La note de la dette long terme dégradant et recalant la Tunisie de deux crans par Standard & Poor's a provoqué tout un tollé chaudement orchestré sur la scène politique et économique du pays. Remuer ciel et terre pour ci peu, et pourtant, ce n'est qu'une notation. Et comme nous l'a déclaré dans un entretien il y a un mois, Aurélie Martin, Analyste de notation de crédit souverain, Directeur associé (Standard & Poor's) : « Je rappellerais que notre activité est avant tout une activité d'opinion ». On n'aurait pu s'en passer de tout ce branle-bas? Il est évident que les notations des agences de notation restent des références implacables dans le monde des affaires et des investissements, mais il aurait mieux valu surseoir à crier au loup et éviter les discours stériles pour passer à l'action. La même agence de notation Standard & Poor's, vient aussi similairement rétrograder la note de la dette de Cinq banques de la place : deux banques publiques et trois banques privées. Selon l'agence de notation, cette dégradation est une conséquence logique de la dégradation de la note souveraine de la Tunisie. Le ralentissement de l'activité économique, l'accroissement du risque bancaire, le manque de liquidité bancaire, le faible portefeuille clients des banques d'affaires et l'accroissement des crédits accrochés sont les véritables sources instigateurs de la dégradation des notes des dites banques.
Voici les notations :
• la Banque de l'Habitat (BH) qui est passée de ‘BB+' à ‘BB-' avec confirmation de la note «B» à court terme
• la Banque Tuniso-Koweitienne (BTK) ayant passé de ‘BB+' à ‘BB' avec perspectives stables
• l'Arab Tunisian Bank (ATB) qui est passée de la notation ‘BBB-/A-3′ à à ‘BB/B' avec perspective stable. Et donc pas de péril en la demeure.
• la Banque de Tunisie et des Emirats (BTE)qui est passée de ‘BB' à ‘BB-' avec confirmation de la note «B» à court terme
• la Société Tunisienne de Banque (STB), banque publique et premier établissement bancaire du pays, qui est passée de «BBpi» à «BPI».
Par ailleurs et dans le même rapport concernant la notation des banques tunisiennes, Standard and Poor's va jusqu'à subodorer: « qu'un climat d'incertitude politique persistera sur le moyen terme, jusqu'à l'adoption de la nouvelle constitution du pays et l'organisation des prochaines élections, prévues pas avant mi-2013.
Néanmoins et abstraction faite de ces notations et leur sacralité trop élevée, il va sans dire que ces agences de notations sont aujourd'hui très mal appréciées par leur fiabilité à déclasser et rétrograder pratique prêtant au doute et mêlée de suspicion et suscitent toujours la polémique. Les agences internationales de notation sont elles en train de se refaire une nouvelle carapace de sainte-nitouche d'une verginité insoupçonnable? Quel est le degré de leur crédibilité et de leur fiabilité surtout après leur contribution dans l'éclatement de la bulle spéculative en 2008 ? Telles sont les interrogations et les accusations portées à l'encontre des agences de notations, des entités privées qui sont généralement rémunérées par leur émetteurs.