* Ruée sur les boutiques de marque surtout, sur les hypermarchés, devant les portes desquelles on tenait la queue jusqu'au petit matin...Quant au prix, ils sont à l'image d'une certaine publicité qualifiée de « mensongère ». Hier, mercredi, une heure du matin, premier jour des soldes d'été. La circulation battait son plein sur l'autoroute de Bizerte. Il est même question d'embouteillage à quelques kilomètres de l'hypermarché édifié sur cette voie. Les centaines de voitures avancent à pas de tortue créant ainsi des bouchons. Très souvent le trajet se faisait en quelques minutes alors que les automobilistes ont mis hier soir plus d'une demi-heure pour faire le parcours. Destination commune ; l'hypermarché, là où ils peuvent profiter convenablement des soldes d'été. A pied ou en voiture, des milliers de personnes se précipitaient vers le centre commercial. Des automobilistes ont préféré garer leurs véhicules très loin du centre pour ne pas rater les promotions affichées. D'ailleurs, les habitants de voisinage ont réussi à dénicher des sous en créant des parkings en parallèle. Bâton à la main, ils gardaient les voitures garées sur le bas de chaussée de l'autoroute, même en deuxième position. Aucun agent de police n'était présent sur les lieux pour organiser la circulation.
Des prix toujours exorbitants Attirés par les spots publicitaires, les consommateurs se précipitaient. Les promotions varient entre 20 et 50 % même plus. Elles étaient de l'ordre de 80 % au petit matin. Car plus on progressait dans l'heure, plus les soldes augmentaient. Une idée originale et toute nouvelle qui commence à gagner du terrain d'année en année, puisque trois centres commerciaux ont pris cette initiative cet été contre un seulement lors des rabais d'hiver. Certains magasins débordaient de clients alors que d'autres ont choisi de les accueillir par groupe. De longues files d'attente se tenaient devant les boutiques de marque car, les stores étaient fermés. Jeunes, adultes, dont la gent féminine, faisaient la queue jusqu'à une heure tardive de la nuit. Mais c'était le désordre dans la quasi-totalité des magasins. Les habits étaient entassés sur des étals et les rayons, en leur majorité, chambardés. Les vêtements étaient même jetés par terre. Normalement, les soldes sont organisés pour que les consommateurs puissent faire de bonnes affaires sur des produits en promotion, hors déstockage. Toutefois ce n'était pas le cas en ce premier jour. Le choix était très limité pour ne pas dire qu'il s'agissait de la camelote. Les commerçants exposaient même des habits d'hiver en ce mois d'août. Une veste se vendait à 278 dinars après remise. Car il fallait payer 500 dinars pour l'avoir hors saison des rabais.
Non-transparence, absence d'étiquetage, non-affichage du prix initial et celui final des articles exposés, non-affichage du taux de réduction...constituaient les manquements enregistrés. Il était donc question de promotion mensongère. Les commerçants ont réussi à échapper aux contrôleurs économiques. Nous demandons d'ailleurs où étaient-ils en ce premier jour des soldes ? Les prix n'étaient pas en vigueur. « Tout à 50 %, tout à 47 dinars... », c'est ce qui a été affiché dans la majorité des magasins. Pour ce qui est des stocks, ils étaient liquidés de manière non organisée. Les clients attendaient la marchandise devant le dépôt ne sachant trop ce qu'il y avait dedans. « Je ne sais pas ce qu'ils vont sortir de nouveau. C'est la caverne d'Ali Baba », dit un client faisant la queue devant le dépôt.
Publicité mensongère Les soldes ont fait l'objet d'une large communication et publicités annonçant les niveaux de remises. Cependant la réalité était totalement différente. Les paires de chaussures se vendaient à 120, 150 dinars et même plus. Il était quasiment impossible de distinguer le taux de rabais sur la majorité des articles. C'était en fait « une grande déception », témoigne un client. « Les gens sont laissés totalement à l'abondance. Les vendeurs n'assuraient pas le service sans parler des marchandises défectueuses », proteste-t-il. « C'est n'est plus un solde », ajoute le quinquagénaire qui ne cachait pas son mécontentement de la qualité des produits exposés. « C'est scandaleux », ne cessait de répéter une jeune fille qui quittait le centre commercial, dépitée par la qualité de service et surtout de l'affluence des clients. « Les magasins ont exposé la camelote », d'après Rabiaa. « Nous avons l'impression d'être dans une friperie, d'ailleurs il y a plus de chance de tomber sur des belles choses dans ces endroits que dans ces centres commerciaux », réclame-t-elle. Cependant, il y a ceux qui ont réussi à faire leur compte. En témoignent les rayons vides des grandes surfaces. Il ne faut pas oublier que le rendez-vous fut une opportunité pour des bandes de jeunes qui se sont introduits pour le pic-Pocket et pour soutirer des marchandises des étals. C'était totalement le désordre jusqu'au matin. Les soldes commencent à s'enraciner dans la tradition du consommateur tunisien. C'est un rendez-vous tellement attendu car c'est une occasion pour garnir la garde-robe à des prix réduits. Mais la grande affluence enregistrée hier dans les hypermarchés démontre que le tunisien est aveuglé par la publicité mensongère. Les milliers de clients présents sur les lieux jusqu'au matin en sont contaminés. Ils sont piégés par les affiches d'où l'importance de mieux contrôler le secteur pour faire de cette activité économique une aubaine aussi bien pour les commerçants que pour les clients.