Néologisme, oxymore, rhétorique...C'est ce que des membres du gouvernement provisoire, à l'instar de Mahdi Mabrouk, ministre de la Culture et Rached Gannouchi, président du Mouvement Ennahdha ont pu présenter aux Tunisiens pour justifier et expliquer les actes de violence qui se sont déroulés en Tunisie au début de la semaine en plus des acteurs qui en étaient derrière. Outre « les Rcédistes, les bandes de criminels, les salafistes extrémistes », comme l'a bel et bien déclaré Rached Ghannouchi, il s'agit en effet, « des extrémistes anarchistes de gauche », qui ont provoqué ces violences, explique le président du Mouvement Ennahdha. Mais ce n'est pas tout. D'autres acteurs s'ajoutent à la liste. Ce sont en fait, les artistes « amateurs et anonymes », selon les propos du ministre de la Culture, qui ont exposé leurs tableaux provocateurs dans le cadre du Printemps des Arts à Al Abdelya à La Marsa. Ces jeunes artistes taxés d'irréligieux, du fait qu'ils ont porté atteinte au sacré ne sont autres que des « salafistes hadathaouiines ». Un nouveau concept inventé par le ministre de la Culture, très inspiré par les événements qui ont secoué la Tunisie à un moment crucial où, l'on se penche sur la rédaction de la Constitution et où, nos élèves passent leur examen du Bac marqué cette année par des fuites scandaleuses. Pourquoi choisit-on toujours, les artistes comme bouc émissaire ? Pourquoi Rached Ghannouchi condamne-t-il les politiciens de gauche et les qualifie-t-il carrément d'extrémistes anarchistes ? En existe-il réellement en Tunisie, alors qu'ils ne représentent que « 0,000 » ? Ces minorités ont-elles les moyens logistiques pour trainer la Tunisie dans cette tourmente de violence que personne ne sait où elle peut nous mener à l'exception de ceux qui l'ont ficelée ?...En concevant ces « concepts », en discordance avec la réalité, les responsables politiques ne font que noyer le poisson. Ils inventent des torts à ceux qu'on veut sanctionner et éliminer de la sphère socioculturelle et politique à commencer par les artistes, pour justifier par la suite la présence d'autres groupes dangereux et violents, notamment les Jihadistes et les membres d'Al Qïda.
Flash back Il suffit de faire un flash back et de se rappeler les événements provoqués avant les élections du 23 octobre, -à l'issu de la projection du film documentaire de Nadia El Fani et de Persépolis- pour parler de modernistes laïques. Il est clair que ces termes imposés par les islamistes ont pour finalité de faire éclater la société tunisienne en plusieurs groupes. Cette stratégie a été adoptée ces derniers jours par les islamistes pour parler d'extrémistes anarchistes de gauche et de Salafistes Hadathaouiines. Tout prétexte est bon quand on veut se débarrasser des artistes et des hommes politiques qui ne partagent pas les mêmes idéologies et les mêmes dogmes.
Concepts Mais, ceux qui ont inventé ces « concepts » oublient que les groupes extrémistes les plus actifs de gauche, à travers le monde, sont connus par le fait qu'ils s'organisent dans des camps d'entraînement et ce, pour maîtriser convenablement les arts martiaux, les techniques des combats de rue en plus des tactiques pour pouvoir réagir face à des actions de police. « La gauche extrémiste anarchiste » tunisienne, comme le prétend Rached Ghannouchi, a-t-elle vraiment les moyens financiers pour atteindre ce niveau de « professionnalisme » ?
En présentant cette explication, le président du Mouvement Ennahdha ne fait que se noyer dans un verre d'eau. Il ne réussit pas dès lors, à convaincre les Tunisiens parce qu'ils ont bien compris -peut être un peut tard- que la manipulation qui a eu lieu sur facebook à partir de dimanche dernier, n'était pas aléatoire. Des séquences vidéo truquées, des tableaux incriminés par le ministre de la Culture alors qu'ils n'étaient même pas exposés au Printemps des Arts...Tout est prémédité pour faire des artistes et des acteurs de la gauche un bouc émissaire et diviser la société tunisienne entre croyants et mécréants. Des tactiques inspirées par des forces étrangères qui transforment la Tunisie en un laboratoire d'essai d'autant plus qu'elles ne veulent plus refaire les mêmes fautes commises en Iraq et en Afghanistan.
Rached Ghannouchi doit ainsi arrêter d'être « sentimentaliste en politique » comme l'a bien qualifié le penseur islamiste Jamal Al Banna pour présenter des faits et des explications concrets sur ce qui s'est passé en Tunisie, et ce pour la simple raison : les Tunisiens ont droit à la vérité.