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Bannir la mentalité de ‘Rizq El Bilik', affirme le ministre Mohamed Ben Salem Malversations et mauvaise gestion au ministère de l'Agriculture et de la Pêche
• Seriati disposait de deux tracteurs pour sa ferme de Zaghouan • Le budget du palais de Carthage, pourtant colossal, grignotait ailleurs • Une secrétaire disposait d'une 4X4 et effectuait des missions à l'étranger • La CGCC a bouffé plus de mille fois son capital Lutte contre la mauvaise gestion, les malversations, détournement de fonds, transmission de certains dossiers à la justice, des décisions administratives prises pour remettre les pendules à l'heure… Telles sont, entre autres, les initiatives entreprises pour ne pas dire tout un chantier engagé par le ministre de l'Agriculture Mohamed Ben Salem, en plus du suivi de la saison agricole. La saison agricole s'annonce sous des prémices relativement bonnes. Dans sa première conférence de presse tenue depuis la prise de ses fonctions, Mohamed Ben Salem, en plus des indicateurs chiffrés de la saison agricole, a donné des éclairages forts utiles sur les différents dossiers de malversation et de mauvaise gestion découverts. Sur les 27 dossiers ouverts depuis janvier dernier, 12 à 15 dossiers ont abouti à des résultats. Ils traînent en commun une certaine cupidité et la diffusion de la mentalité de « Rizq Bilik », à bannir selon le ministre. Au sein du Cabinet « des heures supplémentaires étaient accordées de façon incompréhensible », dit-il. Un chauffeur gagnait un pactole faramineux de 895Dinars par mois en heures supplémentaires, et ce depuis des années. Plusieurs ont vu et n'ont pas réagi. Il n'y avait pas que le chauffeur. Une secrétaire touchait, en plus de son salaire, 586 Dinars par mois, depuis des années. « Plus grave encore, ce n'est pas le ministère qui leur payait ces largesses, mais la SONEDE et l'Office de l'Huile », dit –il. Le ministre donnera un autre exemple. Des voitures avec chauffeur transportaient les secrétaires qui travaillent en deux équipes. Une de 7h à 14h et une de 14h à 20h. Il a gardé le chauffeur de 20h. Des 8 voitures de services mises à la disposition du Cabinet, il n'a gardé que quatre. En plus ces voitures devaient demeurer dans le parc après la fin du service. Cette décision anodine a permis de faire passer la consommation de carburant de 2160 litres par mois à 540 litres. C'est une goutte dans un océan, mais elle est symbolique et significative. Le ministre affirme que l'Inspection générale du ministère était une coquille presque vide composée juste de quelques personnes. Il tient à ce qu'elle dispose des moyens humains pour jouer pleinement son rôle dans un ministère composé de 146 Directions générales. Pour les dossiers instruits, le ministre en cite neuf. Le premier est celui de l'entreprise nationale d'amélioration de la race chevaline de Sidi Thabet. Cette entreprise a accusé une perte de 52.000 dinars pour n'avoir pas fait jouer la règle de la concurrence dans la passation de marchés. Des créances de 62.000 dinars, n'ont pas été recouvertes. Ces créances sommeillent chez des « personnalités introduites ». Ce dossier a été transmis à la Cour de discipline financière. A son tour la Direction des forêts qui joue un grand rôle dans la lutte contre les feux et la protection des frontières, n'a pas été épargnée. Les dépassements ont atteint la somme de 6,5 millions de dinars. Le dossier a été transmis au représentant du contentieux de l'Etat. Des opérations louches avaient été découvertes. Cette direction a acheté, pour plus de 100 mille dinars, deux tracteurs qu'elle a mis à la disposition de la ferme de Seriati à Zaghouan. La secrétaire personnelle du Directeur Général disposait d'une grosse cylindrée 4*4 et effectuait des missions à l'étranger. « Elle doit être très compétente », ironise