• Skander Rekik propose la mise en place d'un cadre juridique idoine qui préserve les mosquées de la manipulation politique. • Le président du bureau politique du parti Al Amane appelle au lancement d'un Comité indépendant de gestion des mosquées. • Un contrôle périodique des prêches aidera à éviter la dérive et l'utilisation des lieux de culte à des fins partisanes.
Le jeu de la manœuvre politique et l'utilisation des lieux de culte pour manipuler les masses par le parti Ennahdha; eh bien, on y est en plein de dedans. C'est du moins l'avis personnel de Lazhar Bali le président du parti Al Amane qui fait remarquer que le parti Ennahdha se rue sur les mosquées dès qu'il se rend compte qu'il est dans une impasse. « Le parti au pouvoir est né et a grandi dans les lieux de culte et c'est essentiellement parce que l'expression libre n'était pas permise de par le passé. Maintenant que le parti est propulsé au devant de la scène politique et que la donne a changé il est temps qu'il adopte une autre attitude qui préserve les lieux de culte de la manipulation politique » dit-il lors de la table ronde tenue hier à Tunis autour du thème « Comment peut-on préserver les lieux de culte de la propagande politique ? »
Une question restée en suspens il faut dire, « l'objectif n'étant pas d'y répondre » a avancé Skander Requiq le président du bureau politique du parti qui explique que le fort d'une telle rencontre et d'exposer un fait et d'appeler les partis politiques toutes tendances idéologiques confondues à en parler. Et c'est chose faite. Et quand chacun y va de son propre commentaire on aura droit à des commentaires du genre « il n'ya pas de séparation entre le religieux et le politique. Nous sommes des musulmans et donc notre Etat est islamique. » C'est ce qu'a avancé Mohamed Salah Hidri du parti de la justice et du développement, ou encore du genre « Si un parti se donne la possibilité d'utiliser les lieux de culte à des fins politiques, autant donner ce privilège au PCOT et aux autres partis.» tel qu'a lancé ironiquement Néji Djelloul. Mais tous les intervenants seraient unanimes pour rejeter l'idée de la mainmise d'un parti sur les mosquées, ces lieux étant faits pour la diffusion des valeurs et préceptes de l'Islam. Même si certains conviendraient à dire qu'on ne peut séparer le purement religieux de l'essentiellement politique. « Mais que voulez-vous dire par la séparation entre Etat et religion ? Qu'est-ce qu'on peut entendre par un Etat civil ? Cela nous renvoie à l'idée de la laïcité qui suppose que nous sommes des chrétiens et que nous avons des églises dans notre pays. Cela dit ce concept calqué sur les occidentaux ne peut être plaqué sur notre réalité. » avance Mohamed Salah Hidri. Skander Réquiq du parti Al Amane donne un autre son de cloche puisque lui, tout comme son parti, à référent islamique prônent un Etat civil séparant le politique du religieux. Skander Requiq ira jusqu'à proposer la mise en place d'un cadre juridique idoine permettant de gérer les lieux de culte et de sanctionner les dérives des uns et des autres. Il a appelé également au lancement d'un Comité de gestion des mosquées composé de théologiens modérés et éclairés.
Préserver les lieux de culte non pas du discours politique mais de propagande politique
« Cela dit un prédicateur doit être contrôlé par un comité indépendant pour éviter les dérives. » dit-il. Mais que veut-on dire par dérive ? Elle serait traduite par bon nombre d'intervenants par l'utilisation du parti au pouvoir des mosquées pour la propagande politique, chose qui ne donnera pas les mêmes chances électorales à tous les partis. Et là encore ce serait remuer le couteau dans la plaie. Car selon certains représentants de partis politiques traditionnalistes le politique est une partie prenante du message islamique. « Tout est politique en Islam » dirait-on. « Et un prédicateur peut être nahdhaoui. Tout ce qu'on a fait c'était d'appeler les musulmans à élire le meilleur » fait remarquer un prédicateur et membre d'une association islamique. Sauf que là, il faut saisir la nuance entre le politique dans le message islamique et la propagande politique d'un parti à référent islamique. Car qui dit Ennahdha ne dit pas nécessairement Islam et le parti au pouvoir ne peut en aucun cas en être la représentation. « Le parti islamiste au pouvoir aurait choisi le pouvoir au détriment de l'Islam. » nous confie un intervenant à la sortie de la table ronde. Et là encore on ne le dira pas assez : il s'agit bel et bien d'un l'Islam modéré et tolérant que nous voulons et non pas un Islam dans sa version wahabite auquel appellent certaines âmes mal intentionnées qui se reconnaîtront, certainement.