TikTok supprime les comptes de Sputnik suite aux sanctions américaines    Météo - Tunisie : fortes pluies durant la nuit et la journée du lundi 23 septembre    Tunisie: 60 mille enfants sont inscrits dans 2040 Kottab (écoles coraniques)    Pluies attendues dans plusieurs régions, cette nuit (INM)    C3 —2e tour préliminaire retour—Stade Miloud Hadhefi d'Oran (18h00): USMA-ST: 90 minutes pour vivre    Site archéologique de Bulla Regia: Le savoir-faire des bâtisseurs romains    Ligue1 – 2e journée – match de rattrapage – CA-JSO (Radès – 16h30): Lancer sa saison    JSO: Un déplacement court, mais difficile    Classement des banques par nombre d'agences    Pourquoi: Le photovoltaïque…    Rentrée scolaire: Un semblant de retour vers l'école publique !    France: Deux franco-marocains dans le gouvernement de Barnier    Sommet de l'Avenir et Assemblée générale des Nations Unies: Le ministre des Affaires étrangères à la tête d'une délégation tunisienne    Campagne électorale pour l'élection présidentielle: Début tiède, en attendant le crescendo    Cap sur les énergies propres    Commerce maritime: Pour que nos ports ne naviguent plus à vue    Grand reportage – Chine: Le sourire d'une petite fille, dans le village de Yueyahu    France – Première déclaration contestée du nouveau ministre de l'Economie et premières critiques en vue    Nizar Ben Neji met en avant son bilan de progrès technologiques en Tunisie    ISIE: La participation aux séances d'expression directe exige la présence du candidat en personne    L'ex-chef du gouvernement marocain : La normalisation avec Israël n'a plus de justification morale    Ouerdia (Tunis) – Braquage à l'arme blanche d'une agence bancaire: Les deux assaillants arrêtés    Mes Humeurs: Lectures d'automne 1    Chroniques de la Byrsa: Triste sort d'une glorieuse cité    Le chanteur et écrivain Florent Marchet à La Presse: «Mon prochain roman sera inspiré de mon séjour en Tunisie»    Le capitaine de l'équipe nationale dénonce le soutien du gouvernement marocain au génocide en Palestine    Tunisie – Ben Arous : Arrestation d'un takfiriste pour appartenance à une organisation terroriste    Les équipes de campagne de Zammel et Maghzaoui appellent à stopper la révision de la loi électorale    Elections présidentielles en Tunisie : La participation aux émissions de campagne nécessite la présence des candidats    US Monastir contre l'Etoile du Sahel et l'Espérance face au Stade Tunisien en direct sur Al Kass    Visas Schengen : La visioconférence et appel vidéo pour les Marocains    Mohamed Ali Nafti présidera la délégation tunisienne au Sommet de l'Avenir à New York    Meurtre d'un élève à Mégrine : la justice émet trois mandats de dépôt    Les clubs tunisiens prêts à briller en Afrique : découvrez les chaînes et horaires    Basket Ball: Le chant de l'hymne national tunisien est obligatoire avant chaque premier match    Communiqué du Ministère des Affaires étrangères : La Tunisie dénonce fermement le bombardement du Liban et exprime son soutien envers son peuple    TOP 10 des pays les plus passionnés de football au monde    Prévisions météo : plus de pluie et des températures en baisse dans les prochains jours    UNIMED : Des résultats semestriels solides avec un bénéfice en hausse de 13%    A quoi sert la partie bleue des gommes ?    Attaque contre des moyens de communication : Explosions simultanées d'un millier de bipeurs au Liban, des questions et peu de réponses    Assemblée générale des Nations Unies : La Tunisie vote en faveur de la résolution de la CIJ    Dattes tunisiennes : 874 millions de dinars de recettes d'exportation    Maroc : Plus de 150 personnes poursuivies pour incitation à l'immigration clandestine    « Golden Bachelor » sur M6 : l'amour n'a pas d'âge pour être ringard    Jaou Tunis 2024 : 7e édition sous le signe des Arts, résistances et reconstruction des futurs    Compétitions officielles des JCC 2024 : Prolongation des délais d'inscription des films candidats    Mare Nostrum Voice Festival : un événement unique avec 25 artistes et hommage à Yasser Jradi à Paris    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Rien de bon ne se fera sans réhabilitation des victimes de la dictature
Justice transitionnelle
Publié dans Le Temps le 16 - 03 - 2012

Les initiatives concernant la justice transitionnelle n'ont pas l'air de s'essouffler et continuent de plus belle en Tunisie. Des concertations sont engagées entre avocats, experts étrangers et militants des Droits de l'Homme, mais rarement avec les victimes de tortures, emprisonnements et autres violations sous la dictature. Toutefois, l'association Liberté et Développement Regueb avec l'appui de Freedom House, a fait l'exception, hier en commençant par faire parler les victimes pour les associer au processus de la Justice transitionnelle.
Les témoignages de représentants des victimes appartenant à plusieurs générations ne laissaient pas indifférent par leurs caractères émouvants. Kaddour Ben Charaïet, originaire de Bizerte, ancien prisonnier suite à la tentative de complot de 1962, a adressé un message à tous les dictateurs, pour leur dire en substance que « les jours sont longs » et qu'ils ne « doivent pas se leurrer».
Salah Hachem, militant des Droits de l'Homme, de l'association Liberté-Equité, ancien militant d'Amnesty International et un des fondateurs de la Ligue des Droits de l'Homme à Sousse, a déclaré : « J'ai retenu de la dictature et de la période postrévolutionnaire que le militant est une bougie qui éclaire le chemin pour les autres».