le ministre. Plus grave encore un projet japonais au profit de régions intérieures, comme Kairouan, Seliana et Le Kef, a été amputé de deux milliards et demi au profit du palais présidentiel. Bien que disposant d'un grand budget qui n'était pas discuté au sein de la Chambre des députés, la présidence se permettait de grignoter ailleurs. Par ailleurs, 56 mille dinars de bons d'essence ont été utilisés de façon illégale. Des tonnes de pin d'Alep ont été détruites sans respecter les procédures nécessaires. La Coopérative des Grandes Cultures (CGCC) a « bouffé son capital plus de mille fois ». Elle ne dépend pas uniquement du ministère de l'Agriculture. Elle est aussi sous la tutelle du ministère des Finances. Cette Coopérative doit à l'Office des céréales 247 milliards de millimes. Bien qu'elle soit déficitaire, elle verse le 17ème et 18ème salaire. Des primes pour une enveloppe de 1,8 millions de dinars sont servies aux cadres. Des membres du Conseil d'Administration n'ont pas honoré une dette de 500 mille dinars qu'ils avaient contractée avec leur entreprise qui est arrivée à une situation de ne pouvoir plus payer les salaires. Il a été décidé de démettre les membres de son Conseil d'administration. Un écrit dans ce sens a été transmis au Procureur de la République depuis le 15 mars. Un accord a été conclu avec le ministère de Finances pour la dissolution du Conseil d'administration et la nomination d'une instance administrative provisoire de gestion. Pour résumer la situation de cette coopérative, le ministre évoque deux chiffres. Elle dépense 8 milliards contre 4 milliards de ressources. Son assainissement s'impose. « Au moins, la moitié de son personnel doit être remercié en les dédommageant à la faveur de la liquidation de certains biens. C'est une entreprise qui ne peut survivre dans sa situation actuelle », conclut le ministre. Par ailleurs, dans la Direction générale de protection et de contrôle de la qualité des produits agricoles, un magasinier a pu utiliser des bons d'essence pour 81 mille dinars sous la barbe et le nez de ses supérieurs hiérarchiques qui n'ont pu s'en rendre compte. Est-ce par incompétence ou complicité ? Par ailleurs, 1,2 million de dinars qui devaient servir aux travaux de Conservation des Eaux et du Sol (CES) ont été détournés vers la présidence de la Républiques pour le jardin du président et la Baie des anges. Plusieurs dépassements ont été enregistrés à la Sonède lui coûtant la somme de 38 mille dinars. Le secrétaire général du syndicat bénéficiait, sans droit, d'une prime d'astreinte. Le dossier a été transmis à la Chambre de la discipline financière. Au centre avicole de Ras El Aïn, 265 mille œufs ont été infectés et détruits à cause de défaillances de gestion. Le Directeur du Centre a bénéficié indûment de 9,4 mille dinars. Des dépassements ont été enregistrés au Commissariat régional de développement Agricole (CRDA) à Bizerte. Certains agents occupaient des logements appartenant au ministère de l'Agriculture et se permettaient le culot et le luxe de construire sur le même terrain des maisons pour leurs enfants. Un grand laisser aller est constaté. Des ouvriers affectés au parc du CRDA de Bizerte vont exercer comme maçons pour construire la maison du Chef. Les responsables ont été démis de leurs fonctions. Le Conseil de discipline tranchera. La directrice générale de la Société Tunisienne Avicole, s'est octroyée une augmentation injustifiée de salaire de l'ordre de mille dinars par mois. En 4 ans elle a empoché 31 mille dinars. Elle a justifié cette augmentation par le fait que des ministres lui avaient, verbalement, promis cette augmentation. Par ailleurs, un ancien haut responsable au sein de l'UTAP, est encore redevable de la somme de 69 mille dinars à l'entreprise. D'autres dossiers sont encore à l'étude. Hassine BOUAZRA Belguessem Hésa