate sollicitée pour l'affaire des pertes matérielles provoquées par l'édition le même jour de deux versions du journal Assabah (30 août) a parlé du bras de fer qui a opposé le nouveau directeur et les employés de Dar Assabah et qui a provoqué bien des dégâts. Rappelons que ce dernier a eu recours aux forces de l'ordre pour empêcher la distribution des exemplaires imprimés et contenant une pétition dénonçant les pratiques de la nouvelle direction. L'avocate a également cité la publication ce jour-là d'une publicité périmée qui nuit à l'image de l'entreprise de presse. Que du gâchis qui en dit long sur ce que l'avocate considère comme « des pratiques rappelant une époque révolue et où les responsables reçoivent des directives qu'ils appliquent à la lettre ». Kamel Laabidi, l'ancien président de l'Instance nationale pour la réforme de l'information et de la communication (INRIC) a évoqué un fait survenu en 1989 où les journalistes de l'agence TAP ont refusé la nomination de Mohamed Hédi Triki un proche de Ben Ali et ont fini par être brimés.
Majed Hadj Ali, avocat a considéré que le sit-in observé par les employés de Dar Assabah est des plus pacifistes car les sit-inneurs ont fait preuve de civisme et se battent pour une cause juste, celle de la liberté d'expression. Me Hadj Ali a considéré que l'agression commise à l'encontre de Khalil Hannachi est une tentative d'homicide prémédité. « Tous les éléments y sont réunis » dit-il. Affaires à suivre.