Abdedaiem Ettoumi, de l'association tunisienne de soutien des prisonniers politiques dira que « la mauvaise période et les souffrances subies par le peuple devraient servir d'opportunité à saisir par les prochaines générations. Il faut élargir les points communs et limiter au strict minimum les points de divergences pour dépasser l'étape actuelle. L'avenir est nécessairement meilleur que le passé. Le temps passe vite et le monde avance rapidement ».
La dignité suppose la réhabilitation
Ezzeddine Ben Askar de l'association Karama, rappelle une citation d'El Jahedh, selon laquelle « l'homme est un animal souriant » et précise qu'avec le sourire il avait déstabilisé ses tortionnaires. Toute action entreprise aujourd'hui, vise l'avenir, car « une larme versée ne revient jamais à l'œil ».
Fethi Zabâar, Directeur de Freedom House Tunisie, précise que les voix des victimes sont là pour éviter que les violations et les atteintes aux Droits de l'Homme se répètent. Elles doivent être au cœur de la justice transitionnelle. Elles appartiennent à différentes régions du pays et à plusieurs époques historiques.
Fethi Ammouri, président de l'association « Liberté et Développement », rappelle que son association est née à Regueb, une ville qui a beaucoup donné à la Révolution de la Dignité avant le pain. « La dignité suppose la réhabilitation des victimes de la dictature et le non-retour au passé ». Pour atteindre le stade de la liberté effective, il faudra se débarrasser des blocages du passé. La participation des victimes au processus de justice transitionnelle est une condition fondamentale pour la réussite de ce processus. Il précise avec pertinence qu'il « ne faut pas se libérer des geôles de la dictature pour intégrer les geôles de la haine ». Une opportunité historique existe, pour faire participer toutes les parties, la société civile et les régions intérieures. « Il faut trouver une formule tunisienne pour la Justice transitionnelle ».
Une nouvelle lecture d'une page noire
Mohsen Sahbani, chargé du dossier de la Justice transitionnelle au sein du ministère des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, affirme qu'il s'agit d'un dossier prioritaire. Au moment de la création du ministère, certaines appréhensions ont été exprimées par la société civile. L'approche du ministère, repose sur le fait que le dossier n'intéresse pas uniquement une seule partie. Il concerne aussi le Gouvernement qui a pris la décision politique engageant ce processus. L'Assemblée nationale constituante est à son tour impliquée et doit promulguer une loi concernant ce processus. Il intéresse aussi la société civile et les victimes de la dictature qui sont la colonne vertébrale de la Justice transitionnelle. Une page pénible de l'histoire du pays a été lue de façon unilatérale où les héros étaient considérés comme des criminels. « Pour ne pas échouer dans la transition démocratique, il faut une nouvelle lecture de cette page. Une unanimité s'est dégagée pour que cette lecture couvre toute la période séparant les deux Constituantes. Plusieurs experts étrangers considèrent que les possibilités de réussite sont réelles. Le ministère a opté pour une vision participative et consensuelle », dit-il. Une conférence nationale sera organisée au mois d'Avril prochain pour lancer un débat national sur la question pour définir une conception tunisienne de la Justice transitionnelle. Le conférencier rappelle que deux éléments font l'originalité de l'expérience tunisienne. Au lendemain de la Révolution, il n'y a pas eu des actes de pendaison pour se venger des bourreaux. En plus les victimes de la dictature se sont regroupées dans des associations qui les encadrent et en font une force de proposition. Au ministère, les victimes de la dictature sont considérées comme l'élément le plus important pour la réussite de la justice transitionnelle.
Bilan annuel des libertés
D'ailleurs, l'idée de la rencontre d'hier fait suite à une initiative des victimes, elles-mêmes.
Lisa Davis, experte des affaires juridiques internationales à Freedom House, commence par citer un ancien prisonnier politique en Tchécoslovaquie Vaclav Havel, devenu président, qui avait dit peu de temps après la Révolution du velours :»Nous sommes maintenant entrés dans le tunnel à la fin de la lumière ». Elle rappelle que Fredon House a été créée en 1941 par Roosevelt pour soutenir la Démocratie à travers le monde. Depuis 1976, cette association dresse un bilan annuel des libertés dans le monde, dans lequel la Tunisie n'était guère brillante et était mal classée durant des décennies. « Contre toute attente, tout a changé en 2011 », dit-elle. Elle appuie la participation des victimes dans le processus de justice transitionnelle et rend hommage à la position du ministère dans ce domaine. Elle rappelle que la démocratie, repose essentiellement sur le respect de la loi. L'action de la société civile est très importante. Plusieurs rencontres ont été organisées en Tunisie sur les mécanismes de la transition démocratique dans le monde. Il a été question du travail de la Commission d'investigation, de vérité, de réconciliation, de compensations, de procès équitables, de mise à niveau du corps sécuritaire et de la justice et de mémoire…L'apport des victimes est essentiel. Les Nations-Unies considèrent depuis 2010, que « toute transition démocratique réussie place les victimes de la dictature dans une position centrale ». La compensation est nécessaire pour que les violations ne se répètent plus. « Le processus doit être juste couvrir tous les intéressés », dit la conférencière, en ajoutant qu'une société démocratique reconnait son passé pour pouvoir avancer. Nobel ne disait-il pas : « S'il y a quelque chose à reconnaître c'est bien le passé ».
Pour réussir de telles initiatives, les associations de victimes doivent travailler de concert.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.