La France juge que le plan du médiateur Kofi Annan est aujourd'hui «fortement compromis» et veut un déploiement des observateurs de l'ONU sur le terrain «sous quinzaine et pas dans trois mois», a déclaré hier le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. «Les choses ne se passent pas bien, le plan Annan est fortement compromis, mais il y a encore une chance à cette médiation sous condition d'un déploiement rapide des 300 observateurs sous quinzaine et pas dans trois mois», a-t-il dit après avoir reçu à Paris des opposantes syriennes. Le 5 mai, date du prochain rapport de Kofi Annan, représentera «un moment de vérité», a estimé le ministre. Si la mission de l'ONU «ne fonctionne pas, on ne peut pas continuer à se laisser défier par le régime» et il faudra «passer à autre chose pour arrêter la tragédie», a-t-il ajouté. «Le régime de Damas ne respecte pas les engagements qu'il a pris. La répression se poursuit, les observateurs ne peuvent pas travailler sur le terrain, cela ne peut pas durer indéfiniment», a poursuivi Alain Juppé, qui venait de parler au téléphone avec Kofi Annan pour lui réclamer un déploiement d'observateurs très rapidement. Le ministre a reçu Rima Flihane, écrivain vivant en Jordanie et représentante des Comité locaux de coordination, Souhayr Atassi, militante de l'ONG Instance générale de la révolution, qui vit en France depuis l'automne, et Samar Yazbek, écrivain alaouite, qui vient de publier «Feux croisés, Journal de la révolution syrienne ». Selon ces opposantes, qui veulent une solution politique, le plan Annan est «une initiative condamnée à l'échec ». A propos de la Russie, fidèle alliée de Damas, Alain Juppé a relevé que ce pays avait accepté la mission Annan et un déploiement d'observateurs. «J'espère qu'ils (les Russes) feront le constat que c'est le régime qui bloque. J'espère que leur position évoluera à la lumière de ce qui se passe sur le terrain. C'est le régime qui réprime» et l'opposition qui se défend comme elle peut, a-t-il estimé. En Syrie, un groupe d'observateurs de l'ONU a visité hier la ville rebelle de Douma, dans la banlieue de Damas, où deux personnes ont été tuées par des tireurs embusqués, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). On ignore si les deux personnes ont été tuées avant ou après la visite. Douma, une ville de 100.000 habitants, a été le théâtre régulier de violences depuis le début du mouvement de contestation en mars 2011, réprimé dans le sang par le régime syrien. Quinze observateurs sont désormais déployés en Syrie, selon un responsable de l'équipe de l'ONU, Neeraj Singh. Deux sont basés à Homs et deux autres à Hama, Deux villes du centre de la Syrie où ont eu lieu de violents combats entre forces gouvernementales et rebelles. Le reste de l'équipe est basée à Damas